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Premier arrivé...

par Abdelkrim Zerzouri

Après un très long processus de la création du projet de la Zone de libreéchange continentale africaine (ZLECAF), dont la décision de son lancement a été prise, en janvier 2012, lors de la 18ème session ordinaire de la Conférence de l'Union africaine, le rêve commence-t-il à devenir réalité ? En cette fin d'année 2022, les choses semblent s'accélérer dans ce sens. Huit pays africains ont accepté, la semaine dernière, de mettre en œuvre la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Ainsi, un accord a été conclu entre le Ghana, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l'Egypte, l'Ile Maurice, le Cameroun et la Tunisie, qui représentent environ 20% de la population du continent, soit 300 millions d'habitants, pour initier des transactions commerciales, dans le cadre de la ZLECAF, visant la promotion des politiques d'investissement et de concurrence, l'accélération du financement des infrastructures qui facilitent les liens ruraux-urbains et l'égalité d'accès aux opportunités socio-économiques et aux ressources productives. La ZLECAF élimine également les droits de douane sur 90 % des biens produits sur le continent, s'attaque aux obstacles non tarifaires au commerce et garantit la libre circulation des personnes.

En tout cas, selon de nombreux observateurs, le rêve devient réalité pour les Africains, comme l'a signifié le Secrétaire général de la ZLECAF, Wamkele Mene, lors de la cérémonie de lancement de cet accord entre ces huit pays, à Accra (Ghana), soulignant que « c'est le moment que les mères et les pères fondateurs de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) ont tant attendu». L'Algérie, qui soutient résolument que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) « est un choix stratégique», ne figure pas parmi les pays qui ont accepté de commencer à commercer dans le cadre de la ZLECAF.

Une position de retrait incompréhensible, donc, notamment si on considère que le pays s'est lancé à l'assaut du marché africain dans le cadre d'une politique foncièrement tournée vers l'Afrique depuis l'élection du Président Tebboune à la magistrature suprême, qui soutenait lui-même, à maintes reprises que « la profondeur de l'Algérie c'est l'Afrique ».

Pourquoi alors l'Algérie n'a pas mis la main dans ce plat africain ? Est-ce parce qu'on n'a pas encore mis en adéquation la réglementation, notamment douanière et sur le plan de la libre circulation des personnes, ou parce que ces huit pays ont manifesté leur intérêt bien avant tous les autres pays africains signataires de cet accord, qui sont au nombre de 54, et servir de test avant l'intégration à terme de l'ensemble des Etats africains ? Car, des problèmes de fonctionnement vont certainement surgir, et il faudrait les aplanir avant que la ZLECAF ne soit effective au niveau de tous les Etats africains. Et, là encore, les huit pays qui ont accepté d'appliquer les termes de la ZLECAF auront une longueur d'avance sur tous les autres, selon le principe du premier arrivé, premier servi.