Y a-t-il vraiment de quoi inquiéter les Tunisiens suite à
l'annonce relative à la mise en place d'un nouveau gazoduc reliant directement
l'Algérie à l'Italie ? On ne connaît pas ni qui véhicule cette inquiétude ni si
elle est réellement ressentie par les Tunisiens. C'est à travers certains
médias qu'on apprend que les Tunisiens se méfient de ce gazoduc reliant
directement l'Algérie à l'Italie. Une méfiance accrue avec le sort qui a été
réservé au gazoduc Maghreb-Europe (GME) passant par le Maroc, fermé par les
autorités algériennes depuis le 1er novembre 2021, et remplacé par le gazoduc
sous-marin Medgaz reliant directement l'Algérie à
l'Espagne. Mais, on ne dit pas tout sur ce projet de réalisation d'un deuxième
gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie, sauf le comparer au GME traversant le
Maroc. Oubliant de préciser que la Tunisie n'est pas le Maroc, et que les
contrats de livraison de gaz algérien à l'Italie sont incomparables avec le
volume livré à l'Espagne. Le président Tebboune a
assuré dans ce sens, lors de la dernière visite à Alger de Giorgia
Meloni, présidente du Conseil italien, qu'un accord a
été signé pour l'étude et la réalisation d'un nouveau gazoduc devant relier
directement l'Algérie à l'Italie, soulignant que celui-ci «transportera à la
fois le gaz, l'hydrogène, l'ammoniac et même de l'électricité», dont la durée
de réalisation ne sera pas longue. C'est un projet qui a été pensé dans les
années 2000, et qui devrait une fois achevé relier la côte algérienne à partir
d'Annaba à l'Italie, en passant par la Sardaigne (Galsi).
Il n'est pas dit qu'il devrait supprimer le gazoduc Transmed,
qui passe par la Tunisie sur une longueur de 370 km. Le GME qui passe par le
Maroc a été fermé par l'Algérie dans le sillage des actes hostiles du Maroc
contre l'Algérie, et il n'y a pas exemple à calquer sur les relations entre
l'Algérie et la Tunisie, qui ont toujours été au beau fixe, marquées par le bon
voisinage et la fraternité qui lie les deux peuples. On cherche à légitimer les
craintes des Tunisiens en mettant en exergue les retombées positives du gazoduc
sur l'économie tunisienne, et ce à quoi ils seraient confrontés au cas où il
subirait le même sort que le GME. Insistant particulièrement sur les bénéfices
que la Tunisie tire du passage sur son territoire du gazoduc approvisionnant
l'Italie. Des bénéfices qui permettent à la Tunisie de répondre à 65% de ses
besoins en gaz, et bientôt 100% de ses besoins suite à la décision
d'augmentation du flux vers l'Italie de 9 milliards de mètres cubes sur les
trois prochaines années. Sans parler des redevances financières, qui ont
avoisiné les 500 millions de dinars tunisiens en 2022. Et, on met la puce à
l'oreille des Tunisiens en soutenant que le gazoduc Transmed
n'est pas au bout de sa capacité qui atteint 32,7 milliards de mètres cubes, et
que l'Algérie ne peut augmenter fortement sa production gazière. Pour laisser
croire que la réalisation d'un nouveau gazoduc n'est ni nécessaire ni
fructueuse. Et pousser à l'inquiétude les Tunisiens. Alors qu'on oublie de
souligner que le flux de gaz vers l'Italie est appelé à augmenter dans le moyen
et long terme, notamment une fois le gazoduc reliant l'Algérie au Nigeria
réalisé. L'Italie est un futur hub gazier européen, si on suit de près les
contrats scellés également avec la Libye, et le Transmed
ne peut qu'avoir de beaux jours devant lui.