|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le makhzen
crie sur tous les toits, ces dernières semaines, que le mégaprojet de gazoduc
reliant le Nigéria au Maroc a franchi une étape importante, alors que les
choses n'en sont en réalité qu'« au stade de la conception technique initiale
», qui devrait notamment déterminer son coût et ensuite pouvoir « parler de son
financement ».
Pourquoi une telle offensive médiatique du Maroc ? C'est clair, tout est calculé pour décourager l'Algérie et lui faire abandonner le projet de réalisation d'un gazoduc reliant le Nigeria à l'Algérie, le Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP). Mais il fallait compter sans la détermination des autorités algériennes, ignorant royalement tout ce qui se dit à propos d'un autre tracé de ce gazoduc. Si le Maroc avance que le projet en question s'accélère, le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, effectue, les 20 et 21 juin, une visite de travail à Abuja (Nigeria), lors de laquelle, il prendra part à la deuxième réunion tripartite Algérie-Niger-Nigéria sur le projet du Gazoduc Transsaharien (TSGP). Il est utile de préciser que l'idée de ce gazoduc, reliant le Nigeria à l'Algérie, a vu le jour dans les années 1980, mais l'accord concrétisant la mise en œuvre du gazoduc trans-saharien n'a été signé que le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l'Algérie. Alors que le Maroc, constatant que le projet Trans-saharien ne se réalise pas, est arrivé en embuscade et signe avec le gouvernement du Nigéria une étude de faisabilité pour raccorder les deux pays en gaz en étendant le gazoduc déjà existant, le West African Gas Pipeline qui relie le Nigeria au Bénin. Pour dire que c'est le Maroc qui cherche à doubler l'Algérie et non le contraire. Mais là n'est pas la question, car c'est la position du Nigéria qui intrigue. Ce pays veut se montrer coopératif d'un côté avec le Maroc, puisque son ministre du Pétrole a annoncé au début du mois de juin, en cours qu'Abuja a donné un premier feu vert au mégaprojet qui travers 14 pays par la façade atlantique, et de l'autre accueillir le ministre algérien de l'Energie et son homologue nigérien pour une « reprise des discussions au sujet du projet du Gazoduc Transsaharien (TSGP) » ! Un double jeu ou une gêne d'Abuja à rejeter une partie aux dépens d'une autre ? De toute évidence, la situation ne peut pas garder ce cap de la rivalité de deux pays pour un projet, et le Nigéria devrait inévitablement s'engager sérieusement avec un pays ou l'autre. A moins que ce pays soit dans le doute et s'accorde une période d'observation pour discerner lequel des deux pays pourrait vraiment concrétiser ce mégaprojet. Le Maroc a l'appui des pays de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO), qui veulent profiter des retombées des droits de passage du gazoduc, qui va traverser plus de 5.500 km et 14 pays membres de cette organisation, mais qui n'ont pas les moyens financiers pour participer à sa réalisation. Alors que le gazoduc reliant le Nigéria à l'Algérie (400 km) traverse un seul pays, le Niger, et son financement ne pose pas grand problème pour l'Algérie qui, en sus, possède des infrastructures toutes prêtes pour approvisionner l'Europe. Seul point noir au tableau, l'insécurité dans la partie du Sahel par où passe le gazoduc. Mais, cette insécurité, qui n'arrange pas les intérêts des puissances étrangères et des pays voisins, ne peut pas durer plus longtemps. |
|