Un commerçant,
avec trois chaises et un escabeau, occupe la voie publique devant son magasin.
Un automobiliste, en voulant garer son véhicule, heurte l'escabeau pour le
casser en deux. S'ensuivit une rixe qui ameuta de nombreux badauds. Jusqu'à
l'arrivée de deux policiers en faction pas loin dans cette artère commerçante
très fréquentée. Mis dos-à-dos, le commerçant « occupant illégal » du trottoir
et de la voie publique prétexte l'arrivée d'un camion pour lui livrer sa
marchandise, tandis que l'automobiliste veut juste stationner sa bagnole pour
quelques minutes, le temps de récupérer un sachet chez le légumier d'en face.
La scène n'a pourtant rien d'insolite tant ce spectacle hideux est offert au
regard blasé du badaud, chaque jour que Dieu fait. Un adage bien algérien dit
que « 40 millions d'Algériens, 40 millions de gouvernements!
». Plus encore, l'Algérien est expert multi-disciplines, de la politique au
sport en passant par la « faculté » de faire d'un baudet un cheval de course,
et d'un analphabète trilingue un Nobel qui s'ignore ! Sauf que l'éducation la
plus élémentaire, le respect des autres et du feu rouge ou de l'arrêt du stop,
l'hygiène et la propreté devant sa porte ou dans son quartier, tout ça n'est
pas dans la mentalité vernaculaire hélas ! Une sorte de
mentalité « clando », ça vous apprend à vous convaincre à sourire lorsque l'on
fourre une main baladeuse dans vos poches trouées, vous arracher le bras de
votre honneur quand vous voulez simplement tendre votre main calleuse, vous
faire débourser six mois de sueur froide avant que vous ne touchiez votre
premier rond de toute votre vie, vous apprendre à réciter par cœur les sept
péchés capitaux avant de vous autoriser à quitter vos frontières indéfinies
pour aller laver vos os de toutes les vilénies. Une mentalité « clando
», ça fonctionne en club bunkerisé, ça parle à
soi-même par « derrière l'oreille mutilée, avec une langue qui pendouille
jusqu'au nombril, et des yeux « haut placés » comme un lièvre qui a désappris
que son « rôle » est d'apprendre à courir plus vite que soi. Une mentalité «
clando », c'est aussi une « engeance » si puissante que ça peut, avec l'agilité
d'un « croqueur » par vocation, déglutir plus vite que son ombre; ça peut même
acheter cash des objets volants, bien identifiés ceux-là, mais avec du flouze
volé dans les poches « dévidées » des loosers, creuser un puits avec ses mains
nues pour revendre son eau fossilisée en cachette, blotti dans le creux d'une
dune scélérate.