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L'amour-propre
est l'une des expressions les plus utilisées car elle marque le jugement qu'a
la personne envers elle-même et signifie aux autres sa détermination à ne pas être
humiliée ou insultée. Elle est très ambiguë dans sa structure lexicale. Propre
indique l'appartenance «à soi» mais aussi l'adjectif qualificatif.
Un amour peut-il être sale ? Dans ce second cas, cela pourrait être une manière imagée de signifier que la personne ne peut franchir le cap de la décence, sans salir la réputation et l'honneur d'une autre. C'est une expression qui a de multiples équivalents, si nombreux qu'on a l'impression qu'elle essaie de montrer les multiples limites à ne pas dépasser aussi bien que sa pudeur à se cacher derrière autant de synonymes. On dit «fierté», «rejla», «honneur» et bien d'autres mots. Dans les différentes langues du monde il y a mille et une allusions, paraboles ou métaphores pour signifier l'amour-propre. Mais l'amour-propre a-t-il ses limites ? Peut-on raisonnablement en avoir lorsqu'on doit nourrir ses enfants, obtenir un médicament, une faveur des plus vitales ou sauver une personne en danger ? Absolument pas car l'amour-propre, de soi, serait un mépris ou une mise en danger des autres. Le limiter n'est alors plus un amour-propre bafoué mais une empathie envers les autres, une preuve d'humilité en dissimulant sa blessure, son sentiment d'être humilié. Dans la mythologie grecque, il y avait déjà une théorisation de la dualité de l'amour-propre, celle que nous retrouvons de nos jours. Les uns pensaient que l'amour-propre qui avait pour objectif d'obtenir une satisfaction personnelle était immoral. D'autres, comme Aristote, affirmaient que l'amour pour les autres devait passer par l'amour de soi puisqu'il en est un prolongement. Les choses se compliquent avec un troisième mot qui vient rajouter aux nuances, c'est l'ego de l'être humain. Il consiste à avoir une représentation valorisante de soi, à travers le regard et les jugements des autres. Le mot égoïsme n'est-ce pas celui qui fait croire à une personne qu'elle est au milieu de toutes les attentions et des admirations et qu'elle est ainsi dispensée du partage ? N'est-ce pas le cas où l'ego est atteint lorsqu'un jury de sélection rejette le candidat, lorsqu'un article n'est pas publié dans un journal ou lorsqu'une indifférence répond à un acte ou une parole ? Le caractère néfaste de l'ego dépend alors de son degré de visibilité volontaire auprès des autres. S'il se caractérise par une manifestation d'humeur auprès de la société, nous sommes dans le travers précédent de l'amour-propre. Mais il peut être passager et s'assimiler à une vexation, à condition qu'elle ne laisse pas de trace profonde et qu'elle ne s'expose pas. Amour-propre ou égoïsme ? Tout cela dépend finalement du regard des autres et de leur sentiment à l'égard d'une personne. Les mots ne sont que l'expression de l'humanité, ils sont donc aussi complexes qu'elle ne l'est. |
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