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Pour l'expert et consultant
international dans les questions énergétiques, Mourad Preure,
«l'Algérie a aujourd'hui une opportunité qui ne se représentera jamais»,
notamment dans ce contexte de reconfiguration mondiale et de crises économique
et énergétique, estime-t-il, appelant à la nécessité d'adopter une stratégie
permettant de s'imposer sur le marché mondial de l'énergie et de capter les
investissements en quête de stabilité et de ressources.
Invité, hier, à la radio nationale Chaîne 3, Mourad Preure affirme que «toutes les étoiles sont alignées en faveur de l'Algérie et son pouvoir de négociation n'a jamais été aussi fort». Décrivant la situation en Europe, un des principaux clients de l'Algérie, en matière de gaz naturel, l'intervenant estime que cette région est dans «une situation extrêmement délicate, avec une inflation de près de 10% en moyenne, et de 22% pour les pays du nord de l'Europe». A cela s'ajoute «l'inflation sur les coûts de production, qui annonce l'inflation future, autour de 60%, ce qui est exceptionnel» et une «croissance ralentie». «On annonce une récession en Allemagne. La Banque de France s'attend entre 0% et 0,5% de croissance, avec un endettement de 3.000 milliards d'euros, soit 120% du PIB. Donc c'est une situation extrême», dit-il. En fait, selon M. Preure, «la crise ukrainienne est un choc exogène pour l'économie européenne qui était convalescente depuis la crise du Covid-19. En fait, depuis 2008, on est sur les mêmes lignes de fonctionnement ; c'est-à dire le recours à la planche à billets, et la baisse des taux d'intérêt. L'inflation a surpris tout le monde, s'en suit une hausse des taux d'intérêts à 2,5%. Tout cela renchérit la dette européenne (5%, contre 7% en Italie)». Par ailleurs, M. Preure estime que le plafonnement des prix du gaz naturel russe par les pays de l'Union européenne «est une illusion». Selon lui, la Russie «est déjà sur un autre modèle d'exportation». «Le Barycentre pour la Russie, entre ses gisements sibériens, que ce soit l'Europe ou l'Asie, c'est quasiment la même chose. Elle est justement en train de se réorienter vers l'Asie. En plus, la Turquie qui saisit l'occasion pour se proposer comme hub gazier, donc le fameux gazoduc South Stream, qui devait rejoindre la Bulgarie, ayant été refusé par l'UE, s'est tourné vers la Turquie. Selon lui, l'Europe «agit dans le désordre» alors qu'en face «la Russie a une capacité de résilience qui a été sous-estimée». Pour toutes ces raisons, Mourad Preure recommande aux dirigeants de l'Algérie de saisir cette opportunité en adoptant une «démarche agressive» non pas en tant que simple exportateur, mais en qualité de pays transformateur des produits énergétiques et de terre attractive pour les investissements étrangers, particulièrement européens. «Le gaz est un levier sur la base duquel on peut avoir des ambitions stratégiques. Il faut saisir cette opportunité pour renforcer sa position concurrentielle», insiste-t-il. L'expert note également que tous les pays ont compris que l'Algérie a honoré ses contrats gaziers même en temps de la guerre civile, ce qui fait d'elle un partenaire fiable, crédible et incontournable. |
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