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La
flambée des prix des produits agricoles de large consommation a de tout temps
défrayer la chronique et ne manque pas de soulever à chaque fois, un tollé de
réactions amplifiées par les médias sociaux toujours à la recherche de points
d'achoppement pour continuer d'exister quitte à terroriser les consommateurs
lambda au pouvoir d'achat déjà laminé. C'est ainsi que de manière cyclique, la
pomme de terre et autres produits alimentaires essentiels sont au centre
d'interminables discussions byzantines et autres palabres qui font de la
dénonciation de cet état de fait, leur « choux gras ».
Personne n'ignore le fait que depuis un certain nombre d'années, il devient problématique et stressant pour une très large frange de citoyens à bas revenus, de se procurer de quoi assurer le minimum vital à leurs familles. Doit-on pour autant, s'étonner de voir les prix des produits alimentaires essentiels de base grimper de manière inconsidérée alors que les causes connues de tous continuent d'engendrer des effets négatifs frappant de plein fouet la majeure partie de la population qui voit son pouvoir d'achat s'éroder ? Cette situation largement prévisible faut-il le souligner, préjudiciable à plus d'un titre, m'amène à partager les éléments essentiels qui, à mon humble avis, sont à la base de la flambée des prix et à l'origine de l'instabilité de la mercuriale. Mais avant cela, je signale que la présente contribution se veut être de ce fait, le prolongement de ma précédente tribune intitulée fort justement « décolonisation de notre agriculture un acte majeur de notre souveraineté nationale » (cf Quotidien d'Oran du 16 juillet 2021), plaidant pour passer d'une agriculture au service de la puissance coloniale qui produisait pour les privilégiés, à une agriculture produisant pour le peuple Algérien. C'est pourquoi, j'avais relaté de manière succincte les principales phases qui ont marqué notre agriculture, ébauché et soumis à débat, un certain nombre de propositions jugées pertinentes allant dans le sens de la question traitée. RAPPEL DES ÉLÉMENTS ESSENTIELS QUI SONT À LA BASE DE LA FLAMBÉE DES PRIX 1)-Tout d'abord, il va falloir cesser d'entretenir le mythe trompeur selon lequel notre pays fut le « grenier de Rome », ce qui laisse supposer que celui-ci est hautement agricole, et bien plus tard de l'empire français, qui, pour entre autres, s'affranchir du payement du blé qui lui avait été livré, avait décidé d'envahir notre pays. C'est d'ailleurs ce leitmotiv que certains responsables qui se croient tout permis lancent, non sans une pointe de mépris, à l'adresse des fellahs constituant la colonne vertébrale de notre économie agricole et de l'encadrement agricoles médusés, pour leur imputer la faiblesse des productions agricoles et déconsidérer leurs efforts, ô combien méritoires. Certes, il se trouve que notre pays, naturellement bien doté en termes de superficies, de climat, de luminosité, de position géographique stratégique, ..., en un mot, réunissant les conditions naturelles idoines qui caractérisent un pays à vocation agricole, offre des possibilités d'étendre à volonté la superficie des terres cultivables. Pour ce faire, il suffit de réunir les conditions qu'exigent chaque plante, dont l'indispensable dose d'eau (pluviale ou par irrigation) et de mettre en œuvre de manière maitrisée les techniques et les acquis de la recherche agronomique. Pour étayer cette affirmation il convient de citer l'exemple le plus significatif (il doit faire école et être médité) que nous offrent incontestablement nos douces Oasis et leurs cultivateurs. Mais de là à en faire arbitrairement un grenier de Rome, à convoquer notre histoire pour lui faire dire des contrevérités, c'est un pas qu'il faut éviter de franchir. Cependant, il y a un facteur limitant de taille : l'EAU ! La pluviométrie qui reste, du fait de son insuffisance, de sa répartition dans l'espace et dans le temps. C'est là, le seul facteur limitant sur lequel l'homme reste impuissant et dont il doit tenir compte dans son entreprise de production agricole. Il ne lui reste que son génie créateur pour gérer et utiliser avec parcimonie et surtout un niveau élevé de responsabilité cette précieuse et vitale ressource qui tend à se raréfier avec les bouleversements climatiques inquiétants que l'on connait et auxquels s'ajoute le gaspillage inconsidéré de cette ressource rare. Et dire que la gestion de l'eau a été de tout temps au centre des préoccupations de nos aïeux qui avaient su développer et mettre en place des procédés ingénieux (exemple significatif des foggaras) pour gérer collectivement et distribuer équitablement cette précieuse et vitale ressource naturelle selon un ordre de priorité préalablement établi qui tienne compte des besoins des principaux utilisateurs, en l'occurrence les animaux, les humains, les producteurs agricoles ...Il faut aussi garder à l'esprit que notre pays se situe dans les zones arides et semi-arides caractérisées par une pluviométrie très irrégulière dans le temps et dans l'espace. 2)- Par ailleurs, il faut admettre que la démographie galopante que connait le pays peut contrarier considérablement, voir annihiler, les efforts déployés pour améliorer quantitativement et qualitativement les productions agricoles et de la productivité. Celles-ci ne connaitront certainement pas la même évolution que les besoins toujours grandissants induits par cette croissance démographique débridée et l'aspiration des citoyens à améliorer leurs repas quotidiens. De ce fait, il est à craindre que les pénuries touchant les produits de base risquent de perdurer surtout si l'on continue à produire pour spéculer ou pour exporter au détriment des besoins essentiels de la population. 3)- On oublie souvent que la colère éprouvée par les citoyens lambda suite à la cherté de ce tubercule et instrumentalisée de façon malhonnête par les « néo-harkis du Net » comme arme de guerre de « quatrième génération » en misant sur le soulèvement de la population, trouve ses origines dans la gestion calamiteuse du pays depuis la décennie 1980. Le fait que les décideurs aient décidé de changer de cap pour installer l'économie de marché que d'aucuns qualifiaient d'économie de Bazard, avec tout ce que cela comporte comme conséquences désastreuses pour la production nationale et le pouvoir d'achat des citoyens, a conduit inéluctablement à la flambée des prix incontrôlable. En effet, ce changement de cap initié et mis en œuvre dès le début de la décennie 1980, vendu et emballé sous l'habillage de « l'INFITAH » pensé ailleurs (?), et un slogan racoleur et fallacieux « pour une vie meilleure » pour installer le néolibéralisme dans notre pays qui avait osé un semblant de justice sociale, avait permis le démantèlement et le transfèrement du patrimoine de l'État, donc du peuple, au profit d'une clientèle prédatrice, insatiable.... voire antinationale. Dans son sillage, il a aussi permis de ramener l'Algérie, ce pays « rebelle », dans le giron du capitalisme triomphant, mondialisé à l'effet de marquer la fin de sa construction sociale et solidaire débarrassée des stigmates du colonialisme voulue par nos martyrs. De ce fait, les décideurs de ce pays trahi qui avaient mis brutalement un terme à une agriculture en voie de décolonisation mise en place dès l'indépendance du pays qui ambitionnait résolument de réaliser son indépendance alimentaire et d'améliorer sensiblement et qualitativement l'alimentation des citoyens, pour la remplacer par une agriculture au service du capital où la loi du marché,(à l'algérienne cela s'entend), régissant l'offre et de la demande désormais érigée en dogme, ont favorisé l'émergence de l'informel et perdu le contrôle de la situation. Il est instructif de rappeler que c'est au titre de la décolonisation de notre agriculture que quelques quatre cent mille hectares de vignobles à raisin de cuve ont été arrachés pour être reconvertis en sole de production de cultures stratégiques, principalement les céréales, les légumes secs, les fourrages,... Il est choquant de voir aujourd'hui que des terres irriguées occupées auparavant par les cultures stratégiques soient détournées par des spéculateurs au profit de cultures spéculatives dont les produits sont destinés aux nantis et à l'exportation et replantées, y compris dans les périmètres irrigués, en vigne. Là où le bât blesse, c'est que, nonobstant le fait que rien ne justifiait ce revirement inattendu, en dehors de la volonté manifeste de détricoter tout ce qui a été réalisé depuis l'indépendance par le peuple et pour le peuple et gommer une page de notre histoire récente, c'est que les conditions basiques pour instaurer l'économie de marché n'étaient même pas réunies. En effet, l'offre ne couvrant pas la demande, et ça tout le monde le sait, a généré par voie de conséquence des situations de pénuries des produits alimentaires de base favorisant indéniablement la spéculation et son corollaire la flambée des prix. Il va s'en dire que cette situation favorise la prolifération d'importateurs peu scrupuleux qui étaient en embuscade depuis notre indépendance, pour inonder le marché en produits en tout genre importés pour concurrencer notre production nationale. Hélas, le comportement du consommateur développant un complexe du « made in » aidant, la production nationale s'en est trouvée très impactée négativement. Contrairement à ce qui était promis, les prix n'ont jamais cessé de grimper et ce malgré les interventions ponctuelles de circonstance des pouvoirs publics qui restent sans effets palpables. 4)-Et c'est ainsi que le système coopératif mis en place depuis notre indépendance, particulièrement les coopératives de services spécialisés, de commercialisation des productions agricoles et d'approvisionnements en intrants, pour rapprocher et mettre à la disposition des cultivateurs (Fellahs) l'ensemble des facteurs de production et les services dont ils ont besoin dans les délais requis à des prix étudiés, et permettre ainsi à ces derniers de se consacrer pleinement au travail de leurs exploitations, a été le premier à faire les frais de cette entreprise de démantèlement. Il est intéressant de rappeler que parmi les réalisations structurantes destinées à améliorer les conditions sociales et économiques des fellahs mis en place par notre pays pour apporter concrètement l'assistance nécessaire aux cultivateurs, le réseau de coopératives constitué des Coopératives Communales Polyvalentes de Services, des Coopératives Agricoles des Services Spécialisés et de l'Office National des Approvisionnements en Semences Agricoles reste incontestablement celui qui avait contribué concrètement à l'entreprise de modernisation de notre agriculture. Le démantèlement de ce réseau a eu comme conséquence immédiate le transfèrement de toutes les missions de soutien logistique, d'approvisionnement, de commercialisation des produits agricoles, de conseil... assurées dans la transparence et la traçabilité, où tout était facturé, qu'il avait assuré tant bien que mal au secteur privé avide et prédateur. Les prix des facteurs de production connaissant depuis une augmentation incontrôlable ont impacté sérieusement les coûts de production et par voie de conséquence les prix à la consommation et contraint des cultivateurs à abandonner l'exploitation de leurs terres. 5)-Il s'en était suivi le démantèlement des domaines agricoles autogérés qui exploitaient quelques trois millions d'hectares issus des terres récupérées et des nationalisations constituant le meilleur potentiel agricole. Cette opération irrationnelle menée tambour battant par un personnel non formé à cette tâche, sans aucune étude ni concertation et que rien ne justifiait, a abouti à une démultiplication d'exploitations livrées à elles même et dont la viabilité est très aléatoire. De ce fait, les nouvelles exploitions individuelles ou semi-collectives ont attiré des exploitants d'un nouveau genre qui offraient à ces dernières de louer les terres à haut potentiel agricole, de préférence irriguées ou irrigables, pour y pratiquer des cultures spéculatives et ce bien évidement au détriment des besoins essentiels de base de la population. Ils font ainsi sans état d'âme ce qu'avaient fait avant eux les sinistres colons. Ce comportement qui n'est pas sans conséquences sur le volume de production des produits de première nécessité, contraint les décideurs du pays à recourir à l'importation de produits agricoles que notre sol encore fertile devait fournir mettant ainsi en forte dépendance notre souveraineté nationale et paradoxalement encouragent les exportations de produits agricoles. Ils feignent d'oublier que la meilleure façon d'exporter est de ne pas importer ! 6)- L'abrogation de l'ordonnance portant monopole sur le commerce extérieur et la parité du dinar algérien fixée artificiellement, une aberration de plus, sont des actes faits pour booster les importations en tout genre, au détriment de la production nationale et installer de manière pernicieuse le modèle de société de consommation, lui aussi importé. Il va s'en dire que les incidences de ces mesures sur les prix de cession des produits importés (intrants, matériels et outillages, produits sanitaires... alimentaires) sont importantes. 7)-La régulation par le marché prônée par les décideurs dès la mise en œuvre de la politique d'ouverture et vendue au peuple comme étant la panacée pour régler définitivement les situations de pénuries cycliques a été et est assurée dans sa quasi-totalité par le secteur privé. Il faut lui reconnaitre qu'il l'assure fort bien en ce sens qu'il combat la concurrence, protège ses intérêts, provoque des pénuries sur des produits de large consommation pour maintenir les prix élevés et afficher ses capacités de nuisance. À croire que les pratiques immorales des puissances occidentales consistant à détruire des récoltes, à financer la pratique de la jachère, à créer des pénuries... pour maintenir les prix élevés et brandir l'arme alimentaire, semblent inspirer les tenants du marché des produits alimentaires de base dans notre pays. 8)-La formation des prix des produits de large consommation résultant de l'interaction d'un ensemble des éléments ci-dessus rappelés et des conséquences induites par des pratiques répréhensibles (location de terres, surfacturation, achat sur pied, gaspillages, mauvaise gestion,...)aggravées par des comportements immoraux de certains tenants du marché des produits alimentaires, que les autorités publiques envisagent de criminaliser, est actuellement sous contrôle exclusif des tenants du marché informel. MESURES OPÉRATIONNELLES ÀPRENDRE POUR Y REMÉDIER À l'évidence, ce rappel des éléments saillants qui sont à la base de la formation des prix de cession des produits alimentaires de base n'est pas fait pour dire que la situation est désespérée. Des solutions existent. Il s'agira d'engager résolument l'ensemble des moyens pour mener la mère des batailles, en l'occurrence l'indépendance alimentaire de notre pays et sa sécurisation qui passent nécessairement par la décolonisation de notre agriculture, trop dépendante des importations de produits alimentaires, d'intrants et de matériels, jadis produits chez nous. C'est une bataille à la portée du pays pourvu qu'elle soit déclarée cause nationale et que les leviers dont disposent les décideurs soient utilisés intelligemment pour faire aboutir ce projet. Pour mener à bon port cette bataille, les mesures opérationnelles jugées essentielles ci-après données à titre indicatif, pourraient, après réflexion et maturation, être mises en œuvre : 1-Prendre de toute urgence les mesures appropriées que requière la protection intrangisante du précieux patrimoine commun que constituent l'eau et la terre ainsi que des écosystèmes très fragiles. Il s'agira de mettre en application les dispositions de la Constitution et de la Loi d'orientation agricole de 2008 en vigueur, stipulant clairement que l'État assure l'utilisation rationnelle et protège les terres et également le domaine public hydraulique. C'est là, une évidence et une des missions régaliennes de l'État. Traduire concrètement ces dispositions constitutionnelles implique l'élaboration et la mise en œuvre d'une batterie de mesures ; juridiques et réglementaires, techniques et économiques pour lutter contre toutes les formes de destruction et de détournement de la vocation de ce patrimoine commun (sol et eau). Cette action primordiale passe indéniablement par la promulgation de toute urgence, de l'arsenal juridique et réglementaire qu'elle requiert de manière à mettre fin à l'impunité dont avaient bénéficié jusque-là les prédateurs, les spéculateurs et les destructeurs de ce patrimoine. Il est indéniable que l'éloignement définitif de ces malfaiteurs passe nécessairement et objectivement par la qualification de crime, tout acte de destruction, de détournement de vocation et de destination du foncier, ainsi que de la ressource en eau. Cela doit être accompagné, par la poursuite et la condamnation à de lourdes peines et d'amendes, tout auteur de ces crimes à l'instar de ce qui est envisagé pour sanctionner les spéculateurs des denrées alimentaires. Il est aussi attendu, un durcissement des procédures de déclassement des terres et de l'eau, actuellement en vigueur. 2- Engager résolument notre pays sur la voie de la décolonisation de notre agriculture qui passe nécessairement par l'élaboration et la mise en place d'un plan de culture structurant notre politique agricole qui doit objectivement, au regard des objectifs clairement affichés par la déclaration du premier novembre 1954 et réaffirmés par les différentes chartes nationales, viser la satisfaction des besoins alimentaires prioritaires et essentiels de notre peuple. Elle doit s'inscrire dans une démarche globale visant à soulager, voire guérir notre peuple des stigmates du colonialisme. Il faut garder à l'esprit que c'est cette promesse de décoloniser notre agriculture pour la mettre au service de tout le peuple qui avait, entre autre, fait lever tout le peuple pour mettre hors de nos frontières le colonialisme français barbare porteur de l'injustice, de la misère...Faut-il rappeler que le plan de culture élaboré et installé pendant la colonisation, nonobstant le fait qu'il avait modifié considérablement les écosystèmes et les paysages agricoles, avait été orienté pour satisfaire prioritairement les besoins complémentaires de la bourgeoisie métropolitaine en produits agricoles de qualité et ce au détriment de l'alimentation des indigènes spoliés de leurs terres et reclus dans la misère et la famine ? 3-identifier, évaluer et classer par ordre de priorité les produits agricoles essentiels de base dont a besoin la population, pour être pris en compte lors de l'élaboration du plan national de culture. Clairement, il s'agira d'œuvrer pour recouvrer graduellement notre modèle de consommation perverti par la colonisation dont la baguette parisienne en est le symbole, basé sur la consommation des produits du terroir. À titre indicatif la gamme de produits agricoles largement consommés par les ménages peut s'établir comme suit: les céréales (blé dur, blé tendre, orge, avoine), les légumes secs (pois chiche, lentille, fèverole), la pomme de terre, la tomate industrielle, les œufs, les fourrages, le lait,... 4-Élaborer et mettre en œuvre un plan national de culture axé essentiellement sur la production de produits retenus et reconnus prioritaires, produire les semences et plants des cultures classées stratégiques, en intégrant dans sa conception l'exploitation rationnelle des potentialités hydro-agricoles, l'introduction de l'assolement rotation approprié à chaque zone de production et l'application suivie des itinéraires techniques pour chaque culture. 5-Actionner les leviers dont disposent les pouvoirs publics, en l'occurrence l'eau, la terre, la réglementation, le financement, l'assistance technique pour amener les producteurs à adhérer et être partie prenante de ce plan de production d'intérêt général. Dans le sillage de ces actions déterminantes, il y a lieu d'envisager sérieusement l'élaboration et la mise en place d'un cahier des charges adapté aux exigences du plan de culture national que devront signer les bénéficiaires des terres du domaine privé de l'État et des éventuels adhérents au dit plan relevant du secteur privé. 6-Revoir nécessairement le système des subventions directes dont l'efficacité est sujette à quotient, souvent détournées de leur destination initiale et décriées car ne profitant pas aux petits paysans, véritable colonne vertébrale de l'économie agricole. Il est plus efficient et judicieux de privilégier les aides indirectes sous formes d'assistance technique et scientifique, de travaux de laboratoire, d'études, de formation, de garanties de l'État, couverture sociale pour les producteurs engagés au titre du plan national de culture,... que de subventionner des facteurs de production dont il est illusoire de vouloir contrôler leur utilisation. Il est absolument nécessaire que l'administration agricole distributive de subventions, se consacre résolument et définitivement à sa mission originelle d'appui technique à la production. Autrement dit, faire de façon à ce que le cultivateur ne se rende plus à un service agricole pour demander des subventions mais pour consulter un « médecin agricole » spécialiste pour l'aider à solutionner des problèmes agronomiques, à l'instar de ce qu'il fait avec son médecin. 7-Décréter la pomme de terre produit stratégique d'intérêt national au même titre que les céréales pour bénéficier des mêmes traitements et avantages de protection. Pour prendre en charge, en amont et en aval, le programme pomme de terre, les producteurs devront constituer des coopératives d'entraide et de services au niveau local avec lesquelles les pouvoirs publics dialogueront, via une union des coopératives, sur tout ce qui a trait à ce programme. Ces coopératives auront aussi à se doter de toute la logistique (matériels agricoles classique et spécialisé, matériel de transport, chambres froides et lieux de stockage détenus en toute propriété ou conventionnés, chaines de conditionnement,...). L'intérêt qu'il convient d'accorder à ce produit essentiel très prisé par la population, est dicté par le fait qu'il est consommé, sous différentes préparations, toute l'année. Produite en très grandes quantités (trois récoltes par an), la pomme de terre peut constituer indéniablement un moyen de réduire significativement la consommation des céréales et par conséquent les importations de ces dernières et dégager une production excédentaire conséquente susceptible d'être exportée. 8- Pour que notre population et les décideurs n'aient plus à subir les moments de stress et d'inquiétudes légitimes imposés par les spéculateurs de tout bord et autres acteurs malintentionnés, il devient impératif que les pouvoirs publics se réapproprient le monopole sur les produits alimentaires de base et édictent une réglementation stricte pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens. Pour ce faire, il y a lieu d'organiser sur des bases contractuelles des filières par produit, la production, la collecte, la régulation et la commercialisation et de s'appuyer sur un réseau de coopératives de services à créer. 9- Concernant les importations de produits alimentaires destinés à la transformation ou à la consommation en l'état, des intrants, des semences, des produits de traitement phytosanitaire et vétérinaire, des outillages et matériels agricoles... il doit être fait obligation aux importateurs de s'approvisionner exclusivement et directement auprès des producteurs et fabricants des produits autorisés à l'importation. Outre le fait que cette mesure atténuera le phénomène de la surfacturation et autres opérations frauduleuses, elle se traduira par la réduction des prix de cession des facteurs de production aux utilisateurs et des produits alimentaires aux consommateurs. 9- Engager les chercheurs pour mettre au point des produits de substitution aux importations d'intrants, de semences et plants, d'aliments pour élevages, de mettre au point des itinéraires techniques raisonnés et appropriés. Toutefois, force est d'admettre que ce socle de mesures structurelles peuvent s'avérer insuffisantes, si toutefois les mesures d'accompagnement, ne sont pas prises : - en direction des producteurs-acteurs du plan de production national qui doivent être motivés et confortés dans leur rôle d'acteurs économiques, d'un système coopératif d'entraide paysanne adapté pour jouer, entre autre, un rôle d'interface entre les producteurs et les services publics ; - pour mettre en place un réseau de laboratoires agro-pédologiques et de protection des écosystèmes, et d'un système de suivi et d'assistance techniques assurés par un personnel formé pour prendre en charge les préoccupations des producteurs, semer le progrès technique et éviter tout gaspillage ; - réaliser la refonte du système « statistiques agricoles » qui est à inscrire parmi les priorités en vue de donner aux planificateurs et aux décideurs des outils d'aide à la décision fiables ; - pour agir sur la croissance démographique, devenue tabou, qui, si elle n'est pas remise au centre des préoccupations de toute politique de relance économique, risque d'annihiler tous les efforts consentis pour réaliser l'incontournable double objectif : l'indépendance alimentaire et l'amélioration qualitative de la ration alimentaire. CONCLUSION La mobilisation des moyens de la nation en vue de réaliser dans les délais les plus raisonnables notre indépendance alimentaire, nous est dictée par notre histoire récente et la nécessité de mettre notre souveraineté à l'abri des dangers qui planent, telle une épée de Damoclès, sur nos approvisionnements en produits alimentaires de base et en intrants agricoles. Il ne faut surtout pas perdre de vue que l'arme alimentaire peut être activée à tout moment et que les effets induits par le réchauffement climatique touchant les zones de production rendront à l'avenir les importations de produits agricoles de base hypothétiques. Autrement dit, il se profile à l'horizon pas si lointain que ça, que même avec les devises que nous donnent nos infatigables « patriotes », en l'occurrence, HASSI MESSAOUD et HASSI R'MEL, des difficultés d'approvisionnement en produits alimentaires de base de la population. Et les multiples déclarations proférées par la porte-parole des nostalgiques de l'Algérie française et les principaux acteurs politiques de l'ancienne puissance coloniale, gorgées de haine et de fiel largement relayées par les médias français, à l'endroit de notre pays, de son peuple et de ses institutions, sont là pour nous alerter. Aussi, il ne faut jamais oublier que notre pays avait depuis l'indépendance fait l'objet de campagnes de dénigrement, de boycott et de chantage de toute sorte, destinés à provoquer le désordre et l'asphyxie . Ceci nous oblige donc à mettre tout en œuvre pour assurer notre pain quotidien fait à base de blé dur et d'orge bénéfiques pour la santé produits nécessairement localement. *Agronome |
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