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L'Université de Tlemcen et au-delà, l'université
algérienne, vient de perdre un brillant économiste, le Pr. Abdellatif Kerzabi, respecté et estimé par tous ceux qui l'on
approché, ses collègues et ses étudiants. Abdellatif Kerzabi
est né en 1957 à Tlemcen. Il était un économiste qui s''intéressait
«particulièrement à la société algérienne et à l'histoire» comme il le
soulignait lui même.
Le «Grand petit homme», comme j'aimais l'appeler (il était petit de taille mais grand d'esprit), nous a quittés pour toujours, suite à une terrible maladie qui l'a emporté. Lorsque le mal a envahi son corps, il refusa de s'arrêter de travailler. C'est ainsi que, même diminué, il sortait, il continuer à marquer ses réflexions, difficilement certes, mais il tenait à ne pas disparaitre de l'université A la douleur poignante d'un ami, d'un professeur aux compétences avérées et reconnues, à l'abnégation et l'humilité sans pareille, est venue s'ajouter l'inquiétude poignante de l'hypothétique relève au sein de nos structures universitaires. Abdellatif Kerzabi fait partie de cette élite intellectuelle irremplaçable Même si nous divergions parfois dans nos analyses et nos perceptions, on était très proches, ce qui renforçait l'estime et la considération mutuelle que nous avions l'un vis-à-vis de l'autre. Pour rappeler brièvement son parcours universitaire, il faut relever que le Pr. Abdellatif Kerzabi a accomplis son cursus universitaire auprès de l'Université d'Oran, ou il a obtenu sa licence en sciences économiques en 1980, puis un Magistère en1988, avant de revenir à Tlemcen après avoir passé quelques années à Annaba, et achever son cursus académique en soutenant brillamment une thèse de Doctorat d'Etat en Sciences économiques en 2004 Il se déplaçait souvent pour présenter en parfait bilingue, ses contributions dans son style particulier, à l'intérieur du pays et à l'extérieur dans des congrès, colloques et symposiums. Ses prises de parole, son éloquence et sa culture ne laissaient jamais les auditoires indifférents, car Abdellatif en parfait dialecticien, captait l'attention jusqu'à la fin de ses exposés. Tous ceux qui l'ont côtoyé ou croisés dans les nombreux séminaires et colloques auxquels il assistait, admiraient en lui ses interventions pertinentes, son éloquence et sa culture. Abdellatif Karzabi avait aussi une belle plume. Il est l'auteur d'une demi-douzaine d'ouvrages dans le domaine du management, sa spécialité, et de nombreux articles publiés dans de grandes revues. Nombreux sont ses écrits qui sortent des sentiers battus pour un économiste, entre autres : «La fin de l'autoritarisme dans le monde arabe», «De la revendication matérielle à la revendication politique: Pourquoi le départ du système ?», «Mondialisation et mouvement syndical : de la revendication matérielle à la revendication ontologique». Abdellatif Kerzabi ne s'enfermait, lui aussi, dans aucun paradigme, même si on décelait chez lui un penchant marqué pour le libéralisme dans la lignée des grands économistes libéraux tel Frédéric Bastiat, Maurice Allais et bien d'autres penseurs qui ont forgé les fondements de l'économie libérale: il croyait aux vertus du marché et de la concurrence. Le marché étant le meilleur allocateur des ressources, et la concurrence un stimulant qui incite les entreprises à se dépasser, favorisant ainsi l'innovation, la diversité de l'offre et des prix attractifs pour les consommateurs comme pour les entreprises. L'économie de marché se définit non pas par la nature de la propriété (privée) mais par l'acceptation volontaire du jeu concurrentiel. L'Etat a pour fonction de corriger les imperfections des marchés par la loi et la correction de la redistribution du revenu national pour éviter des cassures sociales en évitant la concentration des richesses pour les uns et la pauvreté pour les autres (le marché étant un mauvais redistributeur de la création de la richesse). Puisse nos jeunes économistes s'ouvrir aux aspects philosophiques, historiques et culturels, du développement car nombreux sont ceux qui s'enferment dans la modélisation et le calcul économique aux fondements néoclassiques oubliant que l'économie est une science sociale Abdellatif Kerzabi publiait souvent des articles dans la presse nationale pour exprimer des réflexions dans un esprit constructif, sur diverses problématiques socio-économiques?et même historique («la chute de Grenade») révélant sa culture qui transcende son profil d'économiste. Il était certes un économiste de talent mais sans doute surtout un authentique intellectuel, un homme de culture, qui s'intéressait beaucoup à l'histoire de la décadence du monde musulman. Economiste de talent, il était aussi d'une grande culture, pouvant soutenir avec brio des discussions sur des sujets les plus divers Abdellatif Kerzabi s'était engagé enfin dans le syndicat des enseignants universitaire (CNES) après avoir été élus par ses pairs. Il croyait au rôle des institutions, au dialogue social et la lutte pacifique pour l'amélioration des conditions de travail et de vie des universitaires. Il était foncièrement sincère et loyal, s'opposant à toute forme de compromission. Il restera un exemple de probité intellectuelle, d'activité et de dévouement, et dans le souvenir de qui, du moins pour ceux qui l'ont côtoyé, son image ne s'effacera pas Et pour clore cet hommage, je tiens à adresser, en mon nom et aux noms de tous mes collègues de Tlemcen, et d'ailleurs, en cette douloureuse circonstance, mes sincères condoléances, à sa famille, à ses amis et collègues de travail , à son frère Khaled, le spécialiste en gynécologie bien connu, dont il était plein d'estime et de considération, à ses filles qui ont suivis le parcours de leur père en se spécialisant dans les sciences économiques et en s'engageant dans des carrières universitaires, elles peuvent être fières de porter son nom Repose en paix cher ami, que Dieu t'accorde sa miséricorde *Université de Tlemcen |
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