|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
L'inquiétude
face au chômage a éclipsé les agendas des Algériens, après que l'obtention d'un
emploi permanent est passée d'un droit à un rêve pour des milliers de jeunes,
notamment les diplômés. L'Algérie est l'un des pays les plus riches du
continent africain grâce aux revenus pétroliers qui ont augmenté les réserves
de change au cours des vingt dernières années. Une réalité qui exacerbe la
contradiction dans un pays qui enregistre des milliards de dollars de revenus
alors que ses citoyens vivent dans des crises de vie continues.
Quant aux solutions gouvernementales, elles flottent encore à la surface du problème, diagnostic logique pour le démanteler, puisque les autorités s'empressent d'approuver une allocation purement sociale pour les chômeurs, que beaucoup considèrent comme un simple palliatif qui retarde la solution mais aussi une aumône qui ne suffit pas au besoin des chômeurs, alors que d'autres la décrivent comme l'arbre à travers lequel le gouvernement tente, en vain, de cacher la forêt du chômage. Dans les détails, plus d'un million et demi (le chiffre de démarrage étant moins d'un million) de chômeurs en Algérie reçoivent l'allocation chômage approuvée par le gouvernement pour les chômeurs diplômés, sans qualification et même les femmes au foyer en attendant le traitement de dossiers de nouveaux bénéficiaires face à la récession persistante et l'essoufflement de l'économie algérienne. Le 15 février, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a décidé d'instaurer une allocation de chômage sous la forme d'un salaire mensuel de 13.000 dinars algériens (90 dollars), dans le cadre de la responsabilité sociale de l'État envers le bénéficiaire qui continue de l'obtenir jusqu'à ce qu'il obtienne un emploi, en plus d'une couverture santé comme le reste des salariés. La décision du président algérien d'introduire cette allocation qui occupe des millions de jeunes qui cherchent à en bénéficier malgré sa faible valeur, par rapport au coût de la vie élevé, dans un pays où le taux de chômage est élevé touchant toutes les catégories de la population. Cependant, les organisations de défense des droits de l'homme et les défenseurs des droits des chômeurs ont critiqué cette décision, qu'ils considèrent comme solution facile -les jeunes chômeurs sont à la recherche d'un emploi décent et ne demandent pas une bourse égale à 60% du salaire minimum national garanti, qui ne couvre pas les dépenses d'une semaine pour un jeune sans emploi-. Ces mêmes organisations décrivent cette démarche de purement politique et une manœuvre de l'autorité pour gagner la confiance de la jeunesse. La loi algérienne définit un chômeur comme une personne âgée de 16 à 50 ans, sans travail, en mesure de travailler et à la recherche d'un emploi. Or, il a été décidé que les bénéficiaires de l'allocation doivent être âgés entre 19 et 40 ans, inscrits comme primo- demandeurs d'emploi auprès de l'Agence nationale de l'emploi. Le gouvernement confirme, à travers les déclarations des ministres, que le chômage est toujours stable, mais sans divulguer de chiffres précis, depuis septembre 2019, lorsque la dernière fois que le ministère du Travail a annoncé des chiffres détaillés pour montrer que le chômage a enregistré 11,6% au premier trimestre de 2019, le nombre de chômeurs a atteint 1,456 millions, dont 35% étaient titulaires d'un diplôme universitaire. En mars 2021, le ministre du Travail de l'époque, Hachemi Jaaboub, a annoncé que le taux de chômage en Algérie était de 11,5%. Cependant, les déclarations officielles, malgré leur ambiguïté, trouvent de nombreux sceptiques à leur sujet, d'autant plus qu'elles sont liées à une étape où la crise financière et la récession économique ont atteint leur apogée, ce qui, pour de nombreux économistes, ont fait de simples chiffres «politiques» plutôt qu'économiques. Les économistes sont clairs par rapport au taux de chômage stable à un moment où l'économie algérienne connaît une contraction majeure et un taux de croissance diminuant à 2,5% de 4% puis à 1,5% selon les déclarations du gouvernement, en raison des retombées du Covid-19 et la politique d'austérité qui a été décidée. Selon quelques économistes algériens, le taux de chômage est passé au-dessus du seuil de 22% à la fin de 2021, en raison de la stagnation de l'économie, de la pandémie sanitaire et de la baisse des dépenses publiques, qui sont le moteur de l'économie, des chiffres qui contredisent le discours officiel affirmant la stabilité et l'amélioration du marché du travail au cours de la période récente. Pour sa part, le Fonds monétaire international s'attendait à ce que l'Algérie enregistre des taux de chômage sans précédent, et la raison en est le nombre élevé de jeunes à la recherche d'opportunités d'emploi en plus de la crise économique étouffante dans laquelle le pays patauge après l'effondrement des prix du pétrole, avant la récente hausse. Même l'année prochaine verra une nouvelle hausse du chômage pour deux raisons, la première est liée à la poursuite de la récession économique tandis que la seconde a trait au retard considérable de relance des entreprises après la crise sanitaire. Ainsi, la mise en place d'une allocation chômage au profit des jeunes primo-demandeurs d'emploi a quand même fait bondir les statistiques sur le chômage en Algérie. Non, la récession ne sera ni courte ni légère et l'Algérie n'échappera pas à une nouvelle crise systémique et à une récession longue et profonde. Cela fait plus d'un an que les spécialistes expliquent que la hausse de l'inflation sera persistante, que ses causes incluent non seulement de mauvaises politiques mais aussi des chocs d'offres négatifs, et que la tentative de la Banque centrale de la combattre provoquera un atterrissage économique brutal. Ils avaient averti que, lorsque la récession arriverait, elle serait grave et prolongée, avec des difficultés financières et des crises de la dette généralisée. Lorsque la pression du front social est forte, le gouvernement algérien recourt souvent à l'ouverture d'emplois dans de nombreux secteurs publics pour absorber une partie du nombre de demandes d'emploi, surtout ces dernières années, cela s'est traduit par l'intégration des contractuels du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle au niveau des administrations mais sans pouvoir généraliser l'opération sur les entreprises publiques et privées. Aussi, les bénéficiaires de l'allocation chômage sont désormais contraints de suivre une formation professionnelle. Cette décision, qui prend effet dès ce mois, est une mesure du gouvernement visant à encadrer cette allocation, alors que les bénéficiaires sont de plus en plus nombreux. Tous les bénéficiaires de l'allocation chômage sont tenus de suivre obligatoirement une formation présentielle pendant une période de 3 à 6 mois, selon une circulaire du ministère. Selon le même document, des directives ont été données aux directeurs des centres de formation professionnelle et aux directeurs de l'emploi de wilaya, afin de mettre en place des mécanismes de formation pour accueillir cette catégorie d'apprenants. Les formations seront axées sur les métiers dont la main-d'œuvre est déficitaire sur le marché de l'emploi algérien. A travers cette stratégie, le gouvernement espère donner à ces demandeurs d'emploi des compétences pour une meilleure insertion professionnelle. Ce qui permettra non seulement de réduire le taux de chômage situé à près de 15%, mais également d'aider le pays à disposer d'une main-d'œuvre locale dans les secteurs stratégiques pour soutenir son développement. Les bénéficiaires qui refuseront de se soumettre à cette nouvelle règle seront suspendus du programme d'allocation. Les absences non justifiées lors de la formation sont également un motif de suspension. Le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Yacine Merabi, a affirmé que plus d'un million de personnes concernées par l'allocation chômage bénéficieront d'une formation de courte durée à compter de la rentrée professionnelle prévue ce mois. S'exprimant au Forum de la Radio algérienne, le ministre a précisé que les bénéficiaires de l'allocation chômage sans qualification au nombre de 1.350.000 recensés au niveau national vont bénéficier d'une formation de courte durée au niveau des établissements de formation, rappelant la circulaire interministérielle définissant les mécanismes de prise en charge de la formation au profit des bénéficiaires de l'allocation chômage. Evoquant la nomenclature des filières et des spécialités de la formation professionnelle incluant 495 spécialités réparties sur 23 branches professionnelles, M. Merabi a affirmé que son département a mis en place plusieurs mesures pour que ces spécialités répondent aux exigences de l'économie nationale, à l'instar du partenariat scellé avec plusieurs secteurs et entreprises, en sus de l'actualisation des programmes de formation. En prévision de cette rentrée, le secteur sera renforcé par l'entrée en service de 24 établissements de formation dont la création de 6 instituts nationaux spécialisés et 11 centres de formation professionnelle et d'apprentissage (CFPA) et la promotion de 4 CFPA en instituts nationaux spécialisés, a fait savoir le ministre, qui a ajouté que les portes du secteur de la formation professionnelle sont ouvertes à toutes les catégories de la société désirant s'y inscrire. Le ministre a indiqué que le secteur œuvre à créer des formations dans des spécialités répondant aux exigences de l'économie nationale dans le but de trouver des compétences qui s'alignent avec les exigences du marché de l'emploi, ajoutant que le secteur s'adapte aux nouveautés en la matière. Or, l'assurance qualité joue un rôle déterminant dans la modernisation des systèmes de la formation professionnelle et dans l'amélioration de leurs performances et de leur attrait. Pour optimiser les ressources financières, ces systèmes doivent répondre plus efficacement à l'évolution de la demande du marché du travail, d'où la nécessité d'accroître l'efficacité des résultats en améliorant l'adéquation entre l'offre et la demande en matière d'éducation et de formation. Ainsi, la décentralisation et l'autonomie, la complexité du développement social et l'influence du contexte, l'impact à long terme des objectifs, le conflit potentiel entre la quantité et la qualité, la charge statistique et l'implication des différentes parties prenantes comptent parmi les principaux défis à relever. Concernant les objectifs à atteindre par le système de formation professionnelle, il n'y a pas de conséquences positives ou négatives spécifiques pour les responsables de la gestion du système. La principale conséquence est l'acquisition ou la perte de crédibilité au niveau national ou local. Former pour former mène à créer un déséquilibre du marché de l'emploi, ce qui élimine tous les efforts et les objectifs de toute stratégie de l'emploi et c'est la raison pour laquelle l'adéquation formation/emploi reste le grand défi à relever. Référence : Site du MTESS - Travail Site du MEFP - Formation professionnelle Rapport de suivi de la situation économique en automne 2022 de la Banque mondiale, « des indicateurs disponibles du marché de travail en Algérie ». |
|