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Le rappel à
un souvenir lacérant, non lointain, n'est pas soutenable quand nous parvient la
triste nouvelle de l'enlèvement, vendredi dernier, de 35 personnes d'une
université, au cœur du Nigéria. L'événement dramatique s'est produit dans un
temple du savoir d'une puissance économique africaine. On se demande quel sens
accorder à la puissance et au savoir quand la vie humaine ne vaut plus un sou.
On ne peut échapper à un énorme désarroi quand la réflexion amène à se figurer
dans quel état dramatique, seraient les victimes, leurs proches et leurs
familles.
L'insoutenable sauvagerie humaine, si tant est qu'une sauvagerie peut être humaine, ne connaît pas de retenue pour pourfendre tous les espaces. Le banditisme se ligue au terrorisme pour que les existences perdent leurs sens. La violence se présente dans le monde entier, tantôt en polyèdre, tantôt en hydre pour que l'espèce humaine perde sa raison d'être. Le lot des agressions multiformes est si lourd qu'il est à se demander quelles sont donc ses nouvelles lois, outrageusement apparentes, que le monde s'impose pour emprunter les itinéraires qui mènent à la folie. L'erreur serait de croire qu'elle est une exclusivité africaine et qu'elle ne se manifeste que par l'étalage du sang. Elle est le legs des variétés des misères insupportables qui annihilent la noblesse et la raison humaine. Les snipers de Baltimore ou d'Atlanta ont le même profil que le terroriste de la Somalie, du Bénin ou du Burkina Faso. Leurs élans mortifères et leurs outils dévastateurs sont les mêmes. Leurs déraisons sont identiques pour que la déperdition humaine soit consommée. Violenter ou tuer l'autre, c'est aussi violenter et se tuer soi-même. Contrairement à l'homme, l'espèce animale a la faveur de ne pas disposer de ce penchant vers le suicide. Elle est épargnée par les insidieux trocs pervers dans lesquels les hommes excellent de plus en plus. |
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