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Séparation de l'action syndicale du politique: «Clarifier les concepts pour éviter l'amalgame»

par M. Aziza

Le ministère du Travail avait invité les organisations syndicales «à lui faire parvenir avant le jeudi, 03 février prochain, leurs propositions, avis et remarques» concernant le projet de révision de la loi portant modalités d'exercice de l'action syndicale conformément aux résolutions du Bureau international du travail (BIT). Une réforme qui a été décidée par le président de la République. Bien que certains syndicats aient affirmé que le problème ne réside pas dans les lois, mais plutôt dans leur application par les dicteurs et les responsables d'administration ou entreprises, mais pour eux certaines modifications doivent être apportées au texte. Notamment celle relative à la « représentativité syndicale ». Mais, tous les syndicats que nous avons pu contacter ont affirmé qu'ils n'ont pas compris cette notion « de séparer l'action syndicale du politique». Le porte-parole de l'Unpef Abdelouahab Lamri Zegar a affirmé qu'il «n'a vraiment pas compris» en tant que syndicaliste cette notion. Et de souligner «peut-être cette notion de séparation concerne certains syndicats qui se cachent derrière les revendications professionnelles, afin de réaliser des revendications purement politiques » en soulignant que son syndicat est carrément contre cette méthode ou cette démarche et rejette carrément ce genre de subterfuge. Cependant, dit-il, «la défense de certains sujets tels que les libertés individuelles et publiques et les droits de l'homme ainsi que sur certaines causes justes telles que la solidarité avec les peuples opprimés et occupés, comme la Palestine, sont des questions d'ordre politique » en enchaînant « ce sont en fait des questions qui sont aussi au cœur des préoccupations du travail syndical dans le monde entier ».

Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, abonde dans le même sens en affirmant ne pas comprendre cette remarque ou cet appel, du fait que dans les lois algériennes, dans le statut et le règlement intérieur des syndicats «les pratiques politiciennes en lien avec les partis politiques ne sont pas tolérées dans l'exercice syndical». Mais, dit-il, «cela n'empêche guère les syndicats de défendre les droits et les intérêts sociaux, en évoquant ou analysant les politiques sociales ou économiques du pays, toutes ces questions ont un lien avec la politique en général». Pour Messaoud Boudiba, il faut donc « définir les concepts avec clarté et précisions pour éviter les amalgames avec le risque de retour en arrière en matière de militantisme syndical». Même son de cloche chez Zoubir Rouina, président du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (CLA), qui a appelé à clarifier les limites des pratiques politiques dans l'exercice syndical et clarifier quelles sont les pratiques politiciennes à bannir dans l'exercice syndical pour qu'il n'y ait pas de confusion. Khaled Keddad, président du Syndicat national des psychologues (Snapsy), a affirmé que dans un syndicat, vous trouvez différentes tendances politiques, mais ce sont des convictions politiques individuelles qui sont d'ailleurs un droit consacré par la Constitution algérienne. Il dira qu'il n'est pas du tout dans l'intérêt d'un syndicat de mélanger entre le militantisme syndical et les convictions politiques et partisanes, en insistant que «dans un même syndicat vous trouvez différentes tendances politiques individuelles et chaque syndicat doit respecter les différences individuelles de ses membres». Il affirme que «de mon point de vue personnel, cette séparation entre le rôle que jouent les syndicats autonomes dans la défense des intérêts et les droits des travailleurs et le rôle que jouent les partis politiques est déjà respectée. Maintenant, s'il y a des dérives ou des choses qu'on ne connait pas, il est dans l'intérêt de tous de bien définir les concepts». Appelant ainsi les autorités chargées de réviser les lois sur l'exercice syndical de fournir plus de clarification.

Djahid Hireche, porte-parole du SNTE, membre d'un syndicat affilié à l'UGTA, a affirmé «certes il faut que l'exercice syndical se distingue de l'exercice des partis politiques, mais il faut clarifier les choses, car les syndicats dans leur lutte syndicale militent pour assurer de bonne rémunération et les conditions de travail. Ils militent pour assurer une bonne sécurité sociale pour les travailleurs et la retraite. Sachant que toutes ces questions ont un lien avec les politiques sociales et économiques du pays. D'où la nécessité de bien définir les concepts».

Des syndicats exigent la révision à la baisse du seuil de représentativité

La majorité des syndicats que nous avons contactés ont affirmé qu'ils vont transmettre leurs propositions au ministère du Travail. Affirmant qu'un travail a été déjà fait dans un passé récent dans le cadre de la révision et l'enrichissement des dispositions de la loi relative aux modalités d'exercice du droit syndical. Les syndicats du secteur de l'éducation ont beaucoup axé sur la question du seuil de représentativité fixé à 20% par les pouvoirs publics. Pour certaines formations syndicales, cette mesure est une entrave à l'action syndicale et à la pluralité syndicale. Leur argument repose sur le fait que le secteur de l'éducation compte 33 syndicats dans le secteur, d'où l'impossibilité d'atteindre les 20% de représentativité. Le porte-parole de la SNTE, Djahid Hireche, a précisé que la loi 90/14, à travers ses dispositions, a beaucoup axé sur l'exercice syndical du point de vue économique « dans l'entreprise » au détriment de l'exercice syndical dans la fonction publique en général. Il a affirmé que des propositions seront donc faites sur l'exercice syndical du terrain, sur l'octroi des agréments et sur le rôle que doivent jouer les fédérations syndicales, ainsi que sur la question du seuil de représentativité. Il conclut en affirmant qu'aujourd'hui on présentera des propositions pour apporter certaines modifications concernant l'exercice syndical, mais on reviendra pour exiger l'application stricte des lois et du respect de l'exercice syndical, conformément aux lois algériennes et aux résolutions du Bureau international du travail (BIT).