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El-Bayadh: Les éleveurs tirent la sonnette d'alarme
par Hadj Mostefaoui
 Des milliers d'éleveurs confrontés à une longue
période de sécheresse ne cachent pas leurs inquiétudes. L'heure est grave,
c'est tout un pan de l'économie nationale qui risque de s'effondrer tel un
château de sable réduisant à néant le potentiel capital ovin de la région des
hauts Plateaux qui s'étend d'El-Aricha à Tébessa. De
nombreux éleveurs ont été obligés de brader le peu de têtes de moutons qui
assurent la survie de toute la famille. Croisés dans les trois importants
marchés aux bestiaux de la wilaya, certains éleveurs nous ont déclaré qu'ils
étaient prêts à tout pour obtenir un sac d'orge et de maïs concassé. Il faut
agir vite avant qu'il ne soit trop tard et le spectre de l'exode rural se
profile déjà à l'horizon. « L'expérience nous a appris que ce sont des milliers
de familles qui vont rééditer le phénomène vécu au début de 1974 qui a été
marqué par l'émergence de bidonvilles tout autour des petites et moyennes
agglomérations », nous confie un ancien éleveur désemparé. L'ensemble du
territoire de la wilaya a enregistré le plus faible taux de pluviométrie du
pays. La terre s'est asséchée et les rares pâturages sont quotidiennement
envahis par le sable. Les premières dunes de sable, hautes parfois de plus de
cinq mètres, font leur apparition dans les communes du nord de la wilaya. Des
milliers d'hectares de terres sont ainsi ensevelis sous des tonnes de sable qui
étouffent toute forme de vie entrainant dans son sillage la disparition de
dizaines d'espèces végétales locales tels le thym, l'alfa ou l'armoise. Tous
les efforts de réhabilitation de cette flore entrepris par la conservation des
forêts, entre opérations de reforestation par l'introduction d'espèces
végétales rustiques traditionnelles se sont avérés insignifiantes face aux
retombées désastreuses de la désertification inexorable des parcours qui se
poursuit à un rythme très inquiétant. Des milliers d'hectares de terres de
parcours disparaissent chaque année sous le sable et pas une seule herbacée n'y
échappe.
Le cheptel, toutes espèces confondues, est durement
frappé par cette longue période de sécheresse qui ruine les éleveurs et menace
sérieusement la seule richesse de la wilaya. C'est un combat quotidien que les
éleveurs doivent mener pour ne pas être contraints à faire la manche pour
survivre. En dépit des mesures draconiennes prises par les pouvoirs publics
pour réguler les prix et la distribution équitable de l'aliment de bétail, des
spéculateurs de tous bords, profitant de la détresse des éleveurs, ont fait
main basse sur ces produits très sensibles et imposent en toute impunité leurs
prix. De nombreuses formules très attrayantes pour l'acquisition de ces
produits auprès des organismes étatiques ont été proposées aux éleveurs, mais
peine perdue, le marché de l'aliment du bétail a été déréglé. Le quintal de
maïs concassé dépasse les 7.000 DA tandis que celui du son a franchi la barre
des 5.000 DA. L'éleveur est désarmé face à cette hausse vertigineuse des prix
de l'aliment du bétail. Le cheptel ovin, caprin, bovin et camelin est
sérieusement menacé et cela risque de se répercuter négativement sur le prix
des viandes rouges. Les d'éleveurs interpellent les hautes autorités de l'Etat
pour sauver leur cheptel.
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