Faut-il
poser à n'en plus finir cette question : Qu'est-ce qui nous arrive ?
Sommes-nous conscients du grand malaise de notre société ? Les villages et les
villes se vident à un rythme inquiétant et les jeunes rêvent de fuir n'importe
où pour se débarrasser du regard inquisiteur de la société. La pesanteur des
tabous et du dogmatisme est telle qu'il n'y a plus de place pour un
vivre-ensemble apaisé. L'individualisme non maîtrisé qui envahit les mentalités
a laissé un avant-goût d'amertume chez la nouvelle génération qui n'arrive pas
à se situer par rapport à ses prédécesseurs. Quel est le modèle de réussite
aujourd'hui ? Une question d'autant plus capitale à laquelle la majorité de nos
jeunes désorientés, n'ont pas trouvé de réponse. La société affronte une
mondialisation-hydre dont elle ne parvient pas à contrôler les tentacules.
Reléguée aux seconds rôles, la culture du savoir est devancée par celle de
l'avoir et du paraître. Or, aucune valeur ne tient quand les esprits sont
corrompus. On ne construit pas une nation avec l'avoir et le paraître, mais
avec le savoir. Toutes les révolutions de l'histoire furent guidées par des
élites. Celles-ci sont la pièce-maîtresse dans l'ingénierie du changement. On ne
peut pas changer quoi que ce soit quand on n'est pas éduqué, quand on ne
maîtrise pas la médecine, la technologie, les arts. On ne peut pas changer
quand on ne respecte pas nos cerveaux. Le savoir devrait être sacralisé, porté
au sommet de la pyramide. C'est une condition sine qua non pour le progrès
social. Quand on se balade dans une ville et que l'on ne trouve pas dix
librairies, cinq ou six bibliothèques, des théâtres et des cinémas, on se rend
vite compte que la population qui y vit est dans le chaos, dans le déclin. Même
l'esthétique urbanistique des villes joue un rôle important dans
l'épanouissement des esprits. Récemment, j'ai vu une photo d'une grande route
de la ville de Tiaret où il n'y a aucun arbre ni abri bus. A la sécheresse qui
frappe la nature s'ajoute celle de l'urbanisme et puis, celle plus grave des
esprits. C'est catastrophique ! Comment vivre comme ça ? Impossible !