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Santé: Plaidoyer pour la création d'hôpitaux de référence

par R. N.

La baisse des contaminations et du nombre de cas hospitalisés «ne permet pas de dire que le virus de Covid-19 a été exterminé». «L'épidémie persiste dans le monde. Il y a des résurgences en Chine. Tant que l'OMS n'a pas déclaré l'extinction de l'épidémie au niveau mondial, la menace persiste et persistera», a déclaré hier Pr Djamel Eddine Nibouche, chef de service cardiologie au CHU Nafissa Hamoud, sur les ondes de la radio nationale Chaine 3.

«Ce sont des virus respiratoires. Nous n'avons pas exterminé la grippe. Il faut donc rester extrêmement vigilant. D'ailleurs, les autorités sanitaires algériennes n'ont pas dit de ne plus respecter les normes de protection», a-t-il ajouté, tout en remarquant que «la population, voyant que les cas de contamination sont rares, ne porte plus de masques sur les lieux publics», avant d'appeler à «rester vigilant» et respecter les mesures sanitaires.

Interrogé sur la «réforme du secteur sanitaire», l'intervenant estime que cette «réforme ne pourra être efficace que s'il y a une réforme des structures de la société algérienne». «La réforme ne peut pas venir du jour au lendemain. Il y a un plan d'action qui doit passer par une normalisation des structures actuelles qui ne sont pas du tout normalisées. Il faudrait que nos hôpitaux puissent fonctionner normalement pour qu'on puisse les moderniser et les rendre plus performants», ajoute encore Pr. Nibouche.

Pour l'intervenant, «la difficulté majeure est l'exécution» de la réforme décidée lors des assises de la santé. «C'est pour cette raison que nous n'avons pas réussi jusqu'à présent. C'est comment élaborer un plan d'action et l'exécuter», dit-il encore.

Selon lui, «il n'est pas question de réformer trop rapidement». «Il faut des étapes. Il y a plusieurs aspects dans la réforme. Nous avons parlé de numérisation, de capital humain, de médecins référents, de formation, des structures, du matériel médical, des consommables?», précise encore l'intervenant.

A propos de formation, l'invité de la Chaine 3 estime nécessaire la mise en place d'une «école de formation à la gestion du secteur de la santé devenu très complexe. Une gestion qui nécessite une formation supérieure». Il ajoute aussi que «sur le plan de la formation paramédicale» l'Algérie accuse un «retard». «Il faudrait restructurer la formation paramédicale, de niveau supérieur aussi, pour avoir un potentiel qui puisse répondre aux exigences de la réforme de la santé».

«Dans tous les pays du monde il y a des insuffisances. L'essentiel c'est de pouvoir les identifier. L'audit a été fait plusieurs fois. Les insuffisances ont eu lieu parce qu'il y a eu un décalage entre les données épidémiologiques en Algérie lorsque la population était de 12 millions dans les années 70, alors que nous sommes à 45 millions actuellement. Les données ont complètement changé. Les pathologies aussi. Et la médecine a changé. Il faut donc s'adapter. Maintenant il y a la numérisation qu'il faut mettre en place», poursuit Djamel Eddine Nibouche.

L'intervenant avoue aussi que la mise en place de la numérisation dans le secteur de la santé publique «n'est pas facile». «Il faudrait un plan d'action bien défini à l'échelle nationale» pour mener cette nécessaire numérisation. Le Pr Nibouche a plaidé aussi pour un «hôpital de référence». «Nous avons encore des malades qui sont transférés à l'étranger parce qu'il y a une insuffisance de soins chez nous. Il faudrait voir toutes les maladies qu'on ne peut pas soigner en Algérie, et créer au niveau national trois hôpitaux de haut niveau (Ouest, Centre, Est) qui englobent le Sud aussi, pour prendre en charge tous ces malades qu'on est en train de transférer à l'étranger». A propos de «compétences» pour ces hôpitaux, il estime qu'il faut les «ramener de l'étranger» pour aussi «former la relève».