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Les lobbies fatigués ?

par Abdelkrim Zerzouri

Les lobbies, qui travaillent contre une entente cordiale et une coopération efficace entre l'Algérie et la France, sont-ils fatigués ? Il serait naïf de croire que ces milieux, qui œuvrent sans relâche, à visage découvert et dans les coulisses, pour empêcher tout rapprochement entre Paris et Alger, à l'image du lobby des nostalgiques de « l'Algérie française », l'extrême-droite, ainsi que le lobby pro-marocain, très actif en France, comme les décrivaient un ex-ambassadeur d'Algérie à Paris, ont baissé les bras durant cette récente période qui fait ressentir une chaude relance des relations bilatérales entre l'Algérie et la France. On a tout tenté pour que ces relations restent froides le plus longtemps possible, mais la détermination des présidents Tebboune et Macron d'aller de l'avant a fait échec aux mauvais esprits. Au-delà du visible rapprochement entre les deux pays à la suite de la visite du président Macron en Algérie, à la fin du mois d'août dernier, c'est la tenue de la 5ème session du Comité intergouvernemental de Haut niveau algéro-français (CIHN) qui est la plus révélatrice des échecs de ces lobbies, notamment le lobby pro-makhzen. Le CIHN, surnommé « la clé de voûte » de la coopération entre Paris et Alger, était bien parti pour se tenir en 2018, mais la précipitation des évènements politiques en Algérie, avec la fin du chaotique 4ème mandat de l'ex-président Bouteflika, qui ont conduit à l'émergence du mouvement populaire, le Hirak, en février 2019, et entraîné la chute du clan Bouteflika, a mis un voile sur ce rendez-vous. En 2020, c'était vraiment impossible d'y penser, tant le souci de la propagation du coronavirus occupait les esprits, poussant tous les pays à se cloisonner à l'intérieur de leurs frontières en raison de la pandémie, et tous les dirigeants de la planète avaient la tête ailleurs, à gérer cette crise sanitaire qui a fait passer, au second rang, toute activité diplomatique. Mais, en 2021, grâce à une légère maîtrise de la situation sanitaire, la tenue de la 5ème session du CIHN était programmée, et les préparatifs allaient bon train. En parallèle aux préparatifs en question est apparue cette histoire de l'installation d'une antenne de la « République En marche », le mouvement d'Emmanuel Macron, à Dakhla, en territoire occupé par le Maroc, et que certains ont présenté en lecture politique comme un premier pas vers l'ouverture d'un consulat français dans cette ville sous occupation marocaine. Cette annonce, qui avait été bien préparée, a fait l'effet d'une mine qui a sauté sur la voie de la 5ème session du CIHN.

Dans la foulée, le rendez-vous a été brutalement annulé pour le motif de la réduction de la délégation ministérielle française pour raison de l'épidémie, selon les autorités françaises, mais dont le «format» n'a pas été jugé à la hauteur par les autorités algériennes. Et, à la veille de la récente visite du président Macron en Algérie, le roi Med VI avait vainement tenté de forcer la main à la France pour reconnaître la marocanité du Sahara occidental, afin de crisper l'atmosphère. «La clé de voûte» de la coopération entre Paris et Alger a débloqué la serrure d'une manière «irréversible». C'est du moins l'ambition très élevée portée par la «Déclaration d'Alger».