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Vérité et certitude

par El Yazid Dib

Échec ou opportunité ? Encore de la logorrhée qui coule à propos de ce conglomérat réuni en bloc. Pour les uns, c'est une gifle et ils prétendent à sa vérité, pour les autres, c'est autre chose, une aubaine, un appel à aller, pour voir sa face vers son miroir. Les deux se disputent la vérité et la certitude.

D'Aristote aux philosophes des réseaux sociaux, la notion de «vérité» s'est mêlée dans des manuscrits, édits, posts et fake-news.

Tout le monde s'accroche à sa vérité, la défend et la hisse au rang d'un constat irréprochable. Presque indiscutable.

Dire la vérité c'est tout simplement ne pas travestir une réalité. Et c'est, à bon propos, cette réalité, sujette à avis personnel qui crée le quiproquo.

S'abstenir de «la» dire ce n'est forcément pas mentir, mais c'est la détourner, l'éclipser. Cependant prendre tel fait ou telle évaluation de fait pour une vérité et tenter de l'imposer comme telle n'est qu'une gageure de l'esprit. A l'exemple de vouloir convaincre quiconque qu'un tel club est meilleur, qu'un tel président est performant, qu'une telle situation économique est florissante ou tout bonnement leur contraire. Quel que soit l'exposé des motifs, ça reste toujours un intime sentiment pas plus qu'une conviction individuelle.

Le problème est ainsi, que chacun prétend prendre son avis comme vérité absolue tout en déniant à l'autre tout avis contraire. Comme l'on tend parfois à opposer la vérité au mensonge et faire tout pour ramener toutes les logiques possibles et les raisons imaginables afin d'argumenter sa «vérité».

Et c'est ainsi que chacun de nous s'installe, qui par orgueil, qui par entêtement dans la prison hermétique de ses propres certitudes. Ce sont, en fait, ces certitudes personnelles, basées beaucoup plus sur des passions, désirs, ego ou idéologie qui tiennent leur auteur captif et l'illusionnent qu'il est dans la bonne vérité. Alors que rien n'est sûr et l'on n'est sûr et certain, pratiquement de rien. Tout est relatif et aléatoire. Souvent ce qui te paraît comme vérité aujourd'hui, peut devenir le lendemain autre chose. Pas nécessairement une contre-vérité, mais un défaut de justesse ou un manque d'analyse. La vérité reste le plus souvent chez certains, une opinion qu'ils conçoivent selon ce qu'ils disposent comme éléments constitutifs immédiats. La vérité ne se construit pas. Elle est là, unique et incapable de se définir différemment. D'autres la voient plusieurs. Il n'y a aucun doute, toutefois que le soleil se lève à l'est, que la mort est inévitable, qu'Alger est la capitale de l'Algérie. L'on ne sera face à une certitude de «vérité» que lorsque l'exactitude le prouve. Affirmer que Sétif est une ville propre ou sale n'est pas une «vérité» c'est un point de vue.

Et tout ce que je viens de dire à mon tour, n'est qu'un modeste avis qui semble être pour moi une vérité apparente à laquelle j'adhère sans pour autant en être assuré. Je présume qu'il y a d'autres avis autrement à émettre. C'est justement cette multiplicité d'avis qui nous éloigne de la bonne adresse de dame vérité. Oublions nos «vérités» et gardons de côté nos «certitudes» pour penser à notre présent (ce).