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Algérie-France: La Commission Histoire et Mémoire tient sa première réunion

par Ghania Oukazi

La Commission mixte algéro-française « Histoire et Mémoire » a tenu mercredi dernier, sa première réunion conformément aux principes fondamentaux énoncés dans la Déclaration d'Alger, signée entre les deux présidents et par le Haut Comité intergouvernemental de Haut niveau (CIHN).

C'est la présidence de la République qui l'a fait savoir jeudi par voie de communiqué, en précisant que durant « cette première réunion qui a été tenue par visioconférence, la partie algérienne a présenté une feuille de route » conformément à ces principes en question. Durant cette rencontre, indique en outre, le communiqué d'El Mouradia, « les deux parties ont convenu du traitement de toutes les questions relatives à la période coloniale, la résistance et la Glorieuse guerre de Libération », de « poursuivre la concertation et les contacts pour la mise en place d'un programme d'action futur et de fixer les prochaines réunions de la Commission mixte ».

L'on rappelle qu'un communiqué de la présidence de la République, rendu public le 30 novembre 2022, a rapporté que « le Président Abdelmadjid Tebboune a reçu les cinq historiens qui feront partie de la Commission mixte algéro-française chargée d'étudier les Archives de la période coloniale et de la guerre d'Algérie».

Les médias avaient rapporté à cet effet, que ces cinq historiens algériens sont Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Mohamed Lahcen Zighidi et Djamel Yahiaoui.

L'Elysée a, lui aussi, annoncé sur son site, cette première réunion de la Commission mixte algéro-française « Histoire et Mémoire », le jour même de sa tenue, à savoir le mercredi 19 avril. Dans son communiqué qui a été envoyé aux médias par le service presse de l'Ambassade de France à Alger, il rappelle, en premier ,qu'« à l'occasion de la visite du président de la République en Algérie, en août 2022, il a été décidé, par les deux chefs d'Etat, de la constitution d'une Commission mixte d'historiens français et algériens pour travailler sur l'histoire de l'Algérie contemporaine, pour mieux se comprendre et réconcilier les mémoires blessées ». Il note que la Commission est composée de dix membres, cinq du côté algérien et cinq du côté français.

Les principes de « la Déclaration d'Alger »

Les noms des 5 historiens nommés à cet effet par Emmanuel Macron, cités dans le communiqué de l'Elysée, sont Benjamin Stora, Professeur des universités, co-président de la Commission, Florence Hudowicz, conservatrice du patrimoine, Jacques Frémeaux, Professeur des universités, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, historiens et enseignants universitaires.

«Cette commission indépendante travaillera d'abord sur les origines de la colonisation française en Algérie, au XIXe siècle, en dressant un inventaire des archives déposées en France et en Algérie, et qui traitent particulièrement de la conquête coloniale », indique le communiqué de l'Elysée. « D'autres sujets seront ensuite abordés à sa diligence, concernant la période du XXe siècle, en particulier la séquence de la guerre et de la décolonisation », a-t-il encore noté.

Signée le samedi 27 août 2022 par les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, la « Déclaration d'Alger pour un Partenariat renouvelé entre l'Algérie et la France », affirme, entre autres, dans son préambule que «les deux parties estiment le moment venu de favoriser une lecture objective et de vérité d'un pan de leur histoire commune, tenant compte de l'ensemble de ses étapes afin d'appréhender l'avenir dans l'apaisement et le respect mutuel ». Et dans son chapitre II « Histoire et Mémoire », la déclaration en question consacre que «les deux parties entreprennent d'assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire dans l'objectif d'appréhender l'avenir commun avec sérénité et de répondre aux aspirations légitimes des jeunesses des deux pays ». Dans cette perspective, lit-on encore, et comme retenu plus tard par le Comité intergouvernemental de Haut niveau (CIHN), « elles conviennent d'établir une commission conjointe d'historiens algériens et français chargée de travailler sur l'ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d'indépendance ». Elles ont retenu que «ce travail scientifique a vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l'ouverture et la restitution des Archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires. Ses travaux feront l'objet d'évaluations régulières sur une base semestrielle ».

En attendant «la numérisation de toutes les archives»

« La Déclaration d'Alger » assure que «les deux parties conviennent de créer, en Algérie et en France, des lieux qui seront, à la fois, un espace muséal ainsi qu'un lieu de création, de dialogue et d'échange des jeunesses algérienne et française. Ces lieux accueilleront des chercheurs, des artistes, et des jeunes de l'Algérie et de la France qui mèneront des projets en commun. Le travail sera renforcé sur l'entretien des cimetières européens et la valorisation de leur patrimoine funéraire exceptionnel ». La 5ème réunion du Comité intergouvernemental de Haut niveau (CIHN) qui a eu lieu à Alger, les 9 et 10 octobre 2022 a, par ailleurs, confirmé dans son point 25 que « (...), les deux parties sont convenues, d'une part, de favoriser la tenue prochainement de la réunion de clôture du Comité mixte de pilotage franco-algérien à Alger, permettant la remise officielle de son rapport conjoint aux autorités des deux pays, et, d'autre part, d'organiser le retour en Algérie des deux crânes remis par la Société d'Anthropologie de Paris ». Le CIHN a retenu dans son point 26 que «s'agissant des Archives, la partie française a proposé de mettre à la disposition de son homologue algérienne, les copies de l'ensemble des archives conservées aux Archives nationales d'Outre-mer (ANOM) qui ont fait l'objet d'une numérisation, ainsi que de définir un programme de numérisation pluriannuel des archives non encore numérisées, qui pourraient être valorisées dans un portail des Archives France-Algérie ». En outre, «les deux parties ont, par ailleurs, salué la décision du président de la République française de permettre l'ouverture des Archives policières et judiciaires relatives à la guerre d'Algérie, qui étaient, préalablement, automatiquement déclassifiées du fait de l'évolution récente du cadre législatif ».