«Bien malin
celui qui pourrait donner les chiffres exacts du chômage en Algérie »,
soutiennent des experts en se référant à l'économie informelle qui emploie des
dizaines de milliers de travailleurs sans qu'ils ne ressortent dans aucune
statistique officielle. L'argent en circulation dans les circuits informels,
estimé par le président de la République à 90 milliards de dollars, ne dort
pas, bien au contraire, il fait bouger toute une économie parallèle qui, de
toute évidence, ne peut pas fonctionner sans main-d'œuvre. Une main-d'œuvre non
déclarée et non quantifiée, bien sûr, qui ne peut figurer dans aucune
estimation quand on se penche sur le taux de chômage. L'équation est bien
complexe que les données officielles communiquées par les autorités, puisées de
déclarations statistiques émanant de sociétés publiques et privées en activité
dans le secteur légal, ainsi que les administrations. Les activités informelles
ont donné naissance en Algérie à des « chômeurs de luxe », sans travail bien
défini, qui se roulent les pouces à longueur de journée et qui engrangent des
pactoles en faisant tourner l'argent par-ci et par-là, parfois dans le domaine
de la spéculation et d'autres fois dans l'immobilier, la vente des devises et
tout ce qui est illégal. De quel taux de chômage parle-t-on alors ? Dans ce
contexte, le lancement prochain, au début de l'année 2022, de l'allocation
chômage destinée aux jeunes fait dire à certains experts que cela va
immanquablement faire exploser les chiffres du chômage, qui se situe aux alentours
de 11%, selon les chiffres de l'ONS datant de 2019. La crise sanitaire qui a eu
de graves répercussions sur le marché, a dopé déjà ce taux en 2020 et 2021,
touchant toutes les franges de la société, notamment les universitaires qui
constituent pas moins de 33% les demandeurs d'emploi au sein de l'Anem, selon le directeur général de l'Agence. Cela
permettra-t-il pour autant de dévoiler les chiffres réels du chômage ? C'est
une autre question qui va encore buter, inévitablement, sur l'activité informelle,
et cela ne répondrait pas vraiment à une recherche sérieuse sur le taux de
chômage en Algérie. Le taux de chômage va assurément exploser, puisque l'argent
de l'Etat que constitue cette allocation de chômage est à prendre par ceux qui
n'ont aucun boulot et ceux qui exercent des activités dans le secteur informel,
mais au bout du compte le calcul serait faussé par des paramètres impossibles à
recenser.
Enfin, il
ne s'agit là que de postulat, car il serait plus important d'étudier la
situation en l'état réel, après le lancement de l'allocation chômage. On ne
serait pas étonné de voir les chiffres du chômage se rétrécir après une
première explosion quelques mois après l'application de cette mesure, qui sera
accompagnée par certaines exigences, dont l'orientation des demandeurs vers des
postes de travail, qui ne seront pris que par ceux qui ont réellement besoin
d'un boulot, les autres, les chômeurs de luxe, qu'un salaire ne pourrait jamais
satisfaire, ne rejoindront sûrement pas leurs postes d'affectation et seront de
ce fait exclus du dispositif. D'autant que l'année 2022 connaîtra en parallèle
une meilleure situation sur le marché de l'emploi avec le lancement prévu de
tous les projets, du BTPH notamment, qui se trouvaient à l'arrêt depuis une ou
deux années, ainsi que sur le plan de l'investissement privé, qui ne manquerait
pas d'enregistrer une nouvelle dynamique avec l'application d'un nouveau cadre
législatif très encourageant.