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Bien
que la diphtérie ait été éradiquée en Algérie, elle est aujourd'hui de retour.
«Il s'agit de cas importés. 16 ont été déjà confirmés jusqu'à présent», selon
un communiqué rendu public par le ministère de la Santé qui affirme que «la
plupart des cas enregistrés sont des ressortissants étrangers de pays voisins
non vaccinés qui vivent dans la banlieue de la ville de Tamanrasset».
Les autorités sanitaires du pays ont vite réagi et toutes les mesures d'urgence ont été prises pour éviter la propagation de la diphtérie, apparue dans certaines régions frontalières avec les pays du Sahel, indique-t-on dans le communiqué du ministère. «Suite à l'apparition de cas de diphtérie dans les wilayas du Sud (régions frontalières avec les pays du Sahel), toutes les mesures ont été prises d'urgence par les autorités sanitaires locales pour éviter la propagation de la maladie, notamment la prise en charge de tous les cas au niveau des structures sanitaires», souligne le communiqué qui fait état en outre de« la création d'une cellule de crise pour suivre la situation épidémiologique et renforcer la surveillance et la réalisation d'enquêtes sur les cas». «Tous les moyens (médicaments, sérum antidiphtérique, vaccins, matériel de prélèvement, etc.) ont été mis à la disposition des équipes de soins ou de vaccination et des campagnes de sensibilisation et de vaccination à grande échelle ont été lancées, ciblant les quartiers les plus touchés et les cas contact», selon le département de Abdelhak Saïhi. La campagne de vaccination a touché plus de 10.100 personnes. Le ministre de la Santé rassure que «la situation est stable à l'heure actuelle» et qu'«aucun cas n'a été enregistré depuis plusieurs jours», soulignant toutefois que «la vigilance reste de mise». Contacté par nos soins, le Pr Mohamed Melhag, chercheur en virologie et ex-enseignant de bactériologie à l'université a affirmé que le seul moyen de prévention contre cette bactérie est la vaccination. Il rassure en affirmant que la vaccination en général fait partie de la politique préventive de l'Etat. Selon Melhag, il s'agit d'un programme de vaccination dont le calendrier est respecté. Et de rappeler que la vaccination en Algérie est gratuite et obligatoire à partir de l'âge de 2 mois. La diphtérie, affirme-t-il, est une maladie causée par une bactérie qui produit une toxine, entraînant parfois des problèmes respiratoires, une insuffisance cardiaque et la paralysie des muscles en cas de prise en charge tardive. Pour le Dr Melhag, la vaccination demeure le moyen le plus efficace et demeure le seul remède préventif pour la sécurité sanitaire. S'indignant contre ceux qui sèment le doute sur la fiabilité des vaccins notamment sur les réseaux sociaux. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la récente recrudescence de la diphtérie dans plusieurs pays est attribuée à une couverture insuffisante de la vaccination. Il est donc essentiel de maintenir des taux élevés de vaccination dans les programmes de vaccination des enfants. Le Dr Melhag précise que l'Algérie a déjà éradiqué la diphtérie mais elle n'est pas à l'abri d'un retour de cette bactérie qui peut entrer de l'extérieur. En précisant que cela était prévisible, car l'Organisation mondiale de la santé avait déjà averti, en précisant que ce genre de maladie est de retour en Afrique. La diphtérie se propage principalement par contact direct avec une personne infectée ou par inhalation de gouttelettes en provenance d'une personne infectée, notamment à travers la toux ou les éternuements. L'infection peut également se transmettre en touchant des objets contaminés par les bactéries. Des professionnels de la santé ont pour la majorité attesté qu'elle peut être prévenue par la vaccination. Pour rappel, le président de la Société algérienne d'immunologie, le Pr Kamel Djenouhat, a mis en garde, en marge du 11e congrès d'immunologie tenu récemment, contre la réapparition des cas de poliomyélite, d'épidémie de rougeole et de diphtérie. Dans une déclaration faite au Quotidien d'Oran, hier, le Pr Djenouhat a saisi l'occasion pour appeler les parents à procéder au rattrapage vaccinal pour leurs enfants. En précisant que «les centres de vaccination disposent des schémas nécessaires pour assurer ce rattrapage vaccinal dont l'ouverture n'est pas du tout limitée dans le temps ». Un rattrapage vaccinal nécessaire, affirme-t-il, en affirmant qu'on était un pays discipliné en matière de vaccination où le taux de couverture vaccinal atteignait les 90 et 95%, ce qui réduit au maximum le risque de retour de ce genre de maladie ou d'infection. Mais, regrette-t-il, la conjoncture sanitaire du Covid-19 a eu des répercussions sur la couverture vaccinale nationale. En soulignant qu'«on est descendu à 70% de taux de vaccination, ce qui est insuffisant pour mieux se prémunir». Et d'expliquer que les raisons de ce recul sont liées à la fermeture de certains centres de santé et à la réticence de certains parents à vacciner leurs enfants en période du Covid. Les autorités sanitaires avaient lancé une semaine de rattrapage vaccinal récemment, mais l'adhésion était très faible. Pourtant, dit-il, l'Algérie avait introduit l'Hexavalent, un vaccin qui protège contre plusieurs maladies et infections dont la diphtérie. Le Pr Djenouhat appelle les médecins généralistes, les pédiatres et les infectiologues a joué leur rôle en matière de prévention, en exigeant le carnet de vaccination afin d'orienter d'emblée les parents vers des centres de vaccination en cas de retard. |
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