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Entretien périodique aux médias: Tebboune en toute franchise

par A. Z.

La loi relative aux partis politiques sera révisée prochainement. On l'avait presque perdu de vue, mais pas tombé à l'oubli, cette révision au milieu d'une foultitude de réformes économiques et politiques accomplis ces trois dernières années. Et, c'est le président de la République qui l'a annoncé, lors de son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, diffusée samedi soir sur les chaînes de télévision et stations de radio nationales. Il a même donné une esquisse sur quoi portera cette révision. Le dénominateur commun de l'ensemble des formations politiques, quelles que soient leurs tendances, doit être «l'unité nationale et la Déclaration du 1er Novembre», a souligné le président Tebboune. Précisant dans ce sillage que les partis «sont libres de tracer leurs propres programmes politiques, mais doivent avoir pour dénominateur commun l'unité nationale et la Déclaration du 1er Novembre, qui appelle à l'édification d'un Etat démocratique et social». «Tout ce qui est de nature à renforcer le front intérieur et qui relève de la ligne nationale est le bienvenu», a-t-il soutenu.

Le président Tebboune a parlé également de quelques points de divergence avec des partis politiques concernant des questions sur lesquelles, a-t-il dit, «il ne peut être d'accord», comme l'appel de certaines formations politiques à la libération des personnes impliquées dans des affaires de dilapidation et de détournement de derniers publics vers l'étranger si elles coopèrent pour leur récupération. «Celui qui a volé doit payer» car, au-delà de l'aspect financier, c'est une question morale, a-t-il soutenu d'une manière déterminée. Rappelant dans ce sens que les investigations menées dans le cadre des dernières élections des assemblées élues, notamment l'Assemblée populaire nationale (APN), avaient révélé «la tentative de la Issaba (bande) de présenter 750 candidats corrompus pour accéder au Parlement». «Les résidus de la Issaba disposent, aujourd'hui, de fonds colossaux et ont même tenté d'acheter les consciences», a déclaré le Président.

Concernant le dossier logement, il a assuré que les projets de réalisation de logements se poursuivront, soulignant que ça restera une priorité pour l'Etat. «Les programmes de réalisation de logements ne s'arrêteront pas, vu la mentalité de l'Algérien qui veut être propriétaire et qui a le sentiment d'être à la rue lorsqu'il est locataire», a-t-il précisé. Affirmant que les programmes de réalisation de logements de location-vente (formule AADL) se poursuivront car ils sont destinés à la classe moyenne, qui doit être protégée en tant que «base stabilisatrice» du pays. Mais, a-t-il convenu, il faut accepter le fait que certaines villes ne disposent pas de suffisamment d'assiettes foncières, contrairement aux petites villes où on évite de construire des bâtiments compte tenu de la disponibilité des terrains constructibles et du contexte socioculturel des habitants. «La question du logement est placée en tête des priorités», a soutenu le président de la République, insistant sur l'importance de «ne pas gaspiller» et d'accorder les logements à ceux qui en ont besoin.

Concernant la formule du logement rural, le président de la République a estimé qu'elle était «une des plus grandes réussites de l'Algérie, car ayant résolu d'innombrables problèmes», regrettant que «personne ne parle de ces réalisations qui sont loin des grandes villes». Cette formule a permis à de nombreuses familles issues du milieu rural de retourner dans leurs régions d'origine, a-t-il fait remarquer. Soutenant que ce type de logement, qui offre toutes les commodités nécessaires, est de plus en plus demandé.

Rejet total et catégorique d'une intervention militaire au Niger

Sur le plan économique, le président de la République a affirmé que l'Algérie avait franchi de grands pas dans le domaine des start-up, indiquant que l'objectif des pouvoirs publics consistait en la mise en place d'un climat favorisant l'émergence d'une génération d'entrepreneurs universitaires «nationalistes», capables de contribuer à la croissance économique de l'Algérie. L'Algérie, qui est partie «de rien» dans le domaine des start-up, de l'entrepreneuriat et de l'innovation, est aujourd'hui classée sixième ou septième en Afrique, avec environ 5.000 à 6.000 start-up.

Et de souligner que le phénomène de la surfacturation pour le transfert illégal des devises avait, sensiblement, reculé ces dernières années, grâce aux efforts consentis en termes de contrôle du commerce extérieur. De 2020 à ce jour, le montant global de la surfacturation est estimé à moins de 400 millions USD, une baisse sensible en comparaison avec les années précédentes, a-t-il précisé.

Un autre dossier a été au centre des intérêts dans le débat, celui du transport ferroviaire, à propos duquel le Président a dit qu'il constituait le «meilleur garant de développement» dans le pays, notamment pour les régions du Sud, ajoutant que l'Algérie lancera un programme avec des partenaires chinois pour la réalisation de lignes ferroviaires sur environ 6.000 km.

Répondant à une question sur l'adhésion de l'Algérie au groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le président de la République a affirmé que les membres de l'organisation n'ont pas encore tranché les critères à retenir pour accepter de nouveaux membres, ajoutant que la candidature de l'Algérie bénéficie d'un soutien au sein de ce bloc.

Dans un autre contexte, le président de la République a évoqué les chiffres record de la consommation d'électricité enregistrés cet été. Il a indiqué que la consommation quotidienne normale d'électricité oscillait entre 10.000 et 11.000 mégawatts, or la hausse des températures et l'utilisation accentuée des climatiseurs ont presque doublé la consommation d'électricité, «pourtant il n'y a pas eu de coupures». Et d'ajouter que les capacités de production de l'Algérie dépassent les 24.000 mégawatts, faisant de notre pays «le producteur d'électricité le plus puissant en Afrique». Quant à l'exportation d'électricité, le président Tebboune a affirmé que «nous sommes prêts à exporter l'électricité vers l'Europe, comme nous l'avions assuré aux Européens. S'ils en formulent le vœu, nous sommes prêts à leur exporter au moins 10.000 mégawatts/jour». Sur le plan international, la crise au Niger a été évoquée, inévitablement, et le président de la République a réaffirmé l'impératif de «rétablir la légitimité constitutionnelle au Niger», soulignant «son rejet total et catégorique de toute intervention militaire» dans ce pays. «L'Algérie est pour le retour à la légitimité constitutionnelle au Niger, tout comme elle est prête à aider les Nigériens dans la mesure du possible, s'ils en expriment le besoin, pour resserrer leurs rangs», relevant «son rejet total et catégorique de toute intervention militaire dans ce pays».

En réponse à une question sur la situation embrasée le long des frontières sud de l'Algérie, le président Tebboune a affirmé que «l'Algérie est capable de faire face à cette situation grave, forte de son Armée puissante, qui est aux aguets de quiconque s'approcherait de ses frontières», rappelant le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, adopté par l'Algérie.

Par ailleurs, et en réponse à une question sur la reconnaissance par l'entité sioniste d'une prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, le président de la République a indiqué que cette reconnaissance est «nulle et non avenue» et ses répercussion n'intéressent pas l'Algérie qui considère ce pas comme un «non-évènement».