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Quelle contrepartie ?

par Abdelkrim Zerzouri

Longtemps après avoir laissé croire à une «victoire diplomatique» que représente la reconnaissance du Sahara marocain, entre autres justifications avancées dans le cadre de la signature des accords d'Abraham, scellant la normalisation des relations diplomatiques entre des pays arabes et l'entité sioniste, le Maroc n'a pas eu d'autres choix que de revenir, deux ans plus tard, avouer un «échec diplomatique» dans ce même dossier du Sahara occidental, considéré comme le prisme à travers lequel le Maroc juge ses relations avec les autres pays.

 D'une manière claire, un site d'information américain rapporte, ces derniers jours, que le Maroc pose une condition pour que les deux bureaux de liaison à Rabat et à Tel-Aviv deviennent des ambassades du Maroc et d'Israël représentées dans les deux pays, comme le souhaite Tel-Aviv, à savoir la reconnaissance officielle par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Israël n'a, jusqu'à présent, jamais reconnu la pseudo-marocanité du Sahara. Ce n'était un secret pour personne, sauf pour le Makhzen, qui évitait de parler publiquement de cette position israélienne à l'égard du dossier du Sahara occidental. Laquelle position a fait couler beaucoup d'encre, sans jamais pouvoir lever toute l'ombre qui l'entoure. Malgré une reconnaissance par les Etats-Unis, à la fin du mandat de Trump, de la marocanité du Sahara, qui a forcé la main au roi Mohamed VI, pour signer les accords d'Abraham, la troisième partie concernée par ce pacte, en l'occurrence Israël, n'a pas suivi ce pas de Donald Trump. Deux ans durant, le Maroc a vainement tout tenté pour arracher à l'Etat hébreu une reconnaissance publique de la marocanité du Sahara, ce qui explique que la raison de ce non alignement sur les Etats-Unis est un secret jalousement gardé par les responsables israéliens. Ce n'est pas parce que Israël soutient le Front Polisario, bien évidemment, mais peut être parce qu'on cherche à obtenir une contrepartie plus importante qu'une normalisation des relations diplomatiques, officialisant des liens qui existent, déjà, depuis des décennies entre le Makhzen et l'entité sioniste. Reste seulement à se demander, pourquoi le Maroc sort, maintenant, de son long silence, et exige ouvertement d'Israël une reconnaissance officielle de la marocanité du Sahara ? Dès lors, le Maroc, qui admet clairement qu'il y a une résistance israélienne à reconnaître la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis, expose ses thèses et ses arguments à un affaiblissement sur le plan international. Comment, en effet, convaincre d'autres pays à propos de ses thèses si l'un des alliés les plus sûrs du Maroc ne marche pas dans la combine ? Pour revenir au choix du timing pour exercer ce forcing sur les responsables d'Israël, il est important de noter que le terrain se prête bien, aujourd'hui plus que tout autre temps, à pareille manœuvre. Le nouveau gouvernement mené par Netanyahu semble, en effet, plus disposé à répondre positivement à l'exigence marocaine, mais certainement pas sans arracher une contrepartie dans le dossier qui focalise toutes ses actions, la Palestine. Aujourd'hui, des responsables israéliens ne cachent pas que le nouveau gouvernement de droite « n'aura aucun problème à reconnaître le Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc», probablement dans les prochains mois. Lors d'une prochaine visite de Netanyahu au Maroc ?