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Hommage à Rayane : une vie perdue, une communauté en deuil

par Nabil Mati

Un silence poignant a enveloppé la mosquée de Nanterre ce jeudi 25 mai, où près d'une centaine de personnes se sont rassemblées pour la prière funéraire (Salat al-Janazah) en hommage à Rayane. Ce jeune homme franco-algérien de 25 ans, diplômé en chirurgie dentaire en 2022, a été tragiquement poignardé lors d'une attaque au couteau aux Lilas le samedi 20/05/2023, perpétrée par un groupe d'individus. Dans cette atmosphère empreinte de tristesse, la famille éplorée, les proches et les membres de la communauté locale se sont unis pour participer à ce rituel islamique et rendre un dernier hommage à Rayane. Le corps de Rayane sera rapatrié en Algérie ce soir à 18 heures, marquant ainsi le début de son dernier voyage.

Dans cette atmosphère empreinte de tristesse, nous avons rencontré la mère de Rayane, une femme à peine âgée de cinquante ans, médecin psychiatre. Ses yeux étaient dissimulés derrière des lunettes noires, tentant en vain de cacher ses larmes. Vêtue d'un voile sur la tête, elle avançait lentement, son cœur déchiré, entourée de femmes proches venues la soutenir. Incapable de comprendre pourquoi son enfant a été brutalement arraché à la vie, elle a reçu cette terrible nouvelle alors qu'elle séjournait en Algérie, à Skikda, à l'est d'Alger, en compagnie de son mari Chawki pour quelques jours. Leur séjour a été tragiquement interrompu par cette impensable tragédie.

Quant au père, médecin urgentiste, il était à la fois calme et profondément marqué par la tristesse, comme en témoignait son visage. Il était également résigné, se tenant aux côtés de son fils aîné pour accomplir la prière funéraire (Salat al-Janazah). Après la prière, qui s'est déroulée dans une atmosphère de sérénité absolue, le cercueil a été placé face aux fidèles. Une fenêtre de visualisation était ouverte, permettant ainsi aux proches et aux fidèles de jeter un dernier regard sur le visage du défunt, un adieu silencieux pour la dernière fois, avant que le cercueil ne soit fermé. Les larmes ont inondé les visages des adultes, des enfants et des femmes présents, qui se tenaient au premier étage. Leur émotion débordante les a submergé, les empêchant de retenir leurs sanglots.

«Mon fils a été tué gratuitement, quelqu'un est passé et l'a poignardé sans dire un mot», exprima-t-il, dévasté par la perte de son enfant. Selon le père de Rayane, son fils était un jeune homme plein d'espoir, doté d'une grande générosité et toujours prêt à aider les autres. Il s'impliquait activement dans la campagne de vaccination pendant la pandémie, se rendant sur tous les fronts pour administrer les vaccins. Les témoignages recueillis convergent tous dans cette direction, décrivant Rayane comme quelqu'un de calme et généreux. Selon l'un de ses amis, Rayane cherchait simplement à vivre une vie normale et discrète.

Même dans ces moments difficiles, le père de Rayane fait preuve de courage en prodiguant des conseils aux parents. Il les exhorte à ne pas abandonner leurs enfants à eux-mêmes et à veiller à leur bien-être, car il est conscient que les conséquences d'une mauvaise éducation peuvent être graves. Comme le souligne Nounou, un parent de cinq enfants, «la mauvaise éducation est très contagieuse». Il met ainsi en évidence l'importance de fournir aux enfants un environnement propice à leur développement et à leur bien-être, afin de prévenir tout comportement préjudiciable.

La France, dans son ensemble, ainsi que la communauté musulmane pleurent la perte de ce jeune homme prometteur, dont l'engagement et la bienveillance resteront à jamais gravés dans les mémoires. Rayane a été élevé au sein d'une famille aisée et a bénéficié d'un environnement favorable à son épanouissement. Il était un sportif accompli, toujours prêt à se surpasser, et sa gentillesse et sa générosité étaient largement reconnues par son entourage.

L'enquête est toujours en cours et, pour l'instant, le père de Rayane affirme ne pas avoir d'informations précises sur les personnes responsables de cette agression tragique. La mère a déclaré qu'ils ont été bien accueillis au commissariat et qu'ils ont fourni les informations nécessaires, notamment la biographie de leur fils, pour aider dans l'enquête. La priorité actuelle est d'organiser l'inhumation en Algérie, où Rayane pourra reposer en paix.

L'absence de certains acteurs, tels que les médias, les autorités françaises, le consul d'Algérie et les responsables de la communauté musulmane, lors de cette cérémonie n'est pas passée inaperçue. Le soutien de tous en ces moments difficiles revêt une importance particulière. Néanmoins, comme l'a souligné une personne sur place lors de notre entretien sur le manque flagrant de la présence des autorités, sa réponse ironique soulignant que Rayane est malheureusement considéré comme» un mort parmi d'autres», insinuant ainsi qu'il ne reçoit pas la même attention et importance. Cette situation soulève des questions sur le rôle de ces instances et leur sensibilisation à de tels drames.

Mohamed, militant associatif engagé, appelle à une marche silencieuse dans plusieurs quartiers de la banlieue française. L'objectif de cette marche est de mobiliser les autorités, les parents et les jeunes afin de renforcer leur engagement contre les violences qui sévissent. Mohamed souhaite que cette mobilisation collective contribue à mettre en place des mesures plus rigoureuses et un plan d'action adapté pour lutter contre ces violences.

Youssef, imam et gestionnaire de pompes funèbres, met en lumière le travail important réalisé par de nombreuses personnes autour de lui, notamment les imams et les aînés, pour remédier à la situation dans certains quartiers du département de la Seine-Saint-Denis. Cependant, il reconnaît que malgré ces efforts, les résultats demeurent encore très limités. C'est pourquoi Youssef souligne avec insistance l'urgence d'un plan d'action élaboré par l'État en collaboration avec d'autres acteurs pour faire face à ces agressions qui entraînent des tragédies meurtrières. Le prédicateur exprime également une profonde tristesse face au nombre élevé de jeunes qui ont perdu la vie au cours des deux dernières années, laissant derrière eux des familles en deuil. Cette réalité renforce encore davantage l'urgence de mettre en place des mesures concrètes visant à prévenir de telles pertes tragiques et à protéger la jeunesse de notre société.

A l'heure de la rédaction de cet article, les informations disponibles ne permettent pas de déterminer avec précision si cette agression était le résultat d'un acte aléatoire ou motivé par la haine. Il est crucial de mener une surveillance et une investigation approfondies afin d'explorer toutes les pistes et d'élucider cette affaire. Cependant, ce que nous pouvons affirmer, c'est que la famille a été confrontée à une perte irréparable et qu'aucune parole ou geste ne pourra combler le vide laissé par la disparition de Rayane.

La mère de Rayane a exprimé le souhait de partager cette publication, qui est empreinte d'amour et d'espoir, et qui reflète l'essence même de Rayane. Son désir est de préserver une belle image de son fils dans nos souvenirs et nos pensées.

En ces moments difficiles, nous souhaitons exprimer tout notre soutien et nos plus sincères condoléances à la famille éprouvée. Que ton âme repose en paix, Dr Lammouchi Rayane.

Je vous transmets la photo que la mère de Rayane souhaite publier dans votre journal.

*L'École des Hautes Études des Sciences Sociales de Paris EHESS IMAF, Campus Condorcet, Bâtiment Recherche Sud, 5 cours des Humanités, 93322 Aubervilliers cedex.