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Brouille courte ou durable ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le gouvernement espagnol est-il dans l'embarras après avoir affiché ouvertement son soutien au «plan d'autonomie» marocain concernant le Sahara occidental ? L'annulation en dernière minute de la visite à Rabat du chef de la diplomatie espagnol, José Manuel Albares, prévue vendredi 1er avril, reflète une gêne de devoir remettre en avant la volte-face de la diplomatie espagnole sur la question du Sahara occidental. Le gouvernement espagnol cherche, ainsi, à faire le dos rond et laisser passer les vagues de contestation et d'indignation à l'intérieur du pays et sur le plan régional, en Algérie notamment, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid immédiatement après l'annonce de soutien au «plan d'autonomie» marocain concernant le Sahara occidental.

Après avoir si longtemps réussi à tenir en équilibre ses relations avec ses voisins au sud de la Méditerranée, le Maroc et l'Algérie notamment, ainsi que le Front Polisario, ponctuées par des passages tumultueux, suite aux ambiguïtés qui ont marqué l'évolution de sa position, allant du soutien à l'autodétermination du Sahara occidental, puis à la solution politique négociée entre les parties concernées par le conflit, s'apparentant à une neutralité qui cherche à ne fâcher aucune partie, l'Espagne vient de casser la balance en se rangeant trop près du Maroc. Pourtant, l'Algérie ne manque pas de moyens de pression, politique et économique, pour faire revenir l'Espagne à sa position de neutralité, à défaut de respecter sa responsabilité morale dans son ancienne colonie et assurer au peuple sahraoui tout le procédé nécessaire pour aboutir à l'organisation d'un référendum d'autodétermination.

Dans ce contexte, le «partenariat stratégique à fort contenu économique et sécuritaire», noué ces dernières années par l'Espagne avec l'Algérie sera-t-il rompu ? Et comment l'Espagne va gérer les retombées de la dégradation des relations bilatérales ? L'Algérie ne cache pas qu'elle compte «réviser les accords signés avec l'Espagne», selon une annonce attribuée par les médias au SG du ministère des Affaires étrangères, lors d'un déplacement mercredi dernier en Italie. Vraisemblablement, c'est vers ce dernier pays que va basculer toute la coopération économique, notamment sur le plan de l'élargissement des relations énergétiques de l'Algérie avec les pays européens.

Même les liaisons aériennes avec les villes espagnoles n'ont pas été renforcées dans le nouveau programme des vols d'Air Algérie. Jusqu'où peut aller la brouille entre Alger et Madrid, et pour combien de temps ? C'est aux Espagnols de décider. Le congrès des députés espagnol a entendu, le 30 mars dernier, les explications du chef du gouvernement à propos de cette décision sur le Sahara occidental, et ils sont en droit de le recadrer ou le soutenir dans cette option. Il faut seulement en mesurer les conséquences.