
Du Sud au Nord, la voix de la Russie se fait tonnante en
Afrique. Mais, la fin de la présence des troupes militaires françaises et
alliées au Sahel a-t-elle été une brèche résultant de l'inefficacité de ces
troupes militaires, qui a permis aux Russes de s'engouffrer dans cette région
chaude, ou serait-ce un piège, qui risque de se refermer sur les Russes et leur
causer de très lourdes pertes, voire l'enlisement dans les sables de la bande
sahélienne ? Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors
d'une visite à Bamako qualifiée d'historique, mardi dernier, a promis aide et
soutien aux pays du Sahel et du Golfe de Guinée sur le plan de la lutte contre
le terrorisme. Entendre que la Russie remplace de plain-pied l'alliance
militaire entretenue par ces pays du Sahel avec la France et ses partenaires
européens. Dénoncée par les populations locales depuis la prise de pouvoir par
les militaires, suite à des coups d'Etat qui se sont propagés dans la région du
Sahel, dans le sillage de la prise de pouvoir par des militaires au Mali, la
présence militaire de la France et ses alliés dans cette région s'est effondrée
comme un château de cartes. Au départ, la France ne voulait pas céder du
terrain aux Russes, avant de plier devant la pression des populations hostiles
à sa présence, et les incidents diplomatiques nés de désaccords avec les
dirigeants militaires qui ont pris les commandes au Mali et au Burkina Faso,
notamment. L'entrée des troupes du groupe Wagner ne s'est pas fait attendre.
Et, la présence du chef de la diplomatie russe à Bamako, mardi dernier, devrait
sceller plus fort encore les liens avec Moscou. Dans le cadre de cette visite,
Lavrov a promis au Mali des livraisons d'armements et l'envoi de centaines
d'instructeurs de l'armée russe.
Non sans pointer les
« approches néocolonialistes » des Occidentaux dans la résolution des conflits
en Afrique. Lavrov souligne dans ce sillage que la Russie apporte son soutien
au règlement des problèmes sur le continent africain, partant constamment du
principe qu' « il faut régler les problèmes africains avec des solutions
africaines ». Des « solutions africaines » qui passent par Alger, d'autres pays
du voisinage et l'Union africaine (UA) ? Si c'est le cas, beaucoup de choses vont
changer dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, ainsi que sur le plan du
développement socioéconomique, mais la Russie fait cavalier seul, les retombées
ne seraient que plus pénibles pour les peuples qui subissent depuis une
décennie les affres de la guerre et de la pauvreté.