Que peut-on
attendre d'un militant présenté comme un extrémiste de droite Suédo-danois, anti-islam et anti-immigration ? Samedi 21
janvier, lors d'une manifestation anti-turque à
Stockholm, cet extrémiste a brûlé publiquement un exemplaire du Coran. C'est à travers cet acte blasphématoire aux yeux des musulmans et
immoral aux yeux d'une bonne partie de l'opinion, qu'elle soit de confession
chrétienne, juive, bouddhiste ou même athée, que cet extrémiste qui manifestait
sa colère contre la Turquie, après son refus d'accorder son quitus pour
l'adhésion de la Suède et la Finlande à l'Otan, a offensé des centaines de
millions de musulmans du monde entier, en premier ceux et celles qui portent sa
même nationalité suédoise et danoise, ainsi qu'américaine, française, canadienne,
allemande?, avant d'en arriver à parler des peuples arabo-musulmans, des
Iraniens, des Indonésiens et des Malaisiens. «Si l'on ne pense pas qu'il
doit y avoir de liberté d'expression, il faut vivre ailleurs», avait-il laissé
entendre. Les autorités suédoises ont exprimé leur sympathie aux musulmans,
sans manquer, par la voix du ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billström, de défendre «une liberté d'expression très
étendue», sans que cela implique le gouvernement suédois, a-t-il
précisé. Ainsi, on assimile une provocation à la haine religieuse, en brûlant
un exemplaire du Coran, à la liberté d'expression. Ainsi, la Suède doit
accepter le fait que, pour cette liberté d'expression, un seul homme peut nuire
à ses relations avec de nombreux pays qui se sentent offensés par un tel acte.
En tout cas, la réaction presque complaisante du gouvernement suédois n'a pas
été faite pour atténuer la colère des pays musulmans, dont l'Algérie, qui ont
unanimement condamné et dénoncé «cet acte odieux susceptible d'attiser la haine
et de provoquer les sentiments religieux des musulmans, et de porter gravement
atteinte aux valeurs de liberté sur lesquelles reposent les sociétés, avec ses
significations pour l'humanité». Cela n'empêche pas de se demander si ces condamnations
et indignations, exprimées dans le sillage de cet acte, pourraient changer le
comportement de tels individus ? Cet acte odieux, qui n'est ni le premier ni le
dernier, ne doit-il pas inciter les musulmans à adopter d'autres positions et
réactions pour rapetisser ceux qui les commettent avec l'intention de se mettre
sous les feux de la rampe ? Sûr que toute religion s'accompagne d'une forte
émotion humaine, mais ses enseignements s'abreuvent aux sources du bien et non
du mal où puise ses motivations quiconque brûle le Coran ou tout autre livre
saint. Brûler un exemplaire du Coran n'anéantira pas l'islam. Pour la petite
histoire, ces catholiques intégristes qui ont acheté ?Harry Potter' juste pour
brûler ses exemplaires et condamner l'«hérésie» qu'ils ont vue dans ses lignes
n'ont pas empêché la série de livres de se classer parmi les best-sellers et la
série de films adaptés dans le top du box-office. Pour dire que les intégrismes
de tous bords sont une pure idiotie. Une idiotie qui, si on n'y prend pas
garde, peut mener au pire. Qu'arriverait-il si, au nom d'une «liberté
d'expression étendue», on se mettait à se jeter à la face de pareilles offenses
dans tous les sens ?