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A
l'invitation du Forum organisé par l'Afieiti Verdure Invest organisé à l'Hôtel Mazafran
le 22 juin 2023 présidé par Hadj Mohamed Hassani, ayant réuni les experts et
les membres d'associations et d'institutions travaillant dans le domaine
agricole, l'idée d'une cartographie des capacités de production nationale et de
stockage des produits agricoles semblait retenir les discussions. Nous sommes
en plein dans cette guerre Russe-Ukraine qui continue à impacter le monde
agricole tels l'augmentation des coûts de production et les menaces quant à la
baisse des rendements. Oui la Russie est une puissance agricole qui a vu naître
les agro-holdings la mettant à l'abri des besoins puisqu'elle est
autosuffisante dans la plupart des productions agricoles soit 20% des
exportations mondiales de blé et approvisionne 16% d'engrais alors que l'Europe
importe le quart des exportations d'engrais de Russie.
Pour ce qui est de l'Ukraine les exportations de céréales (blé et maïs ont été multiplié par au moins quatre durant la dernière décennie sur 32,5 millions d'hectares de terres arables soit 41,5% de production de blé s'est faite sur des exploitations de plus de mille hectares qui affiche une ambition conquérante sur les marchés mondiaux. La question qui se pose à nous c'est comment faire pour répondre à des chocs exogènes où l'embargo est devenu une entrave aux échanges commerciaux? Quelle est la stratégie qu'optera notre pays face à des situations du genre? Inquiétante et contestée, l'arme alimentaire est de plus en plus brandie dans les négociations inter-Etats. Le conflit russo-ukrainien s'il tend à se prolonger il risque de créer une crise alimentaire et sévit dans les pays qui n'arrivent pas à couvrir leurs besoins en nourriture. Ne pouvant même pas s'approvisionner face à l'embargo ils se trouvent dans l'impossible solvabilité pour nourrir leurs populations. L'arme alimentaire est devenue plus que vitale pour la survie des peuples dans le monde. L'objectif stratégique est d'arriver à l'auto-suffisance alimentaire. L'ALGERIE PEUT-ELLE ETRE GRENIER A BLE DE ROME? C'est dans ce cadre que j'ai apporté cette modeste contribution pour que l'Algérie qui fut « Grenier à blé de Rome » se mesure aujourd'hui parmi les pays à forte intensité céréalière pour mieux s'intégrer dans les stratégies devant améliorer les rendements à l'hectare. L'Algérie possède une banque de la meilleure semence à forte constitution protéique tels le Baliouni, le Hedhba, le Belbachir, etc. qui sont du blé dur. En 2022 la production annuelle de blé a atteint «3,3 millions de tonnes» soit 33% de plus que 2021 selon les statistiques qui estiment les récoltes du blé dur pour les trois pays d'Afrique du Nord à 4,3 millions de tonnes, Algérie 1,9 million de tonnes, le Maroc 1,4 million de tonnes et la Tunisie 0,9 millions de tonnes. VERS LE CONCEPT DE L'AGRODOLLAR En Algérie le secteur agricole participe de 14,7% dans le PIB. Selon les Douanes algériennes les exportations hors hydrocarbures dépassent les 4,5 milliards de dollars US et pourraient atteindre selon la feuille de route du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations les 13 milliards de dollars US de recettes. Pourrions-nous passer du pétrodollar à l'agrodollar en encourageant les exportations hors hydrocarbures grâce à nos primeurs en fruits et légumes? C'est ce chemin que le Président Tebboune a appelé les fellahs et les ingénieurs agronomes à faire de l'Algérie un havre de verdure et de cultures maraîchères et céréalières en mesure de diminuer la facture des importations agro-alimentaires et se placer dans le peloton des pays exportateurs dans le monde. Dans le même ordre d'idées le Premier ministre souligne que les exportations hors hydrocarbures pourraient atteindre 10 milliards d'ici fin 2023. Selon l'USDA, il est prévu l'amélioration de la production céréalière de l'Algérie durant la campagne 2022/2023 grâce une bonne pluviométrie et les prévisions de l'USDA seront de 3,3 millions de tonnes de blé et 1,2 million de tonnes d'orge. Selon le Conseil international des céréales, la production du blé tendre en 2023 est estimée en Afrique à 27,4 millions de tonnes, celle du blé dur à 4, 3 millions de tonnes et celle de l'orge à 6 millions de tonnes. L'ALGERIE EN PREMIERE LIGNE EN CEREALES AU MAGHREB Tout au long de la campagne 2023/2024, le continent importerait 56,4 millions de tonnes de blé tendre, 3,4 millions de blé dur et 3 millions de tonnes d'orges. Le CIC a publié ces prévisions en fonction des superficies déclarées par les pays producteurs et les cultures jusqu'ici observées. Au plan mondial la croissance démographique entraîne un accroissement de 7 millions de tonnes la consommation annuelle de céréales destinée à l'alimentation humaine soit 760 millions de tonnes et l'industrie de l'alimentation animale de 1 028 millions de tonnes. C'est dire que la hausse de la production mondiale de grains et des quantités disponibles à l'export renforceront les échanges commerciaux. Il est attendu que 410 millions de tonnes de blé, d'orge, de sorgho et de maïs seront vendues et achetées entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024. Les pays principaux exportateurs de grains de la planète couvriront à eux seuls 95% des échanges (494 millions de tonnes). Le continent africain importera environ un quart de ces quantités de grains échangés dans le monde soit (110 millions de tonnes) durant la prochaine campagne. UNE BANQUE DE LA SEMENCE CEREALIERE LOCALE L'agriculture doit assurer la préservation des semences locales pour les années à venir. Chaque pays doit améliorer les conditions de stockage car tout grain stocké peut subir des dégradations tels les bactéries et des substances chimiques pouvant être un danger de santé publique. Les insectes peuvent altérer et sont source de souillures et de contaminations. Il y a donc des insectes ravageurs. Il faut donc homologuer le traitement des grains stockés. La teneur en impuretés figure dans les contrats commerciaux? Les corps étrangers (verre, plastique, particules métalliques, caillou, sable peuvent venir de la maintenance des silos de stockage, etc.) font courir un risque dans la sécurité du consommateur. Ceci nécessite des modes de stockage pour préserver les réserves de céréales. L'ASSIETTE DU CONSOMMATEUR ET LA SANTE DU CITOYEN La sécurité alimentaire passe par l'assiette du consommateur. Il y va de la santé des citoyens. La sécurité alimentaire est un objectif politique. Elle ne participe pas à la même philosophie que l'autosuffisance. Quant à « la souveraineté alimentaire, elle postule la possibilité pour tout pays de mettre en place une politique agricole spécifique satisfaisant les besoins nationaux et répondant à des impératifs environnementaux et sociaux ». « La sécurité alimentaire ouvre la voie à une réflexion en thermes d'éthique et de droits de l'Homme ». Pour conclure on peut dire que ce Forum sur les exportations a remis à l'ordre du jour la notion d'autosuffisance et sécurité alimentaire toutes deux liées à la souveraineté nationale d'un Etat. (*) Dr Magister en économie agraire Dr d'Etat en Sciences économiques (Crise du Système monétaire et financier- Essai de Modèles de régulation) |
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