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Conseil de la Ligue arabe: Recadrer «l'action commune arabe»

par Ghania Oukazi

En prévision du 31ème Sommet des Etats de la Ligue arabe prévu les 1 et 2 novembre prochains à Alger, le Conseil de la Ligue arabe réunit depuis hier, au Caire, les ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres autour d'un ordre du jour de plus d'une vingtaine de points.

C'est sous la présidence de la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangouch, que le Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères a ouvert, hier dans l'après midi, les travaux de sa 158ème session en présence du Secrétaire Général de la Ligue des Etats arabes, d'un représentant du Secrétaire général de l'ONU et du responsable de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).

Des sources diplomatiques du Caire rapportent cependant que «dès l'installation de la ministre des Affaires étrangères libyennes à la tribune de la 158ème édition du Conseil des MAE de la Ligue arabe, pour prononcer son discours, la délégation égyptienne a quitté la salle des travaux en signe, disent-elles, «de non reconnaissance du gouvernement libyen d'Union nationale que dirige Abdelahamid Dbeibah». La Syrie n'a pas non plus assisté à cette réunion du Caire. «D'où l'importance et la pertinence du Sommet d'Alger», soulignent des diplomates bien au fait de l'action arabe.

En préparation du Sommet arabe d'Alger, les chefs de la diplomatie arabes tentent de recadrer en quelque sorte «l'action commune arabe» autour des nombreuses problématiques qui marquent la région. C'est dans ce sens qu'ils se sont entendus pour aborder plus d'une vingtaine de points qui se réfèrent tous aux situations complexes avec en tête la Cause palestinienne. Les participants doivent réfléchir sur «le suivi des évolutions politiques en Palestine occupée, le conflit israélo-arabe et la réactivation de l'initiative arabe de paix, violations israéliennes à El Qods, occupée, constructions de colonies israéliennes, le mur de séparation, El Intifadah, les prisonniers palestiniens, les réfugiés, l'UNRWA, le développement économique». Comme 2ème titre, les MAE arabes se pencheront sur «les affaires arabes et la sécurité nationale, solidarité avec le Liban, situation en Syrie, Libye, Yémen, occupation par l'Iran des trois îles des Emirats arabes unis, sécurité maritime et énergie dans la région du Golfe arabe, position arabe unifiée contre les incursions turques en Irak», ingérences turques dans les affaires internes des pays arabes, soutien et développement au Soudan, aux îles Comores, les dangers de l'armement d'Israël sur la sécurité arabe et la paix dans le monde, création d'une zone dénucléarisée et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, relations arabes avec les institutions régionales et internationales (candidatures arabes à l'ONU et agences onusiennes spécialisées), dialogue et coopération arabe-Europe, relations arabo-russes, coopération avec la Chine, le Japon, l'Inde, l'Asie centrale...».

L'ordre du jour comporte aussi une série de questions économiques.

La réforme de la Ligue arabe au Sommet d'Alger

Il est prévu, bien sûr, pour les MAE arabes de discuter de l'ordre du jour du Sommet d'Alger de novembre. L'on apprend qu'en plus de «l'action commune arabe», la centralité qu'elle recherche pour la Cause palestinienne et la nécessaire réactivation de l'initiative arabe de paix, l'Algérie a réintroduit le point relatif «aux nécessaires réformes» de la Ligue arabe à travers entre autres la révision du fonctionnement de ses instances, d'une présidence tournante, du vote de ses membres.... Une Ligue qui compte 22 membres et dont la création date du 22 mars 1945 avec l'aide des Britanniques qui avaient parrainé, à cet effet, la conférence d'Alexandrie du 25 septembre 1944.

Mais avant toute chose, présidant toutefois la délégation algérienne qui participe à la réunion du Conseil des MAE arabes au Caire, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger (MAECNE), Ramtane Lamamra a déclaré hier que «ma première mission à mon arrivée au Caire était de remettre la lettre d'invitation du Président Abdelmadjid Tebboune au Président de l'Etat palestinien, Mahmoud Abbas» pour participer au Sommet arabe. «Le président palestinien a exprimé sa forte volonté d'y participer (...)», a-t-il dit. Un communiqué du MAECNE a fait savoir que dès son arrivée le lundi soir, et en transmettant l'invitation à Mahmoud Abbas, Lamamra a «réitéré l'engagement permanent de l'Algérie à soutenir les droits légitimes du peuple palestinien frère et son aspiration au rôle actif de l'État de Palestine pour faire de cette importante date arabe un succès». Le Président Mahmoud Abbas a exprimé «sa gratitude» au Président Tebboune, «pour son soutien continu à la Cause palestinienne, exprimant sa fierté que l'État de Palestine ait été le premier à recevoir l'invitation officielle à participer au Sommet d'Alger afin de confirmer la place centrale dont jouit la Cause palestinienne au cœur des priorités de l'action arabe commune»

Réunion du Comité d'el Qods

Hier, mardi, le MAECNE a été reçu au Palais d'El Itihadia par le Président égyptien Abdel-Fatah al-Sissi pour lui remettre la lettre d'invitation du Président Tebboune au Sommet d'Alger. «Le Président Abdel Fattah al-Sissi a exprimé «sa profonde gratitude» au Président Tebboune, «louant ses efforts pour fournir les facteurs de succès du prochain Sommet arabe, et soulignant sa volonté de participer et de contribuer personnellement à soutenir ces efforts pour s'assurer que cet important mérite arabe soit couronné de résultats qui répondent aux aspirations des peuples arabes», rapporte un communiqué du ministère.

En marge du Conseil des MAE arabes, Ramtane Lamamra, a participé, hier, à la réunion du Comité Al-Qods au siège de la Ligue des États arabes. Les discussions ont porté sur «l'évolution de la situation dans l'arène palestinienne et les moyens de mettre fin aux violations pratiquées par la puissance occupante dans la Ville Sainte». Un communiqué du MAECNE souligne que «la réunion du Comité s'inscrit dans le contexte du blocage des perspectives du processus politique de règlement de la question palestinienne et de la persistance de l'occupation israélienne à imposer ses politiques expansionnistes et ses activités de colonisation, ainsi que de ses tentatives continues d'effacer l'identité de la ville d'El Qods et de la judaïser».

Notons par ailleurs, qu'Al-Sissi et Abbas se sont réunis en aparté pour examiner «la nécessité» d'arracher au Conseil de sécurité de l'ONU dont l'AG tient ses réunions durant le mois en cours, une résolution rappelant la légitimité des droits des Palestiniens, celle d'un siège pour l'Etat de Palestine ainsi que celle de la relance des négociations pour la paix.