Oui, c'est
vrai, la langue française n'appartient pas qu'aux Français. Mais le problème
est-il dans la langue, comme pour la religion, de ceux qui la pratiquent ou
ceux qui l'utilisent pour mieux tromper l'ennemi ? D'aucuns chez nous,
continuent de plaider, avec des larmes aux yeux, pour la cause de la langue de
Molière, gravement menacée par l'anglais, ce «sabir» le plus partagé sur la
planète. Pour d'autres, l'on ne peut vouloir le rayonnement de la langue
française et, dans le même temps, fermer ses frontières à ceux qui parlent
français, qui étudient le français, qui créent en français. Et c'est justement
là que le nœud gordien ne risque pas de se dénouer de sitôt. Pour s'en
convaincre, il suffit de demander à un jeune Algérien, choisi au pif, sa destination
préférée pour se rendre compte du « désamour » flagrant qui le sépare de
l'ex-Gaule. Non, assurément, la France n'est pas aimée en Algérie, même si sa
langue, résistant à l'arabisation au rabais des seventies, continue à être
pratiquée par des Algériens, considérés à juste titre comme de meilleurs
francophones que les Québécois. Parce que la cohabitation linguistique ne peut
être possible que si la circulation des personnes, (avant l'argent !), est
entièrement libre, vouloir la promotion d'une langue, fut-elle le français, en
tant qu'espace culturel et véhicule de dialogue, ne peut être « désaccouplé »
d'autres valeurs comme le respect de l'Autre, de son histoire, de sa langue et
de sa liberté de conscience. Entre l'Algérie et la France, le contentieux mémoriel
est si pesant qu'adhérer à l'espace francophone revient à trahir ceux qui sont
morts en combattant le «roumi », cette hydre atlantiste, même si notre meilleur
«butin de guerre» reste cette belle langue de Lamartine. Selon le très docte
Wikipédia, la francophonie, en tant que fait de parler français, « est une
composante de la politique étrangère de la France (...)». Largement de quoi se
méfier et réveiller des souvenirs dolents pour un peuple qui veut entendre
parler de tout sauf d'une corde « assassine » dans la maison d'un pendu!