L'engagement politique et financier de l'Algérie dans sa lutte contre le cancer et dans la protection et la promotion de la santé des citoyens se poursuit. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a dans ce sens annoncé, jeudi, la mise en place d'une instance nationale de prévention et de lutte contre le cancer. Et l'évaluation de ses résultats sur le terrain sera assurée par la présidence de la République.

Dans un message lu par le conseiller à la présidence de la République, Mohamed Seghir Saâdaoui, au nom du président de la République, devant les participants au 22e Congrès de l'Association médicale arabe contre le cancer (AMAAC) et au 15e Congrès d'Oncologie, tenus au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif Rahal , jeudi dernier, M. Abdelmadjid Tebboune a affirmé que cette initiative contre le cancer sera soutenue par tous les moyens financiers nécessaires» . Et ce «en y consacrant dès à présent 70 milliards de DA, à partir du Fonds national de lutte contre le cancer». Et de faire savoir que «le Fonds national de lutte contre le cancer bénéficiera de 30 milliards deDA à partir de 2024 dans le cadre de la consolidation annuelle de ses ressources, en plus des autres affectations au titre du budget de l'Etat». Dans une déclaration faite au «Le Quotidien d'Oran», le Pr Adda Bounadjar, désigné par le président de la République, à la tête de l'instance nationale de lutte contre le cancer, en compagnie d'une équipe de spécialistes du domaine, a affirmé que l'initiative nationale annoncée par le président est une feuille de route présidentielle qui vise à atteindre des objectifs bien précis.

Cette initiative, précise-t-il, repose sur la mise en place d'une instance chargée de la prévention et de la lutte contre le cancer qui sera constituée de plusieurs professeurs en Oncologie. En soulignant «on va mettre en place des commissions et des sous-commissions pour la concrétisation de plusieurs axes et des actions à entreprendre dans la cadre de cette feuille de route».

Le premier axe concerne l'état des lieux des cancers en Algérie. Le deuxième axe comprend la prévention, le diagnostic précoce et l'amélioration du parcours du patient. Le troisième axe repose sur le développement de la recherche en Oncologie.

Le président de l'instance de lutte contre le cancer a affirmé que l'annonce phare du président de la République est l'augmentation du budget du Fonds national de lutte contre le cancer qui bénéficiera de 30 milliards DA à partir de 2024, tout en utilisant la recette du fonds qui est de 70 milliards de Da. Le Pr Bounedjar a affirmé que cette initiative présidentielle constitue en fait une nouvelle étape dans l'accélération de la lutte contre le cancer en Algérie. Le cancer est en augmentation constante et effrayante, «nous sommes aujourd'hui à 60.000 nouveaux cas chaque année et on s'attend à une augmentation des cas de cancers entre 90.000 et 100.000 nouveaux cas d'ici 2040». L'initiative présidentielle repose beaucoup plus, cette fois, sur la prévention, le diagnostic précoce et la lutte contre les facteurs de risque. Et de déplorer le fait que les patients algériens arrivent aux structures de santé avec des cancers à un stade avancé «au stade 3 et 4». En précisant avec des stratégies de préventions et de diagnostic précoce fondées, on peut réduire la mortalité de 15 à 20%». Le Président Tebboune a annoncé la «mise en place d'un vaste plan qui permettra, dans un premier temps, à plus de 2,2 millions de femmes âgées entre 40 et 45 ans de bénéficier d'un dépistage du cancer du sein». Ajoutant que ces efforts se poursuivront au cours des trois prochaines années pour l'étendre aux autres tranches d'âge, ce type de cancer étant le plus fréquent.

Le Dr Ali Chams Eddine, professeur du département d'Hématologie-Oncologie à l'hôpital de l'Université américaine de Beyrouth a affirmé à notre journal que la lutte contre le cancer, notamment dans le monde arabe, doit reposer sur la prévention et la formation du personnel médical pour une meilleure prise en charge des patients. Il ajoute que la réussite des stratégies de prévention et de lutte contre le cancer exige l'unification des efforts mais surtout le financement. Il a qualifié l'initiative présidentielle de très importante : «rares sont les pays dans le monde arabe qui consacrent des budgets aussi importants dans la lutte contre le cancer» souligne-t-il.

«Orienter les investissements électronucléaires vers l'usage médical»

Le président de la République a mis l'accent dans sa lettre lue par son conseiller, sur la nécessité d'orienter les investissements électronucléaires vers l'usage médical, dans le cadre de la Recherche scientifique. Et de promouvoir la production nationale de médicaments anticancéreux et d'associer les intervenants en matière de prévention et de lutte contre le cancer. Précisant que cette initiative ou cette stratégie, vise entre autres à en finir «définitivement» avec la pénurie et le manque de médicaments destinés à cette catégorie, ajoutant qu'un «système numérique sera mis en place pour définir les besoins en matière de médicaments et assurer une bonne distribution grâce à toutes les facilités prévues».

Le président de la République a également souligné la nécessité d'assurer «une meilleure répartition des centres de lutte contre le cancer au niveau national, notamment en termes de radiothérapie, de maladies du sang et de pédiatrie». Il a fait savoir, en outre, qu'il sera procédé à la numérisation des fichiers relatifs aux patients cancéreux afin de les relier au registre national d'état-civil pour «gagner en précision».

Le Président Tebboune a enfin souligné que le «système de lutte contre le cancer bénéficiera d'un programme national de recherche associant les ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé, l'Académie algérienne des Sciences et des Technologies (AAST) et l'Agence nationale de Sécurité sanitaire (ANSS)».