Non mais
qu'est-ce qu'un notable sous nos cieux très particuliers ? Celui qui se met au
premier rang à la mosquée pour «retaper» sa respectabilité ? Un homme en
smoking «Smalto», la culture et le raffinement en
guise de talon... d'Achille et les poches pleines aux as, un peu comme un fil
d'Ariane capable de faire traverser le grand désert à un béquillard malvoyant ?
Ou celui qui a le ventre gros comme une fausse carte de visite, le double
menton comme passe-partout et le cou gras en guise de puissance léonine ? Non
mais sérieux, qu'est-ce qu'un homme «notable», chez nous autres dézédiens : celui qui mérite d'être noté, comme on note un
mauvais potache pistonné; ou celui qui arrive à tout
acheter sans sous ni argent, y compris le «silence» des sourds et la parole des
muets ? Sous nos latitudes désappointées, un notable, c'est un compte en banque
aussi gros qu'un coffre-fort à la combinaison introuvable ou un portefeuille
distributeur semi-automatique d'oseille, à tout va ? Même si un notable peut,
ensuite, être dégradé d'un demi-galon en devenant une «notabilité»,
c'est-à-dire une espèce de satrape, à mi-chemin entre l'argent qui «roupille»
et la quête éperdue d'une virginité perdue. Un notable, alter ego déprimé d'une
«notabilité» accablée, c'est aussi un homme qui a ses «entrées lisses», là où
la valetaille n'a que ses «sorties revêches». Vers le rien. L'insignifiant. Le
néant. Le vide. Le zéro. Un «notable» est un faux visage de faux. Mais que l'on
peut approcher sans danger pour la santé, mais avec un risque avéré «d'infréquentablilité» chronique. Un «notable», c'est,
surtout, un homme qui sait faire actionner le sas entre une prière qui ne porte
pas et un «coup de patte» qui projette loin, du bon côté de la barrière. Un
«notable», est le seul capable de couper les ailes à un vautour, juste pour lui
voler une rémige. Poser un piège à un loup pour lui happer le bon morceau.
Monter sur un dromadaire pour éviter de se faire mordre par un clebs. Nager
avec une baleine pour mieux noyer le petit poisson.
Un
«notable», ça peut même monter jusque sur le toit d'un gratte-ciel pour
redescendre aussitôt avec un patronyme aseptisé et des «entrées» avec issues de
secours multiples. Aussi vrai que la meilleure plume est celle d'un oiseau ;
lui au moins sait l'utiliser pour prendre de la hauteur !