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Qu'est-ce qui nous arrive ?

par Kamal Guerroua

Faut-il poser à n'en plus finir cette question : Qu'est-ce qui nous arrive ? Sommes-nous conscients du grand malaise de notre société ? Les villages et les villes se vident à un rythme inquiétant et les jeunes rêvent de fuir n'importe où pour se débarrasser du regard inquisiteur de la société. La pesanteur des tabous et du dogmatisme est telle qu'il n'y a plus de place pour un vivre-ensemble apaisé. L'individualisme non maîtrisé qui envahit les mentalités a laissé un avant-goût d'amertume chez la nouvelle génération qui n'arrive pas à se situer par rapport à ses prédécesseurs. Quel est le modèle de réussite aujourd'hui ? Une question d'autant plus capitale à laquelle la majorité de nos jeunes désorientés, n'ont pas trouvé de réponse. La société affronte une mondialisation-hydre dont elle ne parvient pas à contrôler les tentacules. Reléguée aux seconds rôles, la culture du savoir est devancée par celle de l'avoir et du paraître. Or, aucune valeur ne tient quand les esprits sont corrompus. On ne construit pas une nation avec l'avoir et le paraître, mais avec le savoir. Toutes les révolutions de l'histoire furent guidées par des élites. Celles-ci sont la pièce-maîtresse dans l'ingénierie du changement. On ne peut pas changer quoi que ce soit quand on n'est pas éduqué, quand on ne maîtrise pas la médecine, la technologie, les arts. On ne peut pas changer quand on ne respecte pas nos cerveaux. Le savoir devrait être sacralisé, porté au sommet de la pyramide. C'est une condition sine qua non pour le progrès social. Quand on se balade dans une ville et que l'on ne trouve pas dix librairies, cinq ou six bibliothèques, des théâtres et des cinémas, on se rend vite compte que la population qui y vit est dans le chaos, dans le déclin. Même l'esthétique urbanistique des villes joue un rôle important dans l'épanouissement des esprits. Récemment, j'ai vu une photo d'une grande route de la ville de Tiaret où il n'y a aucun arbre ni abri bus. A la sécheresse qui frappe la nature s'ajoute celle de l'urbanisme et puis, celle plus grave des esprits. C'est catastrophique ! Comment vivre comme ça ? Impossible !