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La guerre et ses dessous

par Abdelkrim Zerzouri

L'échec de la diplomatie a ouvert la voie à la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Mais, a-t-on vraiment tout tenté sur le plan diplomatique pour trouver une solution pacifique au conflit entre les deux pays et éviter le passage à la violence ? Bien avant l'intervention armée des Russes, on était convaincu qu'il n'y avait rien à faire sur le plan diplomatique, ou rien à offrir à la Russie pour la rassurer à propos de l'adhésion programmée de l'Ukraine à l'UE et l'Otan, et éviter le conflit armé.

Le président américain Joe Biden n'avait-il pas annoncé une « imminente » invasion de l'Ukraine par la Russie quelques jours avant le passage des Russes à l'acte militaire ? Si sur le plan diplomatique, les Européens, le président français en tête, ont tout tenté pour faire reculer Poutine, le président américain, quant à lui, s'est limité à lancer des alertes et des menaces à l'encontre de la Russie. On parlait d'un sommet Poutine-Biden, qui n'aura jamais lieu, Poutine ayant décidé d'envahir l'Ukraine tout juste avant de tenir langue avec son homologue américain. Les efforts diplomatiques américains n'ont pas été mis, pas assez, au service de la paix dans ce conflit lointain ? Peut-être parce qu'il n'y avait vraiment rien à faire sur le plan diplomatique, le président américain affirmant dans ce sens, d'une manière catégorique, que la Russie a décidé d'envahir l'Ukraine quelques jours avant l'entrée en action des troupes militaires russes. Peut-être, aussi, parce que la lointaine Ukraine, où il n'y a ni bases américaines ni réserves stratégiques de pétrole ne présente aucune menace sur la sécurité nationale des Etats-Unis.

Dans cet état d'esprit, il paraît très clair que les Etats-Unis espèrent affaiblir la Russie dans cette campagne guerrière en Ukraine, qui aura à elle seule un énorme coût, et en lui imposant des sanctions économiques jamais engagées par le passé.

Certains observateurs vont jusqu'à soutenir que Joe Biden, à travers une passivité feinte, a laissé la voie grande ouverte à Poutine pour attaquer l'Ukraine. « Le but (ndlr, des sanctions) est de maximiser l'impact à long terme sur la Russie, tout en minimisant celui sur les Etats-Unis et leurs alliés », a déclaré Joe Biden, le 24 février dernier, tout en insistant sur la solidité de l'alliance occidentale. L'Occident, qui ne peut pas envoyer de troupes militaires en Ukraine (non membre de l'Otan), a décidé d'isoler la Russie sur le plan international en lui imposant un blocus total sur le plan économique, financier et même sportif. Poutine, qui devait bien savoir à quoi s'attendre en déclenchant cette guerre, a-t-il un plan pour minimiser les effets de cet embargo qui lui est imposé par les Occidentaux ? Compte-t-il sur ses alliés chinois et africains ? Tôt ou tard, ce conflit va diviser le monde en clans pro-occidentaux et pro-russes. Et, si le clan des Occidentaux est clairement formé, le second reste encore discret. Les pays africains et les pays du Golfe n'ont manifesté aucune position face à cette guerre qui fait, pourtant, bouger les lignes sur le plan géostratégique. Mais, pour combien de temps ? Russes et Occidentaux vont user de toute la pression nécessaire, chacun de son côté, pour faire rallier à leur raison le maximum de pays.