L'évaluation du niveau des élèves semble
être une préoccupation majeure chez les responsables du ministère de
l'Education. Car il faut admettre qu'en matière d'aspect quantitatif,
«l'Algérie a bel et bien atteint son objectif avec plus de 10 millions d'élèves
scolarisés», mais «en matière de qualité de l'enseignement, personne ne saurait
vous dire si on a atteint l'objectif ou pas», nous dit l'ancien pédagogue,
Meziane Meriane. Justement, après avoir décidé d'inclure
à partir de cette année le système d'évaluation continue des quatre matières
linguistiques du cycle primaire dans le calcul de la moyenne générale des
élèves, pour le passage au palier supérieur, le département de Belabed a décidé d'aller vers une autre démarche dans le
système d'évaluation. Il s'agit de la création de fichiers définissant les
acquis scolaires des élèves du palier primaire dans toutes les matières. C'est
ce qu'a annoncé à Constantine le président du Conseil national des programmes (CNP)
auprès du ministère de l'Education nationale, Abdallah Loucif.
Il a indiqué que ces fichiers constituent «le maillon perdu» entre les deux
paliers du primaire et du moyen, estimant qu'ils devront fournir une idée
claire sur les acquis et les difficultés de chaque élève qui passe au palier
moyen. Cette mesure permettra de «définir avec précision les acquis non obtenus
par l'élève afin de les traiter pédagogiquement dès le début de l'année
scolaire», a affirmé le président du CNP. Cette démarche s'inscrit dans le
cadre de la mise en œuvre du plan de travail du gouvernement concernant
notamment la révision du système des examens scolaires. Le président du CNP a
expliqué dans les détails que les études réalisées chaque année par le
ministère de tutelle ont montré «un taux élevé d'échec chez les élèves de
première année moyenne en raison de l'absence d'une approche globale et claire
des capacités des élèves qui passent du primaire au moyen». Et d'affirmer que
l'examen des élèves dans toutes les matières en fin du palier primaire (au lieu
de seulement trois matières) permettra de diagnostiquer avec minutie les acquis
de chaque élève et de les porter sur des fichiers de sorte à en connaître ses
performances et d'en déterminer les insuffisances. M. Meriane
a affirmé que l'élaboration des fichiers définissant les acquis scolaires des
élèves du primaire est une bonne chose, notamment si on arrive, à travers ces
fichiers qui seront transmis à la tutelle, à identifier les difficultés
d'acquisitions et d'apprentissage. Que ce soit d'un élève à un autre, d'un
établissement à un autre et d'une région à une autre. Et de préciser que les
inspecteurs auront ainsi une grande tâche pour y remédier. Il dira que
l'évaluation et l'identification des difficultés s'imposent car il y a toujours
des questions sur les faiblesses dans l'acquisition des langues et dans les
mathématiques par exemple. Il précise qu'il faut remédier pour avancer et pour
ne pas se contenter du constat. Le chargé de la communication du Syndicat
national des travailleurs de l'éduction (SNTE), Djahid
Hireche, a indiqué au Quotidien d'Oran que «le
recours à un fichier définissant les acquis scolaires des élèves est une
obligation, du moment que nous avons adopté le système de l'approche par
compétence». Il explique que l'approche par compétence dans l'enseignement du
primaire ou dans d'autres paliers est une approche pédagogique et éducative
dans laquelle les élèves sont évalués sur les compétences qu'ils ont pu
acquérir et les acquis maîtrisés, et non sur les notes obtenues en classe et
lors des examens seulement. Avec bien évidemment la nécessité de remédier face
à toutes sortes de difficultés relevées.
Notre interlocuteur précise que
l'élaboration de ce fichier est une excellente démarche puisque cela permet d'évaluer
le parcours des élèves durant leur année scolaire. Mais, souligne-t-il, la
réussite de l'approche par compétence est tributaire des moyens et outils
pédagogiques disponibles. Il relève, dans ce contexte, le problème de la
surcharge des classes. «Pour appliquer l'approche par compétence et atteindre
les objectifs, notamment en matière de qualité de l'enseignement, il faut que
le nombre des élèves ne dépasse pas 25, sachant malheureusement que nous avons
des classes qui comptent entre 40 et 50 élèves, parfois plus», regrette-t-il.