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Maroc, France, allocation chômage...: Les précisions de Tebboune

par R. N.

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a affirmé, mardi lors de son entrevue périodique avec des représentants de la presse nationale, que les choses avec le Maroc «n'ont pas changé, depuis le début de la crise, pis elles sont aggravées», relevant que Rabat «s'appuie sur la propagande et les fake-news avec le soutien d'Israël».

Lors de cette entrevue, Abdelmadjid Tebboune a évoqué plusieurs dossiers économiques, sociaux, avec notamment l'annonce d'une allocation chômage dès mars 2022. Interrogé sur le dossier de l'importation ou la fabrication de véhicules neufs, il a indiqué que la question sera «tranchée avant la fin du premier trimestre en cours», qualifiant ce dossier de «très complexe», notamment après l'échec de l'expérience du montage de véhicules qu'a vécue l'Algérie durant les dernières années. Précisant : «Un seul opérateur nous a fait perdre plus de 3,5 milliards USD». Quant à l'importation des véhicules, le président de la République a relevé «la possibilité» d'importer à condition que «les concessionnaires comprennent que les anciennes pratiques ne sont plus tolérées», citant, entre autres comportements, la non-garantie des pièces de rechange par une grande firme européenne qui commercialisait ses véhicules en Algérie.

Pouvoir d'achat, salaires, IRG

Sur le pouvoir d'achat, le Président Tebboune a précisé que les salaires ont augmenté de 14 à 16% à la faveur de la réduction de l'impôt sur le revenu global (IRG), ce qui a permis de contrer les effets de l'inflation estimée à 7%. Cette démarche s'inscrit dans le cadre des mesures décidées par l'Etat en vue d'augmenter le pouvoir d'achat du citoyen, par l'augmentation du salaire minimum à 20.000 DA et l'exonération des salaires inférieurs à 30.000 DA de l'IRG, en attendant l'augmentation du point indiciaire au profit des fonctionnaires, a promis M. Tebboune.

Autre mesure prise récemment pour améliorer le pouvoir d'achat du citoyen, le Président Tebboune a évoqué l'autorisation des producteurs de pâtes alimentaires à acquérir les céréales auprès de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) à des prix subventionnés, alors qu'ils étaient obligés de les importer de façon libre. Désormais, la mission d'importation des produits de base a été confiée aux entreprises étatiques qui procéderont à leur vente sur le marché national à des prix abordables, a fait savoir le Président Tebboune.

La suppression définitive des taxes sur le e-commerce

M. Tebboune a annoncé également que la suppression de tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les startups sera maintenue «en permanence». Pour le chef de l'Etat, les taxes imposées sur ces équipements n'avaient pas lieu d'être d'autant que l'Etat œuvre à la généralisation et la promotion de la numérisation et l'encouragement des startups.

Par ailleurs, il a annoncé une réduction de la charge fiscale des boulangers, afin de garantir la stabilité des prix du pain. Il s'agit de la suppression de l'impôt sur le chiffre d'affaires à compter de fin mars prochain, pour ne garder que celui sur les bénéfices. Une décision qui sera officialisée dans la prochaine loi de finances complémentaire (LFC), a-t-il indiqué.

Le président de la République a annoncé aussi l'attribution d'une allocation chômage de 13.000 DA à partir de mars 2022, «sous forme de présalaire afin de préserver la dignité des jeunes». Cette allocation sera accompagnée d'une couverture sanitaire au profit des bénéficiaires.

Pas de «détenus d'opinion» en Algérie

En réponses aux questions relevant du volet politique, le Président Tebboune a souligné que «la démocratie est édifiée sur une base solide qu'est la liberté d'expression véritable et responsable», estimant qu'un article attentatoire à l'ANP ne saurait être considéré comme étant une expression d'opinion. Pour M. Tebboune, il n'existe pas en Algérie de «détenus d'opinion», ajoutant que «l'opposition au pouvoir et la liberté d'expression sont garanties par la Constitution sans que cela permette de semer la zizanie et le chaos ou encore porter atteinte à la sécurité publique». «Rédiger un article hostile à l'Armée nationale populaire (ANP), par exemple, est comme travailler dans une cinquième colonne mobilisée pour nuire au moral de l'armée, chose que certains ont fait en collaboration avec des ambassades étrangères», a-t-il ajouté.

Le Président a affirmé que «la présence de chaînes de télévision et de radio activant illicitement sans qu'elles soient fermées prouve que nous n'avons pas restreint les libertés, mais ce qui a été constaté, c'était bien le recul des cas d'attaques et de diffamation à travers ces espaces étant donné que les injures sont désormais un acte puni par la loi». «Les choses vont bientôt changer, car d'ici un mois la nouvelle loi sur l'information qui régit le champ audiovisuel en Algérie sera promulguée», a-t-il ajouté.

Algérie-France: un «dégel»

Interrogé sur les relations de l'Algérie avec la France, le président de la République a évoqué «un dégel», soulignant que «l'Algérie est un pays incontournable pour l'Afrique et une puissance africaine avérée». Le chef de l'Etat qui a notamment mis l'accent sur la nécessité d'une «entente» basée sur le respect mutuel. «De manière générale, les choses se sont tassées», a-t-il dit, rappelant les résultats «très positifs» ayant couronné la récente réunion tenue à Alger entre une délégation française conduite par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères français avec une délégation conduite également par le SG du MAE algérien. Concernant le prochain Sommet de la Ligue arabe, Abdelmadjid Tebboune a démenti l'existence d'un quelconque désaccord entre les dirigeants arabes concernant son organisation en Algérie. M. Tebboune a formulé le vœu de voir le sommet d'Alger sanctionné de résultats «très positifs», d'autant que «le monde arabe en a besoin», ajoutant : «Arrêtons la désunion».

S'agissant de la date du Sommet, Tebboune a précisé qu'« une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères sera tenue en mars prochain au Caire, au cours de laquelle la date définitive sera officialisée. Ajoutant que ce sera lors du dernier trimestre de l'année en cours et «il sera probablement lié à une journée historique pour l'Algérie».