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La participation de
l'Algérie à la conférence internationale sur la Libye qui s'est tenue hier à
Paris, si elle se voulait une affirmation du respect de ses autorités suprêmes
à «une volonté des frères libyens» pour qu'elle le fasse «activement», elle a
lieu en même temps dans une conjoncture où «nous assistons à la destruction du
Maghreb pierre par pierre».
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger avait, pour rappel, confirmé mercredi dernier, lors de la conférence de presse qu'il avait animée au terme de la rencontre des chefs de missions diplomatiques et consulaires à l'étranger qui s'était tenue pendant trois jours au Palais des nations de Club des pins, que la participation de l'Algérie à cette conférence se fera «sans la présence personnelle du président de la République(...)». Juste avant la fin de sa conférence de presse, il a été interrogé sur «ses atouts, ses craintes, ses appréhensions, ses assurances» en prévision, de cette conférence sur la Libye, du sommet arabe des chefs d'Etat, membres de la Ligue arabe prévu à Alger en mars prochain, du sommet des chefs d'Etat africains prévu «la première semaine de février prochain». Comme s'il voulait expliquer clairement les principales missions de la diplomatie algérienne au plan régional, continental et international, Ramtane Lamamra a répondu, «il est vrai qu'aujourd'hui la situation internationale est volatile, les fondamentaux sont bousculés pas seulement par des improvisations mais également par des remises en cause d'engagements, des positions utilitaristes plutôt que des positions basées sur des principes intangibles». Il est vrai aussi pour lui qu' «il y a des réactions expéditives dont les auteurs ne prennent pas la peine de se mettre dans une perspective historique à titre d'exemple, j'ai le regret de dire que nous assistons à la destruction du Maghreb pierre par pierre, alors que le destin de nos peuples aurait voulu qu'on construise et qu'on consolide.» Il explique que «quand je dis «on», je parle de ceux qui assument la responsabilité de cette destruction par omission et par commission». Il revient à l'histoire pour rappeler que «quand on construisait l'Union du Maghreb, ils n'honoraient pas leurs engagements, aujourd'hui, ils ont pris des décisions qui détruisent ce qui a été construit dans les précédentes années». «L'Algérie n'a aucune difficulté à s'exprimer ouvertement» Donc, enchaîne-t-il, «cette tendance utilitariste où la fin justifie les moyens et généralement la fin à courte vue, ce n'est pas une fin stratégique qui donne l'espoir aux peuples de la région et qui projettent un chemin peut-être difficile mais un chemin qui mène vers le renouveau de la pensée politique, philosophique dans notre région». Le chef de la diplomatie algérienne estime à cet effet que «nous pratiquons avec le président Tebboune une politique de principes, d'engagements, nous assumons des responsabilités de notre pays, nous le faisons avec un sens de la responsabilité, un sens de la solidarité et même un effort de compréhension pour ceux qui ont des intérêts différents des nôtres et qui ont tendance à exprimer des points de vue qui ne sont pas nécessairement dans le lexique des positions qui sont traditionnellement celles de l'Algérie, parce que nous sommes respectueux de l'indépendance des autres, nous soutenons le principe de l'égalité des peuples dans leur droit de disposer d'eux-mêmes, nous ne cherchons pas à imposer notre point de vue, nous voulons seulement que tous les auteurs soient aussi respectueux que nous du droit international, depuis la charte des Nations unies, l'acte constitutif de l'Union africaine, la charte de la Ligue des Etats arabes, et tous les documents de référence des organisations auxquelles nous appartenons». Il affirme alors que «l'Algérie n'a aucune difficulté à s'exprimer ouvertement de manière transparente sans arrière-pensées, nous sommes d'ailleurs une diplomatie très prévisible parce qu'il est permis à tout un chacun de deviner que dans certaines circonstances, nous agissons de telle manière à ce que nous n'improvisons pas nos réactions, elles sont plutôt fondées sur nos principes, sur notre histoire, sur nos engagements». Et, dit-il, «puisque j'ai l'immense privilège de représenter l'Algérie dans des enceintes internationales, il n'y a absolument aucune difficulté à nous exprimer sur des questions qui peuvent être gênantes pour d'autres mais elles ne le sont pas pour nous. Lorsque nous défendons des principes, nous le faisons loin de tout extrémisme, nous essayons de le faire d'une manière constructive, et comme nous devons cohabiter avec le reste des acteurs de la communauté internationale, avec des partenaires proches ou lointains, nous croyons aux vertus de la cohabitation pacifique, de la convivialité, du respect des uns et des autres et les intérêts légitimes des uns et des autres sont dignes de respect». Il affirme que «l'expansionnisme territorial, au même titre que le terrorisme d'Etat, que l'occupation illégale de territoires d'autrui, ne seront jamais acceptés par l'Algérie ici et ailleurs, à plus forte raison dans notre région et dans notre voisinage immédiat». L'unité de l'Union africaine «en péril» Il estime ainsi «que ce soit la réunion de la Ligue, arabe, de l'Union africaine, la conférence de Paris ou autre, nous sommes très très à l'aise». A propos du statut d'observateur d'Israël dans l'Union africaine, le chef de la diplomatie a noté que «(..), un courant majoritaire important s'est exprimé contre la décision administrative du président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, il s'est trouvé une petite dizaine de pays pour soutenir la décision en question et une autre dizaine pour dire c'est plus sage de renvoyer la question aux chefs d'Etat pour ne pas casser notre organisation au niveau des ministres des Affaires étrangères». Mais, «de quoi s'agit-il ?, a-t-il interrogé pour répondre «il s'agit d'abord et avant tout de respect d'un principe constitutionnel, le président de la commission - et nous l'avons dit et souligné publiquement - n'avait pas le droit de mettre en péril l'unité de son organisation sur une question politiquement sensible sans le bénéfice de consultations préalables(...), donc, c'est la mécanique institutionnelle qui est un facteur important, bien sûr un facteur aggravant quand il s'agit d'Israël dont le comportement n'est pas conforme aux buts et principes de l'Union africaine, parce que parmi les critères d'acceptation du statut d'observateur, il faut que le postulant à ce statut ait un comportement compatible avec les buts et principes de l'acte constitutif de l'Organisation, le droit à l'autodétermination, la non occupation de territoires par la force, l'obligation de régler pacifiquement les différends... Est-ce qu'Israël est en train de négocier avec les Palestiniens ? Non !, il ne le fait pas, il n'indique même pas son intention de le faire dans un avenir proche. Est-ce qu'il n'occupe pas les territoires palestiniens et syriens ? Mais si !». Alors, dit-il, «objectivement, le débat a produit ce qu'il devait produire, c'est-à-dire l'Afrique qui assume son histoire, je parle en particulier des pays africains qui ont eu la dure épreuve de la libération nationale par les armes, cette Afrique-là est justement fidèle à son propre histoire». Il assure que «l''Afrique du Sud, le Nigeria, la Namibie ont pris cette position non pas parce que l'Algérie les a convaincus - nous sommes toujours du même côté Dieu merci, nous sommes des alliés naturels si je puis dire, du fait de notre histoire, des convergences de nos positions -, mais parce qu'ils adhèrent aux même valeurs que nous». Pour lui, «ce n'était donc pas un problème qui divise les Africains, sauf qu'il y a des circonstances que tels pays -un petit groupe d'ailleurs- sont moins attachés à leur indépendance que nous autres». Il précise qu' «au niveau des pays arabes membres de la Ligue des Etats arabes qui sont également membres de l'Union africaine, tous, de la Mauritanie jusqu'en Egypte, ont été contre l'octroi du statut d'observateur d'Israël à l'exception du royaume du Maroc qui lui a mené campagne en faveur de ce statut, c'est ça les faits !, têtus !». L'Organisation «mise à rude épreuve» Et, continue-t-il, «même l'argument factice selon lequel certains pays africains ont des relations diplomatiques avec Israël, et par conséquent, ils vont accepter qu'Israël devient observateur, est faux !». Ses arguments «l'Egypte qui a un traité de paix avec Israël n'était pas d'accord que ce statut lui soit accordé, le Nigeria et l'Afrique du Sud ont des relations diplomatiques avec Israël mais ils ont pris une position de principe». Il en déduit que «lorsqu'on regarde les choses objectivement, on se réjouit qu'au sein de l'Union africaine il y ait un tel niveau de maturité, une telle réceptivité au bon sens, commun, politique, qui fait que nous défendons notre organisation continentale parce que nous voulons qu'elle soit indépendante, qu'elle continue à faire tout ce qui est possible pour promouvoir les intérêts légitimes des peuples africains». Des intérêts qui, affirme-t-il, «ne peuvent être promus de manière efficace que dans l'unité du continent et représentés par l'Organisation continentale, mais le reproche qui a été fait justement à Moussa Faki Mahamat, c'est d'avoir perdu de vue le fait que l'intérêt suprême de notre organisation c'est son unité qui a été mise à rude épreuve». Lamamra se veut optimiste en déclarant «nous comptons sur la sagesse collective de nos chefs d'Etat pendant le sommet de février prochain pour trouver la voie qui va permettre de protéger, préserver l'unité de notre continent et l'efficacité de notre organisation». Tout semble avoir été dit dans cette réponse qui ne comporte ni ambiguïté, ni ambivalence, ni équivoque tant le ministre pointe clairement du doigt le Maroc et Israël et montre en même temps que l'Algérie tient à mettre la communauté internationale face à ses obligations. C'est ce qu'il a voulu souligner en répondant à une question sur les circonstances de l'assassinant le 1er novembre dernier de trois ressortissants algériens suite au bombardant de leurs camions sur l'axe routier Nouakchott-Ouargla.»Selon tous les facteurs disponibles, il s'agit d'un acte délibéré de provocation contre l'Algérie, au mépris du droit international, il est clair que ces dernières semaines, il y a eu une volonté des autorités marocaines et de leurs alliés d'étendre le conflit militaire au-delà de la zone dans laquelle se produisaient les opérations militaires auparavant, autour et à l'intérieur du mur de sable.(...)». Lamamra indique que «si le SG de l'ONU et certains membres du Conseil de sécurité ont considéré les tentatives des Sahraouis de bloquer la brèche illégale d'El Guergarat comme obstruction du trafic commercial, en dépit du fait qu'elle soit située dans une zone tampon interdite à l'activité civile et militaire, ils doivent également appliquer cette doctrine sur les passages traversant les territoires sahraouis libérés vers la Mauritanie(...) où, dans cette fuite en avant de la part des autorités militaires marocaines, on utilise des armements sophistiqués pour les verrouiller et les bloquer». «Une résolution ni équilibrée ni suffisamment correcte» Ce qui, ajoute-t-il, «complique davantage la mission du nouvel envoyé personnel du SG de l'ONU et est plus ou moins encouragée par le côté marocain après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sur le renouvellement du mandat de la Minurso». Une résolution (2602) qui lui fait dire qu' «elle n'est ni équilibrée ni suffisamment correcte pour donner une chance à un processus de paix qui est mis à mal par la fuite en avant des autorités marocaines». Il soutient que «la position définitive de l'Algérie concernant l'assassinat de civils algériens par le Maroc n'est pas tributaire de la réaction des organisations internationales saisies suite à cet acte, mais relève plutôt de sa souveraineté nationale». Une position qui, précise-t-il, «demeurera indépendante et empreinte de transparence. Nous tenons quiconque, en quête d'informations, au courant des faits réels de ce grave cas de violation de la légalité internationale(...), contrairement à ceux qui n'assument pas la responsabilité de leurs actes». A une question sur la véracité des informations relayées sur une réouverture d'un poste frontalier entre les deux pays en vue de l'extradition, par le Maroc vers l'Algérie, de 12 personnes recherchées, dont 11 Algériens, poursuivies dans des affaires de trafic de drogue, il a répondu «franchement, je n'ai pas d'informations exactes à ce sujet et je doute qu'il y ait un aspect politique, si cette information s'avère juste aux plans humain et technique, cela n'a rien à voir avec les relations algéro-marocaines». Concernant l'action arabe, et tout en espérant que la visite du MAE émirati récemment à Damas contribuera «de manière positive à l'unification des rangs», Lamamra a affirmé que «l'Algérie estime qu'il est grand temps pour que la Syrie fasse son retour à la Ligue arabe, le siège de la Syrie doit lui revenir, sans aucune ingérence dans ses affaires internes». Autre souhait du chef de la diplomatie algérienne que «cette visite contribue à l'aplanissement des obstacles dans les relations entre la Syrie et d'autres pays arabes, pour que nous parvenions à l'objectif escompté,(...), il ne faut pas s'immiscer dans les affaires internes de ce pays, ni s'ingérer dans qui doit gouverner en Syrie, ni même dans les développements qu'elle connait. Nous n'avons eu de cesse de le dire: l'Algérie n'a jamais cautionné la suspension de la qualité de membre de la Syrie à la Ligue arabe. Nous ne pensons pas que cela avait permis d'améliorer la situation». Des démarches «ambitieuses et positives auxquelles aspire l'Algérie», selon Lamamra, au-delà que «l'Algérie demeure engagée en faveur de l'action arabe et commune et du soutien à la cause palestinienne(...), nous œuvrerons à ce qu'il y ait un consensus autour de la question syrienne (...), tout comme nous cautionnerons toutes les démarches visant à instaurer un nouveau climat apaisé, le renforcement de la solidarité, la définition d'un concept réel et constructif pour l'action arabe commune et la coexistence des opinions diverses». |
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