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Constructions illicites, pouvoir d'achat, bureaucratie: Les réponses de Tebboune

par Ghania Oukazi

Constructions illicites, augmentations des salaires et des pensions de retraite, lutte contre la bureaucratie et la corruption, l'impératif de la numérisation, et autres retards dans la réalisation des projets, ont constitué la trame des questions-réponses entre le président de la République et des représentants de la presse nationale.

Diffusée dans la soirée de vendredi à travers les médias audiovisuels nationaux, la rencontre a permis le recadrage d'un grand nombre de questions notamment celles qui posent problème aux citoyens. Première question sensible, la démolition des constructions illicites lancée dans plusieurs wilayas y compris la capitale et à laquelle le président de la République vient de mettre fin non sans certaines conditions. «Les décisions de démolition des constructions illicites ne doivent être prises qu'après épuisement de toutes les autres voies», a-t-il affirmé. La décision de démolition devrait, a-t-il instruit, «être tranchée par une commission spécialisée placée sous la tutelle des ministres de l'Habitat et de l'Intérieur». De fait, «la décision de démolition ne doit pas être prise systématiquement, il faudrait penser à toutes les solutions possibles avant de la prendre». Entre autres solutions, «l'évaluation de la valeur du terrain sur lequel la construction a été bâtie pour proposer au propriétaire d'en payer le prix, comme ce fut le cas avec certaines usines», a-t-il recommandé. Il existe, à ses yeux, «des moyens et des méthodes pour résoudre ce type de problèmes, au lieu de faire dans l'autoritarisme qui est en porte-à-faux avec le programme du président de la République». Il n'a pas manqué de souligner que «les constructions anarchiques s'inscrivent dans la colonne des questions qui attentent au prestige de l'Etat et devraient faire l'objet d'enquêtes», une mission à charge, a-t-il précisé, de ladite commission qui se doit «d'examiner les dossiers des constructions illicites, d'en désigner les responsables et de définir les conditions dans lesquelles elles ont été bâties». Ceci étant, il a, en tout cas, assuré qu' «il n'y aura pas d'opérations de démolition ou d'expulsion des logements occupés illégalement durant la saison hivernale».

«La numérisation deviendra réalité»

Le président Abdelmadjid Tebboune a fait savoir qu'il a aussi demandé au ministre de la Justice de présenter un projet de loi criminalisant l'accaparement des domaines de l'Etat. Il a relevé que»depuis l'indépendance, aucune construction anarchique n'a été bâtie sur un terrain privé». Ce qui le laisse dire que «l'Etat est en droit de défendre ses biens, au même titre que les droits du citoyen».

Le président a pointé du doigt certaines pratiques qui compromettent certains efforts pour affirmer qu' «elles sont dues à l'ignorance des vrais problèmes soulevés par le citoyen». Pour lui, «les solutions sont là, mais parfois les lenteurs et le manque de discernement donnent lieu à des solutions insuffisantes et peu convaincantes pour le citoyen ». Dans cet ordre d'idées, il aborde la question de la numérisation, au sujet de laquelle il a précisé qu'il n'a eu «de cesse d'appeler, depuis trois ans, à recourir à ce type de technologie, à même de donner des chiffres exacts et fiables, sans falsifier la vérité, définir les problèmes et en trouver les solutions avec célérité». Ce qui le laisse déplorer «l'opacité qui constitue désormais un objectif bureaucratique derrière lequel se cachent ceux qui veulent perpétuer les pratiques du passé». D'autant que, pour lui, «la numérisation constitue un des mécanismes nécessaires pour lutter contre la corruption et la bureaucratie» et que «l'Etat s'emploie résolument à concrétiser cette démarche afin de garantir l'intégrité et la transparence». Son affirmation est que «les mécanismes de lutte contre la corruption sont connus de tous». Sa décision est que «la numérisation deviendra réalité, par la volonté ou par la force des choses». Surtout qu'il est persuadé qu' «une quelconque institution peut aujourd'hui assurer la numérisation en un court laps de temps». D'autant qu'il juge que «l'absence de la numérisation est un acte délibéré susceptible de conduire à la bureaucratie et à des pratiques de corruption».

L'aveu du président de la République

Le président avoue cependant qu'»actuellement, mon ennemi est l'absence de développement». Il a rappelé que»je me suis engagé à réaliser tout un programme pour les citoyennes et les citoyens, il doit être exécuté d'une manière ou d'une autre». Il récuse alors «tous les justificatifs pour expliquer les retards accusés dans la réalisation des projets». Il a affirmé toutefois que «l'Algérie vit aujourd'hui «une révolution» en termes de développement, nécessitant d'éliminer la bureaucratie et d'accélérer la cadence de travail à travers le recours aux moyens de réalisation modernes» et n' «accepter aucun relâchement dans leur concrétisation».

Autres questions qui concernent directement le citoyen, la revalorisation des salaires et des pensions de retraite qui le laissent affirmer que «porter le taux d'augmentation des salaires à 47% à l'horizon 2024, et l'augmentation des pensions de retraite ainsi que la réduction des impôts sur le revenu, sont des décisions inédites et exceptionnelles visant principalement l'amélioration du pouvoir d'achat du citoyen». Il a affirmé notamment que «ces augmentations seront toutes versées avant le mois sacré de Ramadhan». Ceci, tout en notant qu'»aucune augmentation de salaire n'a été enregistrée en Algérie depuis près de 10 ou 15 ans. L'augmentation progressive des salaires actuellement se répercutera indubitablement sur le niveau de vie du citoyen, en attendant une augmentation définitive au cours de l'année prochaine».

«Des mesures seront prises prochainement»

Il a prévenu que «la restriction des importations ne doit pas se faire au détriment de la satisfaction des besoins essentiels du citoyen», et mis en garde «contre l'exploitation politique de la pénurie de certains produits de consommation». Tebboune a indiqué que «l'Etat mène une véritable bataille pour protéger le pouvoir d'achat du citoyen en luttant contre toutes les formes de spéculation et de corruption». Il saisit l'occasion pour s'arrêter sur «le droit syndical» et souligner que «c'est un droit constitutionnellement garanti». Il fait savoir que «la nouvelle loi sur l'exercice de ce droit vient encadrer la création des syndicats». Il soutient ainsi que «les syndicats ne sont ni lésés ni empêchés, mais il s'agit plutôt de consacrer la loi et de mettre fin à des pratiques inacceptables». Le président de la République a, par ailleurs, fait part «de mesures qui seront prises prochainement à l'encontre des personnes qui thésaurisent leur argent» et lancé «un appel pour le placement de ces fonds dans les banques ou leur investissement dans des activités économiques officielles». Le secteur du tourisme qu'il a évoqué lui fera dire que «l'activité du tourisme interne a connu beaucoup de développement», et «l'Etat encourage ce genre de tourisme et ouvre la voie à l'investisseur en vue de promouvoir la vraie image de l'Algérie à l'étranger».

Autre promesse, il a renouvelé son engagement en faveur d'une «véritable démocratie» affirmant que «les réformes entreprises ces dernières années ont permis à l'Algérie de retrouver la place qui lui sied».

«L'Algérie qui triomphe»

Il est convaincu que «l'avis de l'Algérie compte et sa voix est audible aux niveaux régional et international». Il a tenu toutefois à avertir que»les milieux hostiles à l'Algérie (qui) refusent la vérité et la défense des opprimés», et souligner que «l'Algérie n'accepte pas ce qui se passe dans le monde actuellement, de même qu'elle rejette les «agendas» auxquels elle ne participe pas». Il assure ainsi que»nous sommes à l'affût de toutes tentatives ciblant le pays». Il estime que «les parties souhaitant attenter à l'Algérie s'efforcent de le faire «de l'intérieur», en exploitant quelques citoyens algériens qui «ont vendu leur patrie et prêté serment de fidélité à des ambassades étrangères». Il rassure à cet effet que «la tâche de cibler l'Algérie depuis l'extérieur demeure ardue, eu égard à la force et à la résilience de notre pays face aux situations de crise». Pour lui, «l'Algérie est visée de toutes parts car c'est un pays qui n'accepte pas la soumission et le citoyen algérien est fier de son État qui avance la tête haute parmi les nations». Il considère la presse comme «un puissant outil d'ancrage de la démocratie et de lutte contre les tentatives ciblant l'Algérie», et appelé les journalistes algériens à «s'imposer» et à démasquer les tentatives d'exploitation orchestrées depuis l'étranger.

Le président n'a pas manqué de rappeler «l'élan de solidarité de l'Algérie suite au séisme qui a frappé la Syrie et la Turquie», et, a-t-il dit, «le moins que l'on puisse offrir aux équipes de secours dépêchées sur les régions touchées qui ont pénétré dans les zones fermées est «la médaille de l'Ordre de mérite national». Pour lui, «les efforts consentis par les agents de la protection civile, le professionnalisme des pompiers qui ont déjà prouvé leurs compétences avérées pour faire face à des catastrophes similaires dans le monde, reflètent «l'Algérie qui triomphe».