Pour les
uns, elle était un honneur et une dignité, pour les autres, elle n'est qu'un
intérêt dit géopolitique. La « cause palestinienne » était un temps le ciment
d'une certaine cohésion du monde arabe. C'était un temps où la lutte des
peuples dépassait le slogan de marketing et le discours creux. Le mouvement
progressiste de l'époque, le non-alignement, le nouvel ordre mondial, la fougue
tiers-mondialiste emballaient mondialement toute une frange éprise
viscéralement des idéaux de paix et de liberté. La «cause» en était le fer de
lance. Maintenant, elle semble se dresser tel un élément séparateur notamment
au sein de la décision des Etats arabes et musulmans. En ces années-là, la «cause» était une affaire de tous, sans angle
de vue ethnique ou religieux, avant qu'elle ne soit devenue presque une chose
exclusivement arabe et islamique. Avec l'artifice des droits de l'homme, le
besoin crée pour une nécessaire protection l'ardeur à demeurer au pouvoir, la
voie de la normalisation commençait à planter le décor et indiquait déjà les
panneaux d'orientation vers le Camp David et ses périphéries. Voilà que l'un
après l'autre tend à se mettre en chaîne d'attendre l'accréditation de ses
lettres de créance. Le jeu est biaisé d'avance. Il est même rigolo malgré
l'horreur qui déchire un peuple et honteux au vu de l'alignement perfide des
normalisateurs. La terrible machine de la propagande occidentale, déferlante et
enivrante, avait réussi à faire montrer les leaders d'alors en véritables
dictateurs. Tous ceux qui avaient osé refuser l'obédience et l'agenouillement
sionistes ou outre-atlantique étaient vilipendés
auprès même de leurs populations. On leur berçait la vie des casinos, des
dancings, de la bouffe, du coca que ces minables campagnes de volontariat ou
ces villages socialistes. Ce sentiment est toujours en éveil chez certains
crédules à posteriori. Nasser, Boumediene, Saddam, Kadhafi, pour ne citer
qu'eux, ne sont plus de ce contexte et leur gabarit ne se mesure plus. Les deux
derniers cités ont fait les frais de cette machiavélique
machine d'endoctrinement et puis le finish criminel.
Pourtant
toutes les causes pour lesquelles on les avait accusés sont encore de mise. Où
voyez-vous la démocratie et ses douceurs, le progrès et ses saveurs, les droits
de l'homme ? Rien. Pis encore. Une option en étude et réalisation, une mise au
pas avec service après-vente. S'ils ne sont plus là, ces fous de leur temps,
chacun d'eux est cependant réincarné dans le corps de chaque Palestinien, à
défaut de l'être dans la carrure d'un chef arabe charismatique. Certains diront
que les conjonctures ne sont plus les mêmes, que les positions naissent selon
la circonstance. Mais un arbre, tout de même peut changer selon les saisons de
feuilles, d'écorce, jamais de racines. La paix ne viendra ni de négociations à
deux sous ni de résolutions onusiennes de trois fois rien. Seuls quelques pays
encore debout et à cheval sur la sacralité de la cause, l'Algérie en tête,
continuent à croire en sa justesse et en son légitime combat.