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La «grande peur» du changement

par El-Houari Dilmi

S'il est vrai qu'un escalier se balaie du haut vers le bas, qu'en est-il, alors, de celui qui nettoie toutes les pièces de sa maison pour glisser toute la poussière sous le grand tapis du salon ? Pour tout un chacun, il est aisé de constater, aujourd'hui, que la grande bataille contre la résistance au changement est loin d'être gagnée. La preuve par neuf, est cette déclaration du Président Tebboune himself, qui a eu l'honnêteté intellectuelle d'avouer que ses décisions ne sont pas appliquées sur le terrain cahoteux de la réalité.

Pourtant, il y a bien longtemps que les ordres venus d'en haut, n'ont pas d'écho au niveau local. Du simple fonctionnaire jusqu'au haut commis de l'Etat, en passant par le citoyen lambda, la lecture «à géométrie variable» des lois de la république, fait que chacun a sa propre république dans sa tête comme le dit si bien la sagesse populaire. Exemple vivant : de nombreux citoyens continuent de se plaindre du refus par l'administration des documents imprimés et signés électroniquement. Comment un simple rond-de-cuir peut-il balayer d'un revers de la main le travail titanesque qui est en train de se faire pour numériser l'administration, seul moyen de lutter contre les fieffés bureaucrates et «couper la main» aux corrompus ? Le ou les changement(s) servent-ils à quelque chose sous nos cieux particuliers ? A rien, si ce n'est à conserver l'immuable, entretenir le statu quo. L'on pensait que l'ère des slogans creux et des incantations trahies par les faits, était bel et bien révolue, mais il est évident qu'aujourd'hui, une véritable guerre de rupture doit être menée contre la résistance au (x) changement(s), mais aussi contre la «mentalité rentière» avant le système rentier. Si les plus hautes autorités du pays reconnaissent que tout ce qui est décidé au sommet de la pyramide du pouvoir est saboté à la base, c'est que «l'Etat dans l'Etat» ou «l'Etat profond», continue de jouir d'une capacité de nuisance qui risque de réduire à néant tous les efforts entrepris, jusque-là, pour édifier l'Algérie nouvelle. A rebours du bon sens, faut-il se résoudre à croire qu'en Algérie, c'est le mouvement qui crée l'immobilisme ? Au point que l'on se retrouve comme oppressé par ce sentiment tenace, celui de vivre dans un pays comme transformé en une gigantesque salle d'attente?