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Replacer la Syrie à la table arabe

par Abdelkrim Zerzouri

Le Maroc sera-t-il de la partie au prochain Sommet arabe, prévu au mois de mars 2022 à Alger ? La question se posait, déjà, depuis l'annonce de la tenue du prochain Sommet à Alger, au début de l'année 2020, que dire maintenant avec la détérioration des relations entre les deux pays, arrivées à la rupture des relations diplomatiques au mois d'août 2021 et une vive tension alimentée par le conflit au Sahara Occidental, ainsi que d'autres positions marocaines qui visent directement la division du territoire algérien, et créant un climat «malsain» dans la région à travers la signature des accords sécuritaires avec Israël. La diplomatie marocaine, si prolixe quand on parle de l'Algérie, garde un silence éloquent sur la question, feignant ignorer l'événement en question, en évitant soigneusement de l'évoquer, nulle part dans les interventions des responsables marocains. Le suspense sur la participation du Maroc au prochain Sommet d'Alger est bien entretenu, d'autant que, curieusement, personne n'a cherché à faire éclater au grand jour la réaction des Marocains en sollicitant à ce propos les responsables de la diplomatie marocaine. Peut-être que le Maroc est parti pour attendre le dernier moment, après la réception d'une invitation officielle pour participer au Sommet, pour faire part de sa position. Bien évidemment, ce n'est pas à l'Algérie de répondre à la question, même si le sommet sera organisé à Alger. A Alger, on s'active depuis quelque temps pour replacer la Syrie à la table arabe à l'occasion de ce Sommet, parce que ce pays a été exclu de la Ligue arabe quelques mois après l'éclatement de la guerre civile, au mois de novembre 2011, une décennie, et le demeure encore aujourd'hui, comme le fut avant lui l'Egypte, un autre pays exclu durant dix ans également des activités de la Ligue (de 1979 à 1989) à la suite de la signature? des accords de paix avec Israël. Le Maroc ? Vu d'Alger, il s'agit d'un pays membre de la Ligue arabe, qui doit de ce fait participer indiscutablement aux réunions de cette organisation. D'ailleurs, le discours prôné par Alger dans ce contexte se réfère avec insistance à l'unité des rangs des pays arabes. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé ces derniers jours que «l'Algérie est un Etat qui rassemble les belligérants», en allusion à la participation de la Syrie au prochain sommet arabe prévu le 22 mars 2022 à Alger, soulignant que cette rencontre devrait être «réunificatrice». Alger souhaite que ce prochain Sommet arabe «puisse constituer un nouveau départ pour un monde arabe déchiré». Même discours entendu à l'occasion de cette dernière visite du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, où il a soutenu une énième fois que «l'Algérie veut en finir avec les divisions et les scissions arabes (?); j'espère que le sommet d'Alger puisse unifier les rangs arabes, avec en tête des priorités la cause palestinienne». Faut-il entendre qu'on doit en finir avec les divisions entre l'Algérie et le Maroc, deux pays voisins et membres de la Ligue arabe ? L'Algérie qui a, jusque-là, refusé toutes les médiations pour établir un rapprochement avec le Maroc, serait-elle à l'avenir plus souple sur la question, Sommet «réunificateur» oblige ? Ou le Maroc va-t-il s'auto-exclure du prochain Sommet arabe d'Alger et épargner de vains efforts à tout le monde ?