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Connu de plusieurs générations
de téléspectateurs et cinéphiles comme la mère courage, protectrice et
résistante face à un quotidien des plus difficiles sous le joug colonial, Chafia Boudraâ, actrice
indissociable du personnage de «Lala Aini», symbole
de la femme algérienne battante, et figure de la culture algérienne s'en est
allée ce dimanche.
Révélée par Mustapha Badie grâce au feuilleton télévisé «El Hariq» (l'incendie) adapté de la trilogie de l'immense écrivain Mohammed Dib (1920-2003), et qui avait connu un très grand succès populaire dans les années 1970, Chafia Boudraâ, Atika Boudraâ de son vrai nom, a très vite et tout naturellement trouvé sa place dans le cinéma algérien. C'est encore une fois avec Mustapha Badie qu'elle s'illustre aux côtés de Rouiched dans «L'évasion de Hassan Terro» en 1974, avant de collaborer avec Ghaouti Bendeddouche dans «Echebka» (1976), Sid Ali Mazif dans «Leila et les autres» (1977), Ali Ghanem dans «Une femme pour mon fils» (1982), ou encore Abdelkrim Bahloul pour «Le thé à la menthe» (1984). L'actrice joue également dans des productions françaises avec des réalisateurs comme Alex Métayer et Chad Chenouga avant que Rachid Bouchareb, qui l'avait déjà distribué à la télévision, ne lui propose un rôle dans «Hors-la-loi». Dans cette fiction qui relate l'histoire d'une famille algérienne forcée de quitter le pays au lendemain des massacres du 8 mai 1945, et qui a vécu en France jusqu'aux massacres du 17 octobre 1961, Chafia Boudraâ, avait partagé l'affiche avec les regrettés Larbi Zekkal et Ahmed Benaissa, lui aussi, disparu vendredi. Ce film primé à Damas a été sélectionné en compétition pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en plus d'avoir concouru pour la Palme d'Or du Festival de Cannes en 2010. Dans un message de condoléances adressé à la famille de l'actrice, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a qualifié Chafia Boudraâ de «modèle et d'école pour des générations d'artistes» et d'»artiste digne du respect de son public qui lui est resté fidèle de longues années durant». «En cette pénible épreuve, nous faisons nos adieux à une figure de proue de l'art algérien qui a marqué de son empreinte, aux côtés de plusieurs artistes de la première heure de l'Algérie indépendante, l'histoire du théâtre, de la télévision et du cinéma algériens», a-t-il ajouté. La ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a salué, dans un message de condoléances, la mémoire d'une artiste qui a «reflété l'image typique de la femme algérienne résistante et militante contre la privation, la pauvreté, l'ignorance et la cruauté du colonisateur». Pour sa part le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga, a, lui aussi, adressé un message de condoléances à la famille de la défunte pour «la perte de cette icône du cinéma algérien». Chafia Boudraâ a été inhumée dimanche soir au cimetière d'El Alia à Alger. |
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