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Sécurité
hydrique, vous dites ???
La situation de stress hydrique absolu que connait la région et plus précisément notre pays, pousse toute la classe dirigeante à élargir le dé bat et approfondir la réflexion permettant d'atténuer de l'effet de cette crise. Nous entendons par-ci par-là le terme « Sécurité hydrique ». Nous avons l'impression qu'il s'agit d'une mode qui permettrait de donner une certaine crédibilité aux pseudo-actions et ce pour couvrir les échecs des différentes politiques hydriques menées jusqu'à présent. Avons-nous pris le temps nécessaire pour donner un sens aux notions utilisées? Les hydrosystèmes sont-ils indépendants? Que veut dire sécurité hydrique? L'OCDE définissait la sécurité de l'eau, comme le fait d'apprendre à vivre avec un niveau acceptable de risque lié à l'eau. Ainsi, la sécurité de l'eau peut se résumer en: (1) un accès à des ressources en eau propres et suffisantes pour différents usages, (2) une utilisation et un management durables et efficaces des ressources en eau et enfin (3) des sociétés et écosystèmes résilients aux catastrophes liées à l'eau. Un monde sécurisé en eau exploite le pouvoir productif de l'eau et minimise sa force destructrice. C'est un monde vital pour un avenir meilleur. Un avenir dans lequel, il y a suffisamment d'eau pour garantir un développement social et économique et pour maintenir les écosystèmes. Il intègre une préoccupation par rapport à la valeur intrinsèque de l'eau ainsi que sa gamme complète d'utilisations pour la survie et le bien-être humains : ? C'est un monde où chaque personne a suffisamment d'eau salubre et abordable pour mener une vie propre, saine et productive. ? Un monde sûr en eau réduit la pauvreté, fait progresser l'éducation et augmente le niveau de vie. La double croissance démographique et la complexité technologique de la société imposent plus de demande sur les ressources en eau avec un manque d'eau de 40 % d'ici 2030. ? C'est un monde où les communautés sont protégées des inondations, des sécheresses, des glissements de terrain, de l'érosion et des maladies d'origine hydrique. Rien n'est plus doux ou plus flexible que l'eau, et pourtant rien ne peut lui résister.» Disait Lao Tseu, 6e siècle av. ? Un monde sûr en eau signifie également de s'attaquer à la protection de l'environnement et aux effets négatifs d'un mauvais management, qui deviendront plus difficiles à prendre en charge et ce à mesure que la variabilité climatique s'accentuera. La sécurité hydrique, si l'on se réfère à la définition proposée par l'ONU-eau, est la capacité d'une population à préserver un accès durable à des quantités suffisantes et à une qualité acceptable d'eau pour maintenir les moyens de subsistance, le bien-être humain et le développement socioéconomique, pour assurer la protection contre la pollution d'origine hydrique et les catastrophes liées à l'eau, et pour préserver les écosystèmes dans un climat de paix et de stabilité politique La déclaration intitulée «La sécurité de l'eau au XXIe siècle» adoptée lors du deuxième Forum mondial de l'eau (La Haye 2000 - est une ville située sur la côte ouest des Pays-Bas), qui énumère les sept «principaux défis» suivants pour assurer la sécurité de l'eau : (1) Répondre aux besoins de base; (2) La sécurité alimentaire; (3) Protéger les écosystèmes ; (4) Partage des ressources en eau ; (5) manager les risques; (6) Valoriser l'eau; et enfin, (7) Gouverner l'eau avec sagesse. On notera que cette déclaration intègre le système alimentaire. Système de systèmes (SoS) Eau, énergie et alimentation L'hydrosystème est interdépendant avec d'autres systèmes. Tous les éléments de ces derniers interagissent mettant leurs attributs au service de la totalité. Aussi, les hydrosystèmes ne sont pas indépendants, mais interagissent avec les autres systèmes, en particulier ceux de l'énergie et de l'alimentation. Il s'agit en fait d'un système constitué de plusieurs systèmes (un système de systèmes SoS). Il n'est plus à démontrer que, l'eau est nécessaire à la production d'énergie; l'énergie est nécessaire pour la production d'eau et; l'eau et l'énergie sont nécessaires à l'agriculture. Les interconnexions de toutes ces ressources créent le lien (Nexus). Les demandes d'eau, concurrentes et conflictuelles « intra et extra-sociétales », augmentent car l'eau est nécessaire pour la production d'énergie et de nourriture et la consommation humaine. Un système de systèmes est un groupe interactif de systèmes autonomes mais interdépendants, avec des capacités qualitativement nouvelles et différentes dans leur ensemble, et supérieures à la somme des composants. Il peut inclure un mélange de systèmes indépendants existants, partiellement développés et à développer. De très grands systèmes sont développés en créant un cadre ou une architecture pour intégrer les systèmes constituants le SoS développés et gérés de manière indépendante qui ont leur propre objectif et qui peuvent aller et venir de manière dynamique à partir du SoS. Nous notons qu'un système de systèmes est d'abord un système et ou l'ingénierie système lui est donc applicable. C'est à dire, sa raison d'être est de répondre aux besoins des parties prenantes et aux attentes des générations futures. Tous ses constituants sont eux-mêmes des systèmes et chacun est donc optimisé par rapport à sa finalité propre. Il n'y a vraiment pas de problème tant que la finalité est d'être un constituant. Des difficultés peuvent apparaitre dès lors qu'il y a d'autres finalités. Tout faire pour que les systèmes constituant le système (SoS) fonctionnent d'une manière collaborative. Ce sont des systèmes dépourvus d'autorité centrale pour définir les priorités de management et résoudre les conflits. Se concentrer sur son propre système (comme nous le faisons dans le cas de l'hydrosystème) est inadéquat. Les systèmes collaboratifs interagissent via des interfaces et l'architecture d'un système collaboratif est un facteur dominant. La robustesse à long terme l'emporte sur une optimisation à court terme. Surtout, il faudrait éviter que les systèmes composants se font concurrence (Systèmes deviennent compétitifs). Ces trois systèmes (eau, énergie et alimentation) ont été toujours gouverné et managé d'une manière indépendante. C'est une approche qui est très mal adaptée au système des systèmes (SoS). Dans ce genre de situation, plusieurs approches de management et de gouvernance peuvent être proposées : - Les systèmes de systèmes organisationnels sont des systèmes de type SoS où la gouvernance et le management du système relèvent de la même organisation ou compagnie. - Les systèmes de systèmes fédérés sont des SoS où la gouvernance du SoS dépend d'un organe participatif volontaire dans lequel tous les propriétaires de système sont représentés. - Les systèmes de systèmes en coalitions sont des SOS où il n'y a pas de mécanismes de gouvernance formels, mais où les organisations impliquées collaborent de manière informelle et managent leurs propres systèmes pour maintenir le système dans son ensemble. Dans un premier temps, nous proposons un mode fédéré, avant de passer à moyen terme, à un mode organisationnel. Il faudrait réfléchir sur des cadres législatifs et institutionnels permettant un environnement propice à la collaboration entre les institutions concernées pour une prise de décision coordonnée. Les impératifs politiques et les questions de gouvernance et de management des systèmes sont souvent les facteurs clés qui influencent les systèmes inclus dans un système SoS. Le système «idéal» se préoccupe d'être responsable par rapport au développement durable et ses trois dimensions économique, humaine et sociale et enfin environnementale. Si la dimension sociale est toutefois largement plus développée, un système QSE permet de construire les socles du développement durable par, son approche économique, son souci d'améliorer les performances environnementales de l'organisme et surtout respecter du personnel à son poste de travail. Il ne faudrait surtout pas ignorer que le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.» (Brundtland Commission «Our common future» 1987). La durabilité est un problème holistique. Il ne peut être abordé sans une approche globale du système. On ne peut pas résoudre un problème avec le même type de pensée que celui qui l'a créé disait Albert Einstein. Nexus eau, énergie et alimentation Ainsi, un Nexus est défini comme une connexion, un lien, et aussi un lien de causalité et ce entre plusieurs systèmes connectés. C'est un concept qui a émergé depuis la conférence de Bonn en 2011 et introduit un changement fondamental des approches sectorielles vers des solutions intersectorielles, intégrées et cohérentes. Après cette conférence, le concept a été adopté et promu par de nombreux acteurs politiques, économiques et universitaires. Un consensus sur la nécessité d'une approche intégrée de WEF pour répondre aux préoccupations en matière d'eau, d'énergie et de nourriture. En plus, Il n'y a qu'une quantité finie d'eau sur la planète. L'utilisation humaine ne peut pas empiéter sur l'eau écologique sans causer des dommages irréparables aux écosystèmes. Le Nexus eau, énergie et alimentation, signifie que les trois secteurs sont inextricablement liés et que les actions dans un domaine ont le plus souvent des impacts dans l'un ou les deux autres. Il met en évidence les interdépendances (à la fois les synergies et les compromis) entre la réalisation de politiques en matière d'eau, d'énergie, de sécurité alimentaire, foncières et climatiques, et leurs implications pour le bien-être humain, le développement économique et l'utilisation efficace des ressources. Une approche Nexus vise à réduire les compromis en améliorant l'efficacité de l'ensemble du système des systèmes (SoS) plutôt que d'augmenter la productivité de secteurs spécifiques, souvent au détriment d'autres. Nexus eau, énergie et alimentation Figure Conçue par l'auteur 1. Eau - Energie Pris indépendamment des autres systèmes, La sécurité énergétique peut se résumer en un accès aux services énergétiques modernes, une utilisation efficace de l'énergie et enfin l'énergie générée et consommée doit être propre ou renouvelable. Se focaliser sur des objectifs individuels peut interférer avec d'autres objectifs. Une augmentation de la production d'électricité, accroit la sécurité énergétique mais nécessite plus d'abstraction d'eau pour le refroidissement et par conséquent il y aurait moins d'eau pour les autres secteurs et l'environnement. Ainsi, il y aurait moins de sécurité hydrique. La réalité est tout autre. La production d'énergie consomme des quantités importantes d'eau et l'approvisionnement en eau, à son tour, consomme de l'énergie. Dans un monde où la pénurie d'eau est un défi majeur et croissant, la satisfaction des besoins énergétiques futurs dépend de la disponibilité de l'eau - et la satisfaction des besoins en eau, dépend de décisions judicieuses en matière de politique énergétique (World Policy Institute and EBG Capital, Mars 2011). La différence fondamentale entre l'eau et l'énergie est que l'énergie peut être renouvelable alors que les ressources en eau ne le sont pas. La production d'énergie dépend de l'eau. Elle consomme environ 580 milliards de mètres cubes d'eau douce prélevés chaque année pour la production d'énergie (AIE, 2012). L'eau est utilisée pour la production d'énergie primaire ainsi que pour la production d'électricité en particulier pour le refroidissement dans les centrales thermiques. L'extraction, le transport et le traitement des combustibles et l'irrigation pour faire croître la biomasse sont également gourmands en eau. L'énergie est vitale pour fournir de l'eau douce. Elle est nécessaire pour alimenter les systèmes de collecte, de transport, de distribution et de traitement de l'eau. A titre indicatif, entre 0.5 et 4 KWh d'énergie est nécessaire pour alimenter et traiter 1 m3 d'eau de surface, entre 4 et 8 Kwh, pour 1 m3 d'eau de dessalement et entre 1000 et 4000 KWh pour 1 m3 d'eau en bouteille. Entre 1 et 18 % de l'électricité dans les zones urbaines sont utilisés pour traiter et transporter l'eau potable et les eaux usée. Aux Etats-Unis, environ 40 % des prélèvements d'eau douce servent au refroidissement des centrales thermiques. La majorité de cette eau est restituée localement, mais les pertes locales par évaporation sont estimées à 3 %. 2. Eau - Alimentation L'agriculture est le plus grand utilisateur de ressources en eau dans la région arabe et en Afrique (environ 85% de l'eau) alors que le pourcentage moyen mondial d'utilisation de l'eau dans l'agriculture est de 70%. Avec la croissance continue de la population, la hausse des revenus et l'urbanisation, la demande alimentaire va grosso modo doubler au cours des cinquante prochaines années. Ainsi, La sécurité alimentaire est assurée en premier lieu par la disponibilité alimentaire ; un accès à la nourriture, l'utilisation des aliments (25% de Gaspillage de nourriture) et enfin, une stabilité alimentaire. Il est à noter que la stabilité alimentaire fait référence à la disponibilité régulière et à l'accessibilité financière des aliments, de sorte qu'ils contribuent à la sécurité nutritionnelle. De même, se focaliser sur des objectifs individuels peut interférer avec d'autres objectifs. Intensifier la production agricole, accroit sécurité alimentaire (peut promouvoir, une certaine concurrence des ressources plus rentables - les biocarburants contre les cultures comme aliments). Cet accroissement de production alimentaire exige une utilisation accrue d'engrais qui contaminera les ressources en eau. Et par conséquent, il y aurait moins de sécurité hydrique en aval. 3. L'eau virtuelle et l'empreinte hydrique Le terme eau virtuelle est apparu au début des années 1990 grâce aux recherches du professeur Tony Allan du King's College de Londres. Il a utilisé le terme «eau virtuelle» pour décrire comment les pays à faible taux de ressources en eau accédaient à l'eau d'autres pays à travers le commerce de denrées alimentaires et d'autres biens. L'eau virtuelle désigne le volume d'eau nécessaire à la production d'un produit. Ce concept est surtout utilisé pour décrire les quantités d'eau associées au commerce des produits. La notion d'eau virtuelle est particulièrement utilisée en géopolitique, en établissant des cartes des échanges d'eau. Le commerce virtuel de l'eau (également connu sous le nom de commerce de l'eau intégrée ou incorporée) fait référence au flux d'eau caché si les aliments ou d'autres produits sont échangés d'un endroit à un autre. A titre d'exemple, il faudrait 1 340 mètres cubes d'eau (sur la base de la moyenne mondiale) pour produire une tonne métrique de blé. Ainsi, il a été mis en évidence qu'un pays important des céréales est également importateur d'eau virtuelle. Cette notion est étroitement liée à celle de l'empreinte eau. C'est le volume total d'eau virtuelle utilisée pour produire un produit ou un service, d'amont jusqu'au consommateur final. On distingue l'empreinte hydrique interne et externe, en fonction du lieu effectif de la consommation. L'empreinte hydrique interne d'un pays est le volume d'eau puisée dans les ressources nationales pour produire les biens et services consommés dans ce pays. Aussi, le concept de base de l'empreinte hydrique est utilisé pour identifier les proportions relatives d'eau bleue et verte consommées, ainsi que pour inclure les eaux grises : le volume d'eau nécessaire pour assimiler les polluants de tout retour d'eau dans l'environnement. Nous rappelons que l'eau bleue est celle captée pour les usages domestiques, industrielles et agricoles. Elle est aussi définie comme l'eau douce de surface ou souterraine, autrement dit l'eau douce des lacs, des rivières et des aquifères. Par contre, l'eau verte est l'eau de pluie stockée dans le sol (humidité, évaporation et transpiration). Ce sont les eaux pluviales consommées par l'agriculture. Enfin, l'eau grise est l'eau polluée par les processus de production. Dans la terminologie émergente de l'empreinte eau, l'eau grise désigne aussi la quantité d'eau bleue nécessaire pour diluer suffisamment l'eau usée rejetée et rendre l'eau à nouveau disponible pour un autre usage Actuellement, c'est le Water Footprint Network (Mis au point en 2002 par le Professeur A. Y. Hoekstra de l'UNESCO-IHE - Université de Twente -Pays-Bas.) qui s'occupe des standards de la comptabilité de l'empreinte eau et qui en assure sa diffusion. Nous signalons que John Kazer du Carbon Trust explore l'importance de l'empreinte hydrique des produits pour les entreprises. Alors, combien d'eau va dans une tasse de thé? A titre d'information, environ 30 litres d'eau sont nécessaires pour le thé lui-même, 10 litres pour une petite pincée de lait et 6 litres supplémentaires pour chaque cuillère à café de sucre. Cela signifie qu'une simple tasse de thé avec du lait et deux sucres pourrait en fait nécessiter 52 litres d'eau - assez pour remplir une bouilloire plus de 30 fois. Sécurité, en intégrant l'interdépendance des trois systèmes Eau, énergie et alimentation L'approche Nexus de la sécurité du WEF vise à mieux comprendre les liens entre ces trois secteurs afin d'améliorer à la fois la planification et le développement. Ainsi, il contribue à améliorer le bien-être et à réduire la pauvreté. Cette approche : ? Contribue à la réalisation de l'eau, de l'énergie et de la sécurité alimentaire en tant que piliers du développement et du bien-être ? Identifie et traite les compromis et crée des synergies entre les différents secteurs, améliorant ainsi la prise de décision ? Crée des avantages mutuels de la coopération et une meilleure gouvernance des ressources ? Facilite l'alignement des stratégies de développement ? Permet de réaliser des investissements intelligents ? Accroître l'efficacité de l'utilisation des ressources La sécurité de l'eau, en particulier telle qu'elle est considérée dans le cadre de la sécurité du Nexus WEF, est une préoccupation importante pertinente pour la discussion sur la gouvernance et le management des ressources en eau. La sécurité vis-à-vis de ces trois secteurs passe obligatoirement par une mise au point d'une stratégie rendant ces trois systèmes collaboratifs (efficacité et compromis). Traditionnellement, accroitre la sécurité d'un domaine donné, se fait au détriment de la sécurité d'un autre domaine. En abordant les compromis avec d'autres secteurs et en mettant l'accent sur l'identification de synergies, l'approche Nexus fournit un soutien pour une meilleure prise de décision. Cette approche montre les avantages mutuels de la coopération (entre ministères, secteurs, parties prenantes, etc.). La participation des parties prenantes et des communautés locales aux processus de planification est fondamentale dans l'approche nexus. Le Nexus du WEF est devenu un cadre conceptuel important pour améliorer la gouvernance des ressources. En tenant compte des interdépendances complexes entre l'eau, l'énergie et les systèmes alimentaires, une telle approche peut aider les décideurs à gérer les compromis sur les ressources entre les différents secteurs économiques et acteurs. Le concept et la politique... L'eau est déjà une ressource rare dans de nombreux endroits. On estime qu'en 2025, les deux tiers de la population mondiale vivront dans des zones soumises à un stress hydrique. La société moderne de plus en plus urbaine, l'augmentation de la population et de la richesse augmente la demande de ressources. L'agriculture est déjà le plus grand utilisateur de ressources en eau douce (70% à 85% de la ressource mobilisée). Une crise des engrais se profile également. Les mines de phosphore seront probablement épuisées dans quelques décennies. Sans phosphore, l'agriculture telle que nous la connaissons ne peut pas fonctionner. On notera que l'expansion et l'intensification de la production de bioénergie pourraient ajouter aux pressions existantes. D'ici 2030, nous aurons besoin de 40% d'eau en plus, 40% plus d'énergie et 10% des terres cultivées existantes pour les biocarburants. La présomption est que le monde universitaire algérien et l'élaboration des politiques de notre pays, n'ont pas cette vision intégrée des questions d'utilisation des ressources naturelles. La sécurité de l'eau, en particulier, doit être considérée dans le cadre de la sécurité du Nexus WEF. Actuellement, il existe une tendance bien connue dans les cercles politiques (de certains pays) qui vise à intégrer la politique de l'eau, de l'énergie et de l'alimentation - le Nexus du WEF - dans un Nexus global entre le changement climatique, changement social et la sécurité et ou autonomie. Le challenge n'est pas une chose simple mais la situation de l'eau, de l'énergie et de l'alimentation l'exige. C'est même vital. Il s'agit certainement d'un programme difficile à prendre en charge par le gouvernement. Dans ce paysage difficile et complexe, la société civile, les élus locaux et les chefs d'entreprise (publiques et privées sans distinction) peuvent jouer un rôle important et constructif pour soutenir le gouvernement dans un processus global de réforme « eau-alimentation-énergie-climat». Par conséquent, nous devons intégrer les secteurs dans une vision de Nexus pour relever les défis mondiaux communs. Ainsi, cette manière de faire, permet aux décideurs d'élaborer les bonnes stratégies et les bons plans pour un développement durable et optimiser l'utilité. Au risque de me répéter, avant tout, une cohérence politique est demandée car elle facilite la prise de décision dans un environnement ou l'incertitude règne sous les deux contraintes de changements climatique et social. Dans un souci de cohérence politique et d'efficacité dans l'utilisation des ressources, une des propositions, que nous formulons, et qui constituent notre contribution, est à mettre en place un nouveau système intégré de gouvernance et de management des ressources en eau passe par la création d'un observatoire « Eau, énergie et alimentation », sous la coupe du premier ministère (On connait la crédibilité et l'efficacité qu'ont les conseils et comités). Sa mission principale serait scientifique: Il aura pour missions principales de partager et développer les connaissances entre les parties prenantes concernées pour accéder aux meilleures données disponibles et développer des cadres de référence communs sur le besoin de solutions. Ça constituera un appui pour les preneurs de décisions à tous les niveaux. L'approche serait éminemment participative et qui aurait comme principe «Produire plus avec moins». A moyen termes, les politiques publiques en matière d'eau, d'énergie et d'alimentation, doivent être assurées sur le plan institutionnel par un seul département ministériel qui engloberait, en plus l'environnement. Rien ne nous empêche de rêver !!! SoS : système des systèmes (System of Systems) WEF : Eau, énergie et alimentation (Water, energy and food) ONU : Organisation des Nations Unies OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques UNESCO-IHE : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture-Institute for Water Education *Pr, Université de Tlemcen |
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