|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«Aborder le rôle des acteurs extérieurs pour
s'attaquer aux causes de l'instabilité politique du Sahel, cela comprend la
promotion de la transparence et dela responsabilité
dans les relations internationales et la garantie que les acteurs externes ne
compromettent pas la souveraineté des Etats concernés».
La recommandation figure parmi de nombreuses autres dans un document intitulé : «Données et tendances récentes au Niger et au Sahel» produit par le cabinet STRATEGIES basé à Douala, au Cameroun, «spécialisé en leadership et management» sur la base de données collectées le 7 août 2023. «L'actualité africaine est marquée par la situation au Niger qui connaît depuis le 26 juillet 2023 un coup d'Etat dont on ne sait pas encore quelle sera l'issue. Cette situation s'inscrit dans une tendance observée, ces trois dernières années, dans les pays voisins. Pays qui ont en commun avec le Niger d'appartenir à la zone sahélienne et de faire face à un péril terroriste croissant. Cette zone sahélienne est également le lieu d'affrontement entre les puissances occidentales et les puissances émergentes qui souhaitent rallier l'Afrique, à une démarche de redéfinition de l'ordre du monde», constatent ses rédacteurs. Sous le titre «Dynamique de la violence dans le Sahel en 2022», il est rapporté que «Trois zones, le centre du Mali, les Trois-frontières et le centre-nord du Burkina Faso, subissent plus de la moitié (55%) des événements violents dans la région. Cela souligne l'importance du centre du Mali en tant que base et de région de préparation pour attaquer les zones voisines (...)». Constat effrayant, «le nombre de décès dus au terrorisme dans le Sahel africain a augmenté de 2.000% en 15 ans. Quatre des 10 pays les plus affectés par le terrorisme dans le monde sont dans le Sahel, Niger-Nigeria-Burkina Faso-Mali. Le Sahel est la région la plus touchée représentant 43% des décès dus au terrorisme mondial en augmentation de 7% par rapport à 2022. Le Burkina Faso et le Mali enregistrent, à eux seuls, 73% de morts dus au terrorisme dans le Sahel et 52% en Afrique subsaharienne. Le Niger «un partenaire clé de l'Occident» L'on relève que la région abrite «les groupes terroristes qui se développent, le plus rapidement et qui sont les plus meurtriers au monde. Le terrorisme dans le Sahel est devenu l'épicentre de la terreur mondiale». Avec une densité de 24, 4 millions d'habitants et une superficie de 1.267.000 km², le Niger est présenté «géographiquement» dans le document comme «le plus grand pays d'Afrique de l'Ouest. Sur le plan économique, le pays est riche en uranium. Cependant, la population du Niger est régulièrement classée comme ayant le niveau de vie le plus bas au monde. Sur le plan politique, il a été considéré comme un exemple de relative stabilité démocratique ces dernières années, alors que ses voisins, le Mali et le Burkina Faso, ont déjà succombé à des coups d'État militaires. Sur le plan stratégique, il accueille des bases militaires française et américaine et est considéré comme un partenaire clé dans la lutte contre les insurgés islamistes. Les nations occidentales avaient vu, dans le Niger, un rempart contre l'aggravation du désordre et l'extension de l'influence russe dans la région». Il est toutefois noté qu'«à l'échelle mondiale, le Niger est devenu un producteur secondaire d'uranium, au fil des ans, car les coûts de production y sont élevés (...). En 2022, il ne représentait plus que 4% de la production mondiale (...)». Aussi, «Le Niger est un pays sahélien qui est régulièrement touché par des chocs climatiques, sécheresses et inondations, qui peuvent affecter la production agricole et la croissance économique, la volatilité des prix des matières premières (...)». La situation sécuritaire au Niger s'est particulièrement dégradée «au cours des 4 derniers mois de l'année 2022», rapporte le document. Il est indiqué qu'«environ 1.500 militaires français sont actuellement présents sur le territoire nigérien. Ils sont essentiellement dans la capitale Niamey et dans la zone des trois frontières (Ayorou, Ouallem et Agadez), Environ 1.000 soldats américains (Forces spéciales) sont aussi sur le sol nigérien ainsi que 300 soldats italiens et une centaine de soldats allemands». Les «explications» du général Tchiani Le document note que «le Général Tchani affirme, lors de son allocution, que le coup d'Etat est entrepris pour éviter «la disparition progressive et inévitable» du pays, et affirme que Bazoum tente de cacher «la dure réalité» du pays, qu'il qualifie de «tas de morts, de déplacés, d'humiliation et de frustration». Le Chef d'Etat major des armées annonce son ralliement aux putschistes pour «éviter un bain de sang». Le général Tchani se proclame président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le 28 juillet 2023». «Des sanctions économiques, suite au coup d'Etat» : on retient que «le Nigeria, qui couvre 70% des besoins en électricité du Niger, a cessé de lui fournir de l'électricité. La Banque mondiale a annoncé la suspension des paiements pour les opérations au Niger autres que les partenariats privés. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé que les pays membres avaient cessé toute activité commerciale avec le Niger. La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a également gelé tous les avoirs du Niger (l'un des pays les plus pauvres au monde) en raison du coup d'État». Ceci sans compter les sanctions de «la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Union européenne, les Etats-Unis et la Banque Mondiale». Le document rapporte que «le Niger est un pays clé pour la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. La France y a redirigé la majorité de ses forces militaires impliquées dans l'opération antiterroriste Barkhane au Mali (...). Le Niger a représenté 35% des importations françaises d'uranium concentré en 2020 et 34% en 2021. Soit le premier rang en 2020 et le deuxième en 2021 derrière le Kazakhstan. A ce jour, 3 mines d'uranium sont exploitées par la multinationale Orano au Niger (ex Areva), détenue à 90% par l'Etat français». «Interrogations majeures» Les cinq grands défis du Sahel sont, selon le document «Une situation économique catastrophique, alimentée par une mauvaise gouvernance, le changement climatique et la raréfaction des ressources, une forte démographie et un fort chômage des jeunes, immigration clandestine et la criminalité organisée, la prolifération de groupes terroristes et groupes armés non étatiques». STRATEGIES pose «des interrogations majeures pour les mois et années à venir, pour le Niger et le Sahel» à propos entre autres, de «l'intervention militaire de la CEDEAO pour restaurer le Président Bazoum, la présence des troupes française, américaine et d'autres pays occidentaux au Niger, Les conséquences des sanctions régionales et internationales sur la vie politique, économique et sociale du Niger, La nature et l'impact des stratégies régionales de lutte contre les terroristes et autres acteurs du crime dans le Sahel, Le rôle et les modalités d'intervention de la Russie et / ou du groupe Wagner au Niger et dans le Sahel en général, L'avenir et la crédibilité de la CEDEAO si elle échoue à restaurer l'ordre constitutionnel au Niger». |
|