La
situation se complique pour le Mali à la suite des très lourdes sanctions
décidées par les pays de la Communauté économique des États d'Afrique de
l'Ouest (Cédéao). La proposition des autorités
maliennes de prolonger la transition militaire de quatre ans a été très mal
accueillie par la communauté de la Cédéao, qui a
opposé un rejet de cette proposition, accompagné d'une batterie de sanctions
avec effet immédiat, dont le gel des avoirs au sein de la Banque centrale des
États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), la fermeture des frontières avec tous
les États membres, la suspension des transactions et les retraits des
ambassadeurs. Ce qui provoque un isolement sans précédent du Mali de son
environnement naturel. Les sanctions, qui prennent effet immédiatement, seront
levées progressivement et seulement lorsque les autorités maliennes
présenteront un calendrier «acceptable» et que des progrès satisfaisants seront
observés dans sa mise en œuvre, précise le communiqué final de la conférence
des dirigeants réunis, dimanche 9 décembre, à Accra. C'est un coup très dur
pour la trésorerie du pays surtout, puisque le gel de tous les avoirs de l'Etat
et ses entreprises peut, à court terme, mettre le pays à genoux. Si les sanctions en question ont provoqué les inquiétudes des
opérateurs économiques et de la population en général, qui mesurent la gravité
de la situation sur le plan social et économique, les autorités maliennes ont
vite réagi en condamnant ces sanctions « illégales et illégitimes » et en
mettant en application illico presto le principe de la réciprocité, en
rappelant les ambassadeurs maliens en Afrique de l'Ouest et la fermeture de ses
frontières avec ses voisins de la Cédéao, accusés de
servir des intérêts extrarégionaux aux desseins inavoués, ceux de la France
notamment. Un engagement clair sur la voie du durcissement de la
position des autorités maliennes de transition, voire l'engagement d'un bras de
fer avec la communauté de la Cédéao, qui en dit long
sur leur volonté de camper sur leur proposition qui prolonge à quatre ans la
transition militaire. Le Mali compte-t-il désormais sur ses voisins du Nord,
l'Algérie et la Mauritanie (l'utilisation de ses ports notamment) ? Il n'y a
pas d'autres voies envisageables. Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid
Tebboune, a reçu, le jeudi 6 janvier, soit trois
jours avant les derniers développements de la situation, le ministre malien des
Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, qui
était porteur d'un message du président de la transition au Mali, le colonel Assimi Goïta. Ce dernier devait
prévoir un tel développement de la situation et il voulait certainement
s'assurer du soutien de l'Algérie. La réponse du président de la République a
été très claire, affirmant à l'envoyé personnel du président de la transition
au Mali « la disponibilité permanente de l'Algérie d'accompagner les frères
maliens dans le rétablissement de la sécurité et la paix et le soutien du
processus démocratique ».