
Alors que
la ménagère continue à se lever à l'heure du laitier... en quête d'un
hypothétique sachet de lait, ou une petite bouteille d'huile de table, la
marmite nationale continue d'être convoquée au menu des réunions. Ainsi, l'on
nous annonce que des viandes rouges nous viendront de l'Argentine, du pays du
Taj Mahal et du Soudan pour garnir nos meïdas ramadhanesques. Et encore pour ceux qui ont la thune !
C'est que le mois de tous les tracas n'est plus qu'à quelques encablures. Du
coup, tout le pays en entier paraît comme plongé dans une «nature morte», tant
l'événement nous «touille» plus les esprits que les estomacs retournés. Et
parce qu'il est tristement vrai qu'un peuple qui ne mange pas de ce qu'il
produit avec ses propres mains «enchaînées» est un peuple voué à becqueter de
tout ce qui tombe de la table des autres, la viande venue du pays du Mahatma,
qu'elle soit mangeable ou pas, pose, encore une fois, le problème à l'envers.
Le téléphone arabe n'étant pas un problème de
fibre optique, le bruit assourdissant selon lequel la viande indienne est
indigne de rentrer dans l'estomac «dévidé» d'un Algérien, «hante» encore le
vaillant peuple des jeûneurs, parce que provenant de l'abattage de bovidés,
supposés être l'animal le plus sacré au pays de Janitou.
Un mauvais sort terrible serait, donc, jeté sur tout jeûneur qui toucherait à
cette viande sacrée ( ?!). Ce melting-pot ramadhano-carêmeux impossible à démêler, aussi bien pour
cheikh Chemssou que pour le défunt inspecteur
Colombo, revient, encore une fois, à savoir si c'est le ramadhan qui nous mange
ou si c'est nous qui devons dévorer le ramadhan et en finir, avec lui, une
bonne fois pour toutes ? Parce qu'à regarder ce mois de tous les «coups permis»
par le nombril de nos estomacs «essorés», la seule question sérieuse à poser au
peuple des jeûneurs est celle de savoir si c'est le ramadhan qui nous lave au
karcher de tous nos péchés «inexpiables» ou si c'est nous qui le salissons
jusqu'à ce qu'il déguerpisse très vite pour revenir torturer nos consciences
chloroformées, douze mois après. Et si des histoires de grand'mères chauves et
édentées nous parlent encore de ces Esprits frappeurs qui sont enchaînés
pendant le mois où le Saint Coran fut révélé au dernier des prophètes, comment
Diantre ! menotter les mains à ceux qui courent après
une place au paradis en apprenant à faire des bigoudis «High tech» sur la tête teigneuse des chauves désargentés ?