D'importantes
coupes des volumes de production mondiale de pétrole ont été décidées d'une
manière «volontaire» et «souveraine» par l'Algérie, l'Irak, l'Arabie saoudite,
les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït, ainsi que la Russie, qui a fait
part de sa volonté de continuer à réduire sa production de pétrole brut de
500.000 barils/j jusqu'à la fin de l'année. Des coupes, annoncées dimanche, qui
portent sur une réduction, dès mai, de leur production de pétrole, et jusqu'à
la fin de l'année, de 48.000 bpj pour l'Algérie, 500.000 bpj pour l'Arabie
Saoudite, 211.000 bpj pour l'Irak, 144.000 bpj pour les Emirats, 128.000 bpj
pour le Koweït et 40.000 bpj pour Oman, selon des communiqués des agences de
presse officielles des pays concernés. Soit une réduction de plus de 1,5
million de barils pétrole/jour, qui s'ajoute à la coupe drastique de 2 millions
bpj décidée, en octobre 2022, par les membres Comité ministériel de suivi Opep et non Opep (JMMC). A la
seule différence que la coupe décidée en octobre a été prise à l'unanimité au
sein du Comité ministériel, alors que celle qui prend effet à partir de mai,
jusqu'à fin 2023, a été une volonté libre de chaque pays, même s'il y a eu
«coordination avec certains pays membres de l'Opep et
non membres de l'Opep dans la déclaration de
coopération», comme le souligne le communiqué du ministère algérien de
l'Energie et des Mines, publié dimanche.
Reste à
savoir pourquoi cette décision de coupe des volumes de production de pétrole
n'a pas été soumise à la 48e réunion du Comité ministériel de suivi Opep et non Opep (JMMC), qui
s'est tenu lundi, d'autant que la réunion en question est « consacrée à
l'examen du niveau de respect des engagements volontaires de limitation de
production des pays de la Déclaration de Coopération pour les mois de janvier
et février 2023 ?» Est-ce par crainte d'un échec de convaincre tous les pays
membres du panel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs
alliés (Opep+) à s'engager dans une réduction des
volumes de production de pétrole, et provoquer inéluctablement une chute des
prix du baril suite à un désaccord sur ce point ? La décision d'aller vers «des
coupes volontaires» de production du pétrole a certainement été soutenue par la
récente plongée des prix du baril suite à la faillite de trois banques
américaines, et des craintes d'une contagion qui toucherait d'autres banques.
Selon des experts, il s'agit d'une «action responsable et préventive» qui
reflète des craintes d'une baisse de la demande en pétrole à l'ombre de la
perspective d'une haute inflation et des pressions de la crise financière et
économique. Une thèse confirmée par un haut responsable du ministère saoudien
de l'Energie, qui a soutenu qu'il s'agit d'une «mesure de précaution visant à
soutenir la stabilité du marché pétrolier». Cette décision «volontaire», prise
hors cadre du panel Opep et Opep+,
mais qui engage quand même de gros producteurs de pétrole, n'est-elle pas une
autre façon d'échapper à la pression des lobbies américains et occidentaux, qui
plaident, eux ,pour une ouverture des vannes ?