Un nouveau palier
en matière de sanctions décidées par l'Union européenne (UE) contre la Russie
devrait être franchi dans une proche étape. Hier 10 mai, les ambassadeurs des
États membres de l'UE devaient débattre d'une nouvelle batterie de sanctions
axées sur la lutte contre le contournement des sanctions adoptées envers la
Russie, depuis février 2022. Cette lutte implique la prise de « mesures contre
les pays qui aident la Russie à échapper aux sanctions ». Étant presque assuré
que la Russie utilise des voies détournées pour échapper aux sanctions,
notamment en matière d'importation de biens et d'exportation de biens vers la
Russie, l'UE cherche à élargir les sanctions aux pays qui commercent avec la
Russie dans des domaines interdits par les mesures en question, dont les
hydrocarbures et pratiquement tous les produits provenant de Russie, les
matériels stratégiques, comme les semi-conducteurs, les véhicules et autres
joailleries vers la Russie. Un pas dangereux pour la stabilité mondiale ?
Probablement qu'il ne sera pas facile, du moins pas sans effets désastreux pour
l'économie mondiale, de s'attaquer aux pays qui « aident » la Russie à
contourner les sanctions. Parce que de nombreux pays n'ont pas à l'esprit
d'aider la Russie mais entretiennent de vieilles relations avec la Russie
auxquelles il est quasi impossible d'y mettre fin sans provoquer de graves
déséquilibres économiques, voire un effondrement des économies de certains
pays, et menacer la sécurité nationale de certains autres. Si des pays trouvent
leur intérêt en entretenant des relations économiques avec la Russie, comment
pourrait-on les empêcher de suivre leur voie ? Comment l'UE pourrait-elle
contraindre des pays d'appliquer les sanctions décidées par ses soins contre la
Russie, alors que ces pays ne font pas partie de son espace territorial ?
Parfois, des pays membres de l'UE ne tombent pas d'accord entre eux pour
appliquer, sur ce plan, certaines mesures, que dire des pays qui n'ont pas été
consultés lors de la prise de ces mesures, et qui ne partagent pas la même
vision ayant poussé l'UE à les décider, tout en limitant les conséquences pour
les entreprises et les citoyens de l'UE. Par exemple, on ne peut pas imaginer
un pays membre du groupe des BRICS, passer à l'application des sanctions contre
la Russie suite à des menaces de l'UE. Et, ils seront très nombreux à en faire
partie dans le court terme. Notons que les Etats-Unis ont devancé l'UE dans
cette voie, en renforçant l'application des sanctions contre les entreprises
étrangères qu'ils considèrent comme apportant une aide à la Russie dans sa
guerre contre l'Ukraine. Reste à savoir si l'UE va suivre le même principe de
dissuasion que celui mis en œuvre par les Etats-Unis, en l'occurrence le choix
accordé à ces entreprises entre faire du commerce avec Moscou ou avec les
États-Unis, ou aller plus loin ? La Chine a répondu à cette action des
États-Unis, en soulignant qu'elle «n'a aucun fondement dans le droit
international et n'est pas autorisée par le Conseil de sécurité des Nations
unies». Donc, il ne pourrait être question que de droit du plus fort, et on
sait comment se terminent ces histoires quand on se croit le plus fort.