Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La solidarité, théorie perpétuelle

par Abdou BENABBOU

Comme présagé, la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales à Bali en Indonésie s'est terminée en queue de poisson. La mésentente généralisée a été au rendez-vous pour signifier, comme attendu en de pareilles circonstances, que les rencontres au sommet, quel que soit leur ordre du jour, sont indubitablement gavées d'arrière-pensées. Chaque éminent délégué s'assied autour de la table pour, d'abord et avant tout, ménager son clocher. La diplomatie internationale est ainsi tissée et la solidarité et l'entraide entre les Etats en permanence clamée n'est que théorie perpétuelle.

On ne s'attaque pas malheureusement à la misère du monde par humanisme, mais on se décide de l'affronter pour se prémunir de sa contamination. On perçoit la faim et la décrépitude des peuples comme une épidémie et les aumônes qui leur sont accordées par ceux qui en ont les moyens, ne sont en vérité que des antidotes pour se protéger. Si tenaces, les travers d'une seconde entité des hommes sont gardés. La nature humaine comme celle des Etats est tenue de se conformer à un curieux mercantilisme où quelques signes de misanthropie ne sont pas absents. C'est que l'être humain n'a jamais été prophète. Il est extrêmement rare qu'il se départit de la culture du donnant-donnant sinon la Terre aurait été le Paradis.

Que faire aujourd'hui dans cette humanité dans des turbulences multiples imposées au partage par tous ? Il est à craindre que les millions d'êtres humains en permanentes errances à la recherche d'une définition pour leur existence ne soient sacrifiés à un tragique sort écrit par l'inconscience des hommes avant d'être agréé par la volonté divine.

Les guerres continuelles et la cascade des crises ne présagent pas la naissance d'un Eden. Sans doute parce qu'à travers les siècles l'homme s'est toujours considéré comme un dieu. Sa déconfiture continuera et s'élargira tant qu'il persistera à oublier qu'il n'est pas éternel.