
C'est le
ministre des Travaux publics, Lakhdar Rakhroukh, qui
l'a avoué dans une déclaration à la presse, samedi 24 juin, en marge de sa
visite d'inspection de plusieurs projets de son secteur dans la wilaya de Boumerdès : une partie du vaste réseau routier national
connaît, ces dernières années, un manque de maintenance. Peut-on, d'ailleurs,
camoufler cet état des routes déplorables, à la limite du désastre par endroits
? Le ministre a souligné que son secteur focalisera pour les années à venir sur
la maintenance intensive de ce réseau, mais il est indispensable de faire le
diagnostic de la situation et comprendre pourquoi des routes sont laissées à
l'abandon et d'autres qui se retrouvent en piteux état peu de temps après avoir
été retapées à neuf.
A demi-mot,
il reconnaît également que la qualité du travail accompli dans ce domaine
laisse à désirer, quand il a souligné, dans ce sens, l'importance de «respecter
la qualité et les normes conformément au cahier des charges», lors de la
réalisation des projets de maintenance. La maintenance des routes, qualifiée de
« bifteck » des travaux publics par les gens du métier, à cause du prix énorme
des opérations, qui va dans les caisses des entrepreneurs qui décrochent ces
marchés, et la facilité de la mission par rapport à d'autres dans le même
secteur plus dures à accomplir et à un prix relativement modeste, fait toujours
jaser les gens du métier. Est-ce qu'il ne faut pas revoir le cahier des charges
pour obliger l'entrepreneur à reprendre le travail à son compte si une route
retapée par ses soins se détériore dans un délai très court, parfois juste
après de fortes précipitations de pluies ? ?uvrer à rattraper à travers divers
programmes de développement ce manque de maintenance est d'une nécessité
absolue, comme en convient le ministre, oui. C'est même un droit que les
automobilistes peuvent revendiquer, eux qui s'acquittent annuellement de la
vignette auto, dont une part importante de ces recettes va à la maintenance du
réseau routier. Mais il est plus important encore de renforcer le suivi et le
contrôle des travaux de maintenance du réseau routier, ainsi que d'autres
travaux engagés sur la chaussée par des sociétés étatiques ou privées et qui, à
la fin de leur tâche, quittent les lieux sans se donner la peine de remettre en
l'état les lieux. Faut-il le reconnaître, l'environnement est très complexe,
mais cela ne fait que renforcer la voie d'une réorganisation de cette filière,
en mettant en place une législation stricte qui correspond à l'importance du
maintien des routes en bon état, à travers les travaux de maintenance réguliers
et l'interdiction de procéder à des creusements sur la chaussée sans engagement
préalable de la rendre en l'état initial. L'Etat dépense des sommes
faramineuses pour construire des routes, et il faut être à la hauteur de ces
efforts pour les préserver de toute dégradation.