
Alors que tous les efforts diplomatiques ont été vains pour
convaincre la Russie de mettre fin à son «opération militaire spéciale» en
Ukraine, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à
l'étranger Ramtane Lamamra
a entamé hier lundi une visite à Moscou, en compagnie des ministres des
Affaires étrangères de la Jordanie, du Soudan, de l'Irak et de l'Egypte, en sus
du Secrétaire général de la Ligue arabe, dans le cadre de concertations autour
de ce conflit qui, en sus des drames et des souffrances subies par les
populations locales, a durement impacté les économies de plusieurs pays.
Plutôt
discrets, pour ne pas dire effacés, face à ce conflit, les pays arabes semblent
plus entreprenants près de quarante jours après le début des opérations
militaires russes en Ukraine. Qu'est-ce qui a bien pu leur faire changer d'avis
et les engager dans les efforts diplomatiques visant à convaincre la Russie de
retirer ses troupes militaires de l'Ukraine ou à jouer un rôle de médiation
entre les deux parties antagonistes, puisque la visite à Moscou sera suivie
d'une visite à Varsovie (Pologne) pour rencontrer la partie ukrainienne ? Il
s'agit d'une tournée inscrite dans le cadre du programme d'action du Groupe de
contact arabe au niveau ministériel, dont la création a été approuvée par le
Conseil des ministres de la Ligue arabe lors de sa 157e session, tenue le 9
mars dernier au Caire, pour suivre et mener les concertations et les contacts
nécessaires avec les parties concernées par la question ukrainienne, afin de
contribuer à trouver une solution diplomatique à la crise, selon un communiqué
afférent à cette mission. Mais, on constate que le premier pas de ce groupe de
contact n'a été engagé que près d'un mois après sa création, ce qui révèle
quand même des difficultés pour bouger dans le sens de la vocation de ce
groupe.
Les
Américains ont-ils encouragé les pays arabes à jouer un rôle de médiation entre
les Russes et les Ukrainiens, après les récentes tournées de la secrétaire
d'Etat adjointe et du secrétaire d'Etat américain dans plusieurs capitales
arabes ? Les discussions avec les dirigeants arabes ont porté sur plusieurs
questions d'intérêt commun, mais le principal message que le secrétaire d'Etat
américain a passé auprès de ses interlocuteurs a porté sur la guerre en
Ukraine. Le secrétaire d'Etat américain a même trouvé que cela va de soi que
les pays arabes, durement touchés par la hausse des prix alimentaires, en
particulier le blé, engagent des efforts pour contribuer à une solution
politique qui mettrait fin au conflit. Non sans chercher à convaincre les
responsables arabes, avec lesquels il s'est entretenu lors de sa tournée
régionale, de l'importance de se tenir du côté de la victime (l'Ukraine) contre
l'agresseur (la Russie). Mais, les dirigeants arabes, notamment les alliés de
Moscou, campent sur leur position de neutralité, refusant de condamner «
l'invasion russe en Ukraine », ou de la considérer comme telle, préférant axer
leurs efforts sur le rapprochement des vues et prendre en compte les
préoccupations des Russes et des Ukrainiens afin de trouver une solution
politique acceptable par les deux parties. Reste à savoir s'ils peuvent réussir
là où Turcs, Israéliens, Français et Allemands ont tous échoué dans leurs
efforts diplomatiques pour faire taire les armes en Ukraine ?