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Le spectre de la crise des céréales revient hanter les
esprits, notamment dans les pays pauvres, où les populations ne se sont pas
encore remises du choc des dernières pénuries et des prix inaccessibles sur le
marché mondial après l'arrêt des exportations des céréales à partir de
l'Ukraine. Depuis l'annonce, le 29 octobre, de la sortie de la Russie de
l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, après une attaque de
drones sur sa flotte dans la baie de Sébastopol, en Crimée, laquelle attaque a
endommagé un navire participant à la sécurité des convois chargés d'exporter
ces céréales, une nouvelle crise des céréales n'est pas du tout à écarter.
Ainsi tombe à l'eau ce qu'on appelle « l'initiative céréalière de la mer Noire
», négociée par les Nations Unies et la Turquie, qui a permis le rétablissement
des exportations vitales d'aliments et d'engrais de l'Ukraine. Mettant en péril
les navires chargés de cargaisons de céréales et d'engrais qui empruntent ce
couloir humanitaire maritime depuis trois ports ukrainiens clés vers de
nombreuses destinations.
Suite à la suspension par la Russie de sa participation à l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, la sécurité dans la mer Noire n'est plus garantie. Signé le 22 juillet dernier, pour une trêve de 120 jours dans la mer Noire, l'accord a été rompu à près de trois semaines de son délai. Alors que les parties impliquées dans cette initiative humanitaire souhaitaient une prolongation de l'accord en question au-delà des 120 jours, les espoirs se sont écroulés à la suite de cette attaque de drones sur la flotte russe dans la baie de Sébastopol, qui a mis tout le dispositif militaire russe en état alerte. Et, la plus grande crainte serait d'assister à un long arrêt des exportations des céréales ukrainiennes, qui entraînerait une nouvelle flambée des prix sur le marché mondial et aurait, de ce fait, des conséquences dramatiques sur les populations pauvres. Tous les observateurs se posent déjà la question, la suspension de l'accord par la partie russe est-elle temporaire ou définitive ? A l'ONU, on est pleinement conscient que « sans la fin de la guerre, l'avenir est incertain », mais on n'espère pas moins une continuation de la coopération entre les parties en conflit, la Russie et l'Ukraine, pour éviter une grave crise alimentaire mondiale. Pour le moment, les parties concernées s'accusent mutuellement, et rien n'indique qu'on se dirige vers un apaisement des esprits. Le secrétaire général de l'ONU a appelé, vendredi dernier, «toutes les parties» à faire «tous les efforts» pour prolonger l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, mais il va avoir sur la table du Conseil de sécurité le dossier de cette attaque contre la flotte russe, soulevé par la Russie, et tout dépend du traitement qui lui sera réservé. La plainte de la Russie, qui veut attirer l'attention de la communauté internationale, et qui parle d'une série d'attaques terroristes avec l'implication de la Grande-Bretagne, trouvera-t-elle écho auprès du Conseil de sécurité ? Et, si ce n'est pas le cas, ce qui est fort probable selon le rejet manifeste de ces accusations par les pays occidentaux, comment s'attendre à un gel rapide de la suspension de la participation de la Russie à l'accord sur les exportations des céréales ukrainiennes ? |
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