|
![]() ![]() ![]() ![]() Suspendus de la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine
(UA), le Mali, la Guinée et le Burkina Faso ont, dans une déclaration commune,
déploré « les sanctions imposées de façon mécanique qui ne tiennent pas compte
des causes profondes et complexes des changements politiques ». Réunis le 9
février dernier à Ouagadougou, les ministres des Affaires étrangères de ces
trois pays ont souhaité la levée de leur suspension de l'UA et de la Cédéao, ainsi que toutes les sanctions décidées à leur
encontre dans le sillage des changements anticonstitutionnels des gouvernements
des pays en question. Si les sanctions économiques ont été allégées afin de ne
pas pénaliser les populations locales, déjà très mal en point, leur suspension
de la Cédéao et de l'UA reste de vigueur tant qu'il
n'y a pas de retour à la légalité constitutionnelle. Les militaires au pouvoir
au Mali et au Burkina Faso prévoient un retour à l'ordre constitutionnel en
2024, et en 2025 en Guinée, alors que la Cédéao et
l'UA exigent la remise de pouvoir à des institutions élues assez rapidement.
Des représentants de la Cédéao ont vainement tenté de
convaincre les militaires au pouvoir dans ces pays d'écourter la transition
démocratique et d'organiser des élections le plus tôt possible, mais la réponse
des militaires, qui ont quand même écourté la période de transition sur le
délai qu'ils se sont fixé, n'a pas changé la donne quant au maintien de leur
suspension. Pouvait-on vraiment espérer une levée de leur suspension sans
retour à l'ordre constitutionnel ? Le principe qui consiste à suspendre
l'adhésion des Etats ayant orchestré un changement de gouvernement
anticonstitutionnel, adopté en 2000 par l'Organisation de l'unité africaine,
est salué comme une réalisation majeure de l'UA dans le cadre de la promotion
de la démocratie et de la stabilité sur le continent, et de ce fait, il est
très difficile d'imaginer que la Cédéao et l'UA
répondent positivement à cette demande des trois pays. Même si les arguments
avancés dans ce sens, notamment la conjugaison de leurs efforts et ceux des
pays de la sous-région et de la région dans le cadre de la lutte contre
l'insécurité dans la bande sahélo-saharienne, sont d'une vérité éclatante, la Cédéao et l'UA ne peuvent pas fouler aux pieds la norme qui
consiste à condamner les coups d'Etat. Cependant, il reste à se demander si cet
appel « à un appui technique et financier concret et conséquent aux efforts de
sécurisation et à accompagner le processus de retour à un ordre constitutionnel
», accompagnant la demande de la levée de leur suspension, peut constituer un
gage de sérieux pour la remise du pouvoir aux civils dans les délais fixés ou
une autre façon de forcer l'acceptation du fait accompli.
|
|